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Le bonheur est-il inaccessible à l'homme ?

Publié le 01/10/2004

Extrait du document

Examen de l'énoncé.

* Le bonheur: notion complexe où se mêlent des aspects contradictoires. L'étymologie amène à penser le bonheur comme un don de la fortune et comme un état passager non maîtrisable. La notion est pourtant définie comme un état durable de pleine satisfaction. De quelle nature est cette satisfaction ? Quelle y est la place du plaisir ?

* Inaccessible: à quoi l'on ne peut accéder, que l'on ne peut atteindre, comme un idéal où se projettent les phantasmes individuels et collectifs.

* Inaccessible à l'homme: il y aurait incompatibilité entre la condition de l'homme et l'accession au bonheur. Serait-ce du fait que l'homme ne peut maîtriser les conditions du bonheur ?

Reformulation.

Bien que le bonheur soit une aspiration partagée par tout homme, quelles raisons nous amèneraient à penser qu'il est inaccessible ? Quelle part faut-il donner à l'initiative de l'homme dans la poursuite du bonheur ? Et s'il est inaccessible, doit-on en faire la fin suprême de l'existence ?

 

Nous désirons tous vivre heureux. C'est même notre grand rêve, le dénominateur commun anime toutes nos occupations et toutes nos préoccupations. La force de cette aspiration à mener une existence épanouie est telle que l'on ne se pose pas, d'ordinaire, la question de savoir s'il nous est donné ou non de pourvoir y parvenir. On se focalise plutôt sur les voies et moyens.

Mais, ce désir de tous les désirs se heurte immanquablement à la triste et brutale réalité. De fait, les difficultés que nous rencontrons sur le chemin de la vie peuvent être considérables au point de paraître insurmontables. Faut-il, alors, désespérer du bonheur?

Réfléchir sur la question du bonheur c'est ainsi se confronter au problème de savoir si nous disposons de ressources véritables pour franchir le fossé qui sépare le rêve de la réalité.

 

« « Le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination,fondé uniquement sur des principes empiriques.

» KANT. Le philosophe allemand KANT a déjà rédigé son premier grand livre demétaphysique (ou plus exactement de critique de la métaphysique), « Critiquede la raison pure » (1781), lorsqu'il entreprend une première approche de lamorale avec les « Fondements de la métaphysique des moeurs » (1785) quiprécéderont de trois ans son grand ouvrage sur la morale : « Critique de laraison pratique » (1788).On connaît le résultat de cette critique de la métaphysique : sur les questionsde l'âme (le sujet profond de notre expérience interne), du monde (le toutcomplet de la réalité, objet de notre expérience externe), et de Dieu(considéré comme fondement suprême de la totalité des êtres), nous nepouvons que nous livrer à des spéculations métaphysiques qui dépassent leslimites de l'expérience effective possible.

Un savoir métaphysiquetranscendant, portant sur la réalité non sensible (les noumènes), estimpossible.

Voilà ce que révèle la démarche critique, qui s'interroge sur lesconditions a priori de possibilité de la connaissance.

Une fois ce travailaccompli, KANT cherche à appliquer cette même méthode critique à la morale,en s'interrogeant cette fois sur les conditions de possibilité de l'action morale.C'est cette investigation qui fait le contenu des « Fondements de lamétaphysique ».

Et passant en revue les thèmes traditionnels de la philosophie morale, KANT ne manque pas derencontrer la question du bonheur et, dans la deuxième section de l'ouvrage (« Passage de la philosophie moralepopulaire à la métaphysique des moeurs »), de mettre fortement en question cette notion en la rattachant non à laraison , mais seulement à l'imagination : « Il n'y a pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strictdu mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination,fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendrait vainement qu'ils puissent déterminer une actionpar laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquences en réalité infinie.

» « Un impératif qui puisse commander...

» Ceci ne prend pleinement sens qu'à l'intérieur du système de KANT.

On saitque pour lui, dans la nature, toute chose agit d'après des lois.

Mais notre monde humain n'est pas seulement celuide la nature, il est bien plus spécifiquement celui de la culture.

Les hommes ne sont pas des choses, mais des êtresraisonnables, qui n'agissent pas tellement sous la pression des contraintes de la nature mais bien plutôt selon leurvolonté.

Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont la capacité d'agir selon des principes, selon lareprésentation qu'ils se font de ce qui est raisonnable.

Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à deslois, mais en tant qu'êtres de culture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et quisont conformes à la raison.

Le malheur de l'homme tient à ce qu'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'iln'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien.

Entre la loi et lui (cad sonvouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs.Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques.

A chaque fois, ils'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant laquestion de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonne ou non.

Ou bien cette action est bonne comme unmoyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelle est déterminé l'action)est un impératif hypothétique.

Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire parelle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique.Le détour par cette grille conceptuelle est nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans le systèmede KANT.

Il faut savoir aussi que KANT distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il appelle «problématiques » (se rapportant à une fin seulement possible) et ceux qu'il appelle « assertorique » (se rapportant àune fin réelle).

En effet ,il dit : « Il y a une fin que l'on peut supposer réelle chez tous les êtres raisonnables, [...] unbut qui n'est pas pour eux une simple possibilité, mais dont on peut certainement admettre que tous se le proposenteffectivement en vertu d'une nécessité naturelle, et ce but est le bonheur.

L'impératif hypothétique qui représentela nécessité pratique de l'action comme moyen d'arriver au bonheur est ASSERTORIQUE.

»L'impératif qui commande les actions à accomplir pour atteindre le bonheur n'est pas un impératif catégorique, maisseulement un impératif hypothétique : « L'impératif qui se rapporte au choix des moyens en vue de notre bonheurpropre, cad la prescription de la prudence, n'est toujours qu'hypothétique ; l'action est commandée, non pasabsolument, mais seulement comme moyen pour un autre but.

»Mais il y a un impératif qui ne se propose pas comme condition un autre but à atteindre.

Un impératif qui concerne «non la matière de l'action, ni ce qui doit en résulter, mais la forme et le principe ».

Cet impératif est catégorique.

«. »

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