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Une connaissance certaine est-elle impossible ?

Publié le 28/09/2004

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 Au premier abord, cette question semble étonnante. En effet, une connaissance certaine est une croyance vraie qui est tellement bien légitimée – par des arguments, des expériences, … – qu’il semble que personne ne puisse admettre la croyance opposée : j’ai la certitude que la sphère n’a pas de sommets parce que sinon elle ne serait pas une sphère. Or s’il y a bien un point commun entre toutes les sciences, c’est qu’elles cherchent à acquérir, à propos de leur objet, des connaissances aussi assurées. Lorsque l’on veut prouver quelque chose à quelqu’un, on fait d’ailleurs souvent référence à des études ou des recherches scientifiques pour appuyer son point de vue, comme si la science était une autorité qui certifiait du caractère certain de ce que l’on avance. Il semble que non seulement une connaissance certaine est scientifique, mais que toute connaissance scientifique est certaine.

  Cependant, le simple fait que les sciences aient une histoire, qu’il y ait une évolution des sciences, et un bref examen de cette histoire des sciences, montrent que les connaissances scientifiques sont en perpétuel changement. En effet, les sciences sont des ensembles de théories, c’est-à-dire de lois universelles reliant des phénomènes concrets, et la découverte de nouveaux phénomènes ou la formulation de nouvelles lois viennent contredire et dépasser les théories plus anciennes. A la différence des croyances de la foi, que rien ne semble pouvoir ébranler, les connaissances scientifiques ne sont scientifiques que parce qu’elles sont très sensibles à l’expérience et aux nouveautés conceptuelles. L’existence même de quelque chose comme un progrès scientifique suppose que les connaissances scientifiques deviennent rapidement caduques. Cela veut-il dire qu’elles ne sont plus certaines puisque l’on peut admettre d’autres connaissances ? N’y a-t-il pas une robustesse épistémique de ces connaissances, c’est-à-dire une permanence qui fait qu’elles restent vraies même après leur dépassement par de nouvelles connaissances ?

  Le problème à traiter ici concerne donc la nature et le sens des connaissances scientifiques : s’agit-il de connaissances dont l’essence réside dans le degré de croyance que l’on doit leur créditer ?  Peut-on attendre de l’activité scientifique un savoir stable et assuré sur les objets du monde qui nous entoure ?

« parties, cela est impossible selon Popper.

Par contre, elle suppose que selon le modus ponens (si p implique q et non-q, alors non-p) si une des conséquences de la théorie est fausse, toute la théorie l'est aussi.C./ On peut donc dire que les seules théories qui sont encore en vigueur sont les théories qui ont survécu àl'ensemble des tests empiriques, mais qui pourraient, un jour, être réfuté par l'un d'entre eux.

Lorsqu'une théorie estréfuté par des faits expérimentaux, alors apparaît une nouvelle théorie qui a à charge d'expliquer l'ensemble des faitsqu'expliquait la théorie précédente tout en s'appuyant sur de nouveaux concepts fondamentaux et de nouvelles loisuniverselles pour englober les faits qui ont réfuté l'ancienne théorie.

Mais cette nouvelle théorie doit elle aussipouvoir subir le même sort si elle veut être scientifique.

Ce qui caractérise donc la connaissance théoriquescientifique, c'est son caractère précaire, c'est-à-dire le fait qu'elle doit toujours pouvoir être dépassée par unenouvelle théorie.

En raison du progrès scientifique, la connaissance théorique que fournit la science ne semble doncpouvoir être certaine et scientifique en même temps.

La certitude est donc bien au cœur de la définition de la connaissance scientifique, mais en tant que l'on ne peutjamais l'attribuer à ces connaissances, puisque les sciences n'évoluent qu'en détruisant leurs connaissancesantérieures.

Mais si l'on se penche sur le mouvement de progrès des sciences, on se rend compte qu'en réalité, sicertaines connaissances sont détruites, d'autres sont conservées.

N'y a-t-il pas alors une certaine forme decertitude dans la connaissance scientifique ? III./ La dialectique du progrès scientifique et la certitude qu'elle procure.

A./ Que se passe-t-il lorsqu'on passe d'une théorie à l'autre ? Avec Galilée, la physique prend la forme d'unescience mécaniste, où la seule interaction se fait sur le mode du choc, et où tout référentiel est relatif.

AvecNewton, elle prend une forme dynamique, où interviennent des forces attractives qui se déploient dans un espace-temps absolu.

Avec Einstein, elle devient relativiste, sans espace ni temps absolus, et sans forces mais avec unespace-temps qui se courbe selon les masses en présence.

Chaque théorie semble venir contredire la précédente.Mais en réalité, quelque chose perdure.

Dans la théorie galiléenne, le principe d'inertie stipule qu'un corps mis enmouvement continue son mouvement tant qu'il ne rencontre pas la résistance d'autres corps.

Dans la physiquenewtonienne, la troisième loi de la dynamique stipule que la somme des forces sur un corps est égale à la masse parl'accélération de ce corps, c'est-à-dire sa variation de vitesse : on retrouve le principe d'inertie comme casparticulier de cette loi pour une somme de forces égale à zéro.

Dans la physique einsteinienne, l'accélération dépendde la somme des forces additionnée à la vitesse du corps divisée par la vitesse de la lumière : pour tous les cas oùla vitesse des corps est beaucoup plus petite que celle de la lumière, on retrouve la troisième loi de Newton.B./ Ainsi, s'il y a bien une négation des théories entre elles, elles sont aussi chacune des extensions desprécédentes que l'on peut retrouver comme cas particulier des nouvelles théories.

Ce mouvement qui concilienégation et reprise est appelé par Gilles-Gaston Granger, dans son article « épistémologie » de l' Encyclopedia Universalis , la « dialectique interne du progrès scientifique.

» Une théorie scientifique nie les fondements conceptuels de celles qui la précèdent mais reconstruit, à partir de ses propres concepts et de son propreformalisme mathématique, le contenu de ces anciennes théories.

Or qu'est-ce que ce contenu qui perdure ? Unensemble de connaissances.

La spécificité de la science, par rapport à d'autres formes culturelles, est de pouvoir,tout en connaissant une évolution qui voit des ensembles théoriques ou pratiques se substituer les uns aux autres,connaître une continuité qui va vers un élargissement, une généralisation, c'est-à-dire un progrès.

Lesconnaissances qui ne sont pas éliminées dans ce progrès sont dotées d'une certaine « robustesse épistémique »,c'est-à-dire qu'elles ne sont pas vraies uniquement dans le cadre historique et théorique qui les a vu naître, qui leurfournit un haut degré de certitude, même si elles ne dépendent pas de cette certitude pour être des connaissancesscientifiques.

Ce n'est donc pas la certitude qui fait de connaissances des connaissances scientifiques, mais le progrèsscientifique, lui-même qui est censé en réalité anéantir cette certitude naïve que nous avons en les véritésscientifiques.

On peut même affirmer que la certitude des connaissances scientifiques ayant subi l'épreuve desexpériences confirmantes et infirmantes est bien supérieur à la certitude attachée aux connaissances qui n'ontjamais été mises à l'épreuve ni subi de reformulation au sein d'autres théories.. »

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