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La connaissance scientifique dissipe-t-elle la superstition?

Publié le 08/02/2005

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Dans sa Loi des Trois États, Auguste Comte montre comment la connaissance humaine finit par accéder au stade positif ou scientifique. Doit-on en déduire qu'une fois parvenu à cet état « final «, l'esprit abandonne totalement ses attitudes antérieures? Malgré tous les problèmes qu'elle rencontre au XXe siècle, on sait bien que la foi religieuse n'a pas disparu. Il serait donc a priori surprenant que toute superstition soit dissipée par la connaissance scientifique.

I. Fondements de la superstition

- Elle s'appuie sur un ANIMISME: Croyance qu'ont en commun les sociétés dites primitives, les enfants et les névrosés. Elle consiste à attribuer une âme aux phénomènes naturels, et cherche à les rendre favorables par des pratiques magiques (rituels religieux ou névrotiques), animisme diffus qui prête intentions et pouvoirs à une multiplicité d'êtres et d'objets : influence des planètes, des nombres, de la couleur des animaux ou des fleurs...

- Elle établit donc des causalités complexes entre des ordres d'existence qui, du point de vue rationnel, n'ont pas de relations. - Elle suppose une « complicité « ou du moins la possibilité de contacts efficaces (dans un sens plus magique ou spirituel que matériel) entre un sujet humain et l'univers des choses, dont certaines le concerneraient plus particulièrement.

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« à travers des événements perçus comme aléatoires.

D'abord simple jouet de cette histoire, voire de moyen sacrifié àl'effectuation de ses lois inéluctables, l'homme n'en est pas moins destiné à en saisir le sens ultime le jour oùs'instaurera le règne de la liberté, de la concorde, ou de la moralité, de la paix et de la raison.Téléologie et théologie.- Caractère téléologique de cette perspective (histoire orientée vers un télos (une fin dont la vérité est inscritedans l'origine), voire eschatologique ou messianique; notion de progrès, héritée des Lumières, couplée à celle del'expiation d'une faute.- En deçà des Lumières, référence à la théodicée de Bossuet {Discours sur l'histoire universelle, 1681 ).- Philosophie de l'histoire de Kant : « L'histoire de la nature commence par le Bien, car elle est l'oeuvre de Dieu ;l'histoire de la liberté commence par le Mal, car elle est l'oeuvre de l'homme» (Idée d'une histoire universelle au pointde vue cosmopolite).- Hegel : la raison dans l'histoire; sous « l'apparence bariolée des événements» qui ponctuent la vie des peuples, àtravers les passions des hommes et la contingence des particularités, c'est la raison qui gouverne le monde.

«L'histoire universelle n'est que le phénomène de cette raison unique» : elle n'est pas le résultat de l'action exercéepar des individus particuliers, mais à l'inverse s'accomplit elle-même dans la volonté de ceux-ci.

« L'esprit en marchevers une nouvelle forme est l'âme interne de tous les individus ; il est leur intériorité inconsciente que les grandshommes portent à la conscience ».

Thèse de la ruse de la raison : la raison « laisse les passions agir à sa place ; ensorte que c'est par quoi elle accède à l'existence qui subit perte et dommage.

» - Marx et Engels (le « matérialisme historique »).« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement,dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions données ethéritées du passé.» (Marx, Le 18brumaire).Sur la liberté des hommes dans le communisme : « Les lois de leur proprepratique sociale qui jusqu'ici se dressaient devant eux comme des loisnaturelles, étrangères et dominatrices, sont dès lors appliquées enconnaissance de cause, et par là dominées.

La vie sociale propre auxhommes, qui jusqu'ici se dressait devant eux comme octroyée par la nature etl'histoire, devient maintenant leur acte propre et libre.

» (cf.

Engels)L'analyse de l'événement politique : « la grande mesure sociale de laCommune, ce fut sa propre existence et son action » (Marx, La Guerre civileen France).TransitionLes limites de ces conceptualisations sont celles de toutes les philosophies del'histoire : singulièrement le providentialisme hégélien et sa variantesécularisée chez Marx promettent aux hommes le règne de la liberté et l'accèsà une conscience souveraine, mais condamnent au préalable les individussinguliers à traverser une longue période où, séparés d'eux-mêmes, ils sontimpuissants à se retrouver dans ce qui leur arrive ; l'aliénation hégélienne etl'affirmation de Marx selon laquelle l'histoire «avance par le mauvais côté» (LaSainte Famille) désignent l'épreuve d'une souffrance que l'histoire rachète, à son terme, en apportant aux humains le salut : cette tâtonnante progression est le prix à payer pour que l'histoireenfin arrive par l'homme.

De surcroît, échec historique de ces conceptions : (implosion du communisme, barbarienazie), d'où nécessité de penser autrement l'homme et l'histoire en modifiant la compréhension du rapport quis'instaure entre eux dans l'événement. Deuxième partie L'événement en lui-même porteur de vérité et l'individu, sujet de l'événement. 1.

C'est l'être humain qui donne son sens à l'événement.Il s'agirait de substituer à une conception de l'événement qui reçoit son sens d'une anticipation de la fin de l'histoire,une approche qui, sans faire l'impasse sur la dimension du futur constitutive de l'être humain, considère lesévénements vécus par celui-ci dans leur caractère de surgissement, et comme porteurs d'une vérité à laquelle il netient qu'à lui d'accéder.

Le XXe siècle fut le siècle du marxisme, mais ce fut celui des révolutions avortées et deslendemains qui déchantent ; il est encore le siècle de la psychanalyse, c'est-à-dire celui d'une théorisation inéditedu psychisme humain qui ne permet plus de se satisfaire d'une conception purement philosophique de l'inconscient,et qui a mis au point une pratique favorisant une tout autre modalité de la prise de conscience : celle-ci est l'affaired'un sujet singulier et non de l'humanité abstraite ou d'un sujet collectif (le prolétariat) ; elle est possible dans lemouvement propre d'une existence individuelle au lieu qu'auparavant elle était annoncée pour d'autres homme d'unautre temps. 2.

L'événement qui affecte l'homme du dehors est ce par quoi il se décide au-dedans.Restituer à l'individu ses droits, penser autrement ce qui lui arrive et ce qui par lui arrive, c'est aussi renoncer, sansdoute définitivement, à l'ancienne opposition, encore tenace, entre une histoire singulière par essence négligeableet une histoire collective désignée comme la seule effective : « le collectif n'est rien d'autre que le sujet del'individuel », écrit Lacan.

Penser l'événement comme ce qui arrive à l'être humain en tant qu'il est constitué par sonrapport à d'autres êtres humains oblige aussi à considérer autrement l'intériorité de l'homme et l'extériorité del'histoire : celle-ci ne se confond pas avec « l'intériorité inconsciente » du sujet, ni ne coïncide avec un mouvementqui, du dehors, enveloppe le dedans du psychisme.

L'événement serait ce qui, arrivant à l'homme, et l'affectant. »

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