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La connaissance de soi peut-elle être sincère ?

Publié le 31/01/2004

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■ Une idée communément reçue. Il faut se connaître : « Connais-toi toi même «, tel était la maxime gravée sur le fronton du temple de Delphes, et Socrate fit une des conditions de l'attitude philosophique. ■ Le problème. Cependant, la question se pose de la possibilité même de véritablement se connaître soi-même. En effet, dans la connaissance de soi, c'est le même être qui est à la fois le sujet connaissant et l'objet de la connaissance, c'est-à-dire qu'il est dans ses jugements sur lui-même à la fois juge et partie. Dans ces conditions, on peut se demander deux choses : d'une part si une telle connaissance peut être sincère en ce sens qu'elle serait vraie c'est-à-dire objective ; et d'autre part si elle peut être sincère en ce sens qu'elle répondrait à une réelle volonté du sujet de connaître la vérité sur lui-même, à un authentique désir d'accepter et de manifester cette vérité. 
Les mots clés de cet énonce sont "connaissance", "soi" et "sincère". La "connaissance" désigne à la fois l'acte de connaître, et l'objet connu. L'idée de connaissance est liée à celle de vérité : le contenu de toute connaissance pourra en effet toujours être jugé vrai ou faux par rapport à son objet, et la volonté de connaître implique celle de distinguer le vrai du faux. Cependant, on ne demande pas ici si la connaissance de soi peut être vraie, mais si elle peut être sincère. Le Dictionnaire relève trois sens du mot "sincère" : 1) «Qui exprime ses véritables pensées, ses véritables sentiments (sans les déguiser)«. En ce sens on dit "être sincère avec soi-même". 2) «Réellement pensé ou senti«. En ce sens on parle d'une "amitié sincère" ou de "sincères condoléances". 3) «Non altéré, non truqué«. En ce sens on parle d' "élections sincères". On voit donc que l'idée de sincérité est plus large que celle de véracité. La véracité n'est qu'une partie de la sincérité : celle-ci exige en effet la vérité, non seulement dans les paroles, mais aussi dans l'attitude et les sentiments intérieurs. Nous pouvons énoncer une vérité sans être sincères, dès lors que nous n'adhérons pas à la vérité énoncé, c'est-à-dire que cette vérité n'est pas une vérité pour nous-mêmes. Enfin, il convient également de s'interroger sur ce qu'on entend par connaissance de "soi" : est-ce la connaissance de sa conscience ? de son inconscient ? de son caractère ? de sa nature ? de son corps même ?
  • I) La connaissance de soi peut être sincère.
a) La connaissance de soi est le fondement de toute quête du vrai. b) Se connaître soi-même, c'est pouvoir se représenter. c) L'introspection peut être lucide et totale.
  • II) La connaissance de soi ne peut pas être sincère.
a) La connaissance de soi est impossible. b) La connaissance de soi est toujours le jouet d'illusions.
.../...

« [C'est ne pas être sincère que de prétendre que l'on peutsincèrement se connaître soi-même.

Pour cela, il faudraitpouvoir sortir de soi.

Or, même lorsqu'on se met à distance de soi-même, on demeure toujours soi.] Pour Auguste Comte (1798-1857), la connaissance de soi-même ne peut en aucun cas être sincère puisqu'elleest impossible.

En effet, dit livrer.» Comte, l'étude d'un être, d'une passion ne peut se faire que du dehors.

Ily a incompatibilité entre le fait d'observer et le fait de penser, d'éprouver des sentiments, des passions.«L'individu ne saurait se partager en deux, dont l'un raisonnerait, tandis que Vautre regarderait raisonner»(Cours de philosophie positive).

Autrement dit, je ne peux pas être en même temps l'objet de l'observation etl'observateur. « Je est un autre », écrivait Rimbaud, et il est vrai que l'expérience de la conscience consiste souvent àéprouver la différence entre soi et soi, par une sorte de dédoublement.

Sur le plan moral, nous sentons ainsil'opposition entre le moi égoïste, celui qui ne connaît que ses pulsions, et la personne sociale, ou surmoi, quirespecte scrupuleusement les conventions et les lois.

Ce second moi en est-il du reste encore un, ou n'est-ilau fond que l'intériorisation de la société, avec son côté arbitraire et dictatorial ? Dans lequel des deux « moi» reconnaissons-nous le mieux notre identité ? L'inconscient, qu'on ne peut, par définition, connaître directement, semble pourtant se révéler à nous.

Maisses multiples manifestations ne semblent pas toutes désirables.

Est-il possible de les maîtriser, et n'est-ce paslà la fonction de la conscience ? N'est-ce pas aussi le but de l'éducation, qui serait en un sens une accessionà la conscience ? On se demande toutefois si une telle maîtrise de soi s'accomplit vraiment pour soi, ouseulement pour autrui, comme contrainte limitative de la personnalité.

Quoi qu'il en soit, la conscience sembletout entière occupée à choisir, à décider entre les tendances, les désirs ainsi que les motifs rationnels.

Est-elle le véritable moi ? Est-elle vraiment autonome ? Être conscient, c'est d'abord être affecté par quelque chose, aussi la conscience peut-elle apparaître commeessentiellement réceptive, voire passive.

La conscience est-elle libre, ou déterminée ? La conscience signifie-t-elle l'acceptation résignée de l'ordre des choses, ou se définit-elle au contraire par sa capacité à letranscender, voire à le refuser ? Se définit-elle dans la soumission ou dans la révolte ? Paradoxalement, le faitde prendre conscience de sa propre impuissance peut aussi signifier être libre.Connaître le bien et le mal, être capable d'en juger, est aussi du ressort de la conscience.

Jugeons-nous entoute indépendance, ou sommes-nous influencés par notre éducation ? De plus, ce qui est bien pour l'un l'est-il nécessairement pour l'autre ? Et s'il s'agit avant tout de soi, ne faut-il pas se connaître, pour savoir ce quiest bien pour soi ? La conscience semble se distinguer de la raison, non pas parce que la raison pourrait exister sans conscience,mais parce que la conscience ne se limite pas à la rationalité : les sensations, les émotions, les opinions plusou moins fondées, l'intuition, sont des phénomènes de la conscience.

Ce qui fait l'identité irréductible d'unsujet semble plutôt se trouver du côté de la conscience, avec l'ensemble de son vécu, que de la raison, plusobjective, par laquelle la personne ne diffère nullement d'une autre.Si la conscience enregistre les sensations, elle est aussi capable de prendre de la distance avec elles, dedistinguer ce qui relève du moi et ce qui relève du monde.

Elle représente ainsi un moyen privilégié d'accès auréel. L'idée d'un inconscient psychique pose deux types de problèmes.

D'abord la conscience peut paraître, non pasle lieu d'une révélation ou d'une vérité, mais au contraire la source de l'illusion.

Prendre conscience pourraitsignifier se tromper sur soi-même et sur les choses.

D'autre part, l'hypothèse d'un inconscient dominateurnous conduit à mettre en question la liberté humaine, l'autonomie individuelle, si tant est que celle-ci ait sonsiège et sa garantie dans la conscience seule.

La conscience est-elle capable de porter un jugement critiquesur elle-même, de s'interroger ? Sans doute plus que l'instinct, et ce pouvoir de délibération ramènerait laliberté du côté de la conscience. Qu'est-ce que le sujet, l'individu ? Peut-on réellement définir ce qui ne change pas, ce qui reste immuabledans un être, au-delà de toutes les modifications que le temps et les circonstances ont apportées ? Cesmodifications ne constituent-elles pas de surcroît cet être dans son existence actuelle ?. »

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