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Si la connaissance de soi est utopique, devons-nous pour autant y renoncer ?

Publié le 03/02/2004

Extrait du document

Un sujet très complexe, qui vous invite à réfléchir sur les multiples voies d'accès à la connaissance de soi et sur les enjeux de cette connaissance.

CONSEILS PRATIQUES

Se connaître, pour quoi, dans quel but ? Comment renoncer à un projet qui accompagne toute la réflexion occidentale ? N'est-ce pas se mutiler que de s'ignorer ? Se connaître pour mieux maîtriser la vie, tel est l'enjeu.

Problématique:

Si la connaissance de soi est utopique devons-nous pour autant y renoncer ? Le sujet est curieusement formulé, car il prend le terme d'utopie dans le sens commun d'illusion vaine, ou de chose impossible à réaliser, ce qui est inhabituel en philosophie. Reformulation proposée : La connaissance de soi est un idéal impossible à atteindre, devons-nous abandonner l'espoir de nous connaître ?

  • I) La connaissance de soi est bien réelle

a) Le rôle de la conscience (Descartes) b) Le rôle de la mémoire (Locke) Transition : mais justement, peut-on vraiment faire confiance à notre conscience et à notre mémoire pour nous dire qui nous sommes réellement ? ...

  • II) la connaissance de soi est utopique

a) La position sceptique et le devoir de renoncer (Hume) b) L'hypothèse de l'inconscient et l'impossibilité de renoncer (Freud) Transition : Cependant l'existence même de la psychanalyse et le rôle qu'elle se donne de faire émerger de l'inconscient une partie de ce qui s'y cache montre que si la connaissance totale de soi est impossible, on ne peut pour autant y renonce, sinon les divans seraient vides depuis longtemps ! Mais au-delà même de l'impossibilité d'y renoncer, n'y a-t-il pas un devoir de ne pas abandonner cette tâche ?

  • III) Valeur de l'utopie

a) Le besoin de se connaitre b) Le devoir de se connaitre

« révolutionnaire » à l'époque, interprète l'inscription dans un sens philosophique.

C'est une invitation à mettre àl'épreuve les opinions reçues que nous prenons pour des connaissances assurées.

Il s'agit de traquer l'ignorance quise prend pour la science, comme le fait Socrate dans certains dialogues de Platon.

C'est le sens socratique de lamaxime : c'est l'acte de naissance de la philosophie. 2) L'homme est obscur à lui-même " L'homme est obscur en lui-même; cela est à savoir.

Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le termed'inconscient.

La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre Moi; un Moi qui a sespréjugés, ses passions et ses ruses, une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller.

Contre quoi il faut comprendrequ'il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je.

Cette remarque est d'ordre moral.

Il ne faut point sedire qu'en rêvant on se met à penser.

Il faut savoir que la pensée est volontaire...

On dissoudrait ces fantômes ense disant simplement que tout ce qui n'est point pensée est mécanisme ou, encore mieux, que ce qui n'est pointpensée est corps, c'est-à-dire chose soumise à ma volonté, chose dont je réponds.

Tel est le principe du scrupule...L'inconscient est donc une manière de donner dignité à son propre corps, de le traiter comme un semblable; commeun esclave reçu en héritage et dont il faut s'arranger.

L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie ducorps.

On a peur de son inconscient; là se trouve logée la faute capitale.

Un autre Moi me conduit qui me connaît etque je connais mal.

L'hérédité est un fantôme du même genre.

"Voilà mon père.

qui se réveille; voilà celui qui meconduit.

Je suis par lui possédé..."En somme, il n'y a pas d'inconvénient à employer couramment le terme d'inconscient: c'est un abrégé dumécanisme.

Mais, si on le grossit, alors commence l'erreur; et bien pis, c'est une faute." ALAIN. Fortement inspiré de la métaphysique cartésienne et de la morale kantienne, Alain souligne le caractère subversif dela notion d'inconscient freudien.

En ce qu'elle concourt à la démobilisation, à la fuite de nos responsabilités face à lasphère éthique.

En effet, au nom de la liberté humaine, le philosophe humaniste ne saurait accepter qu'unmécanisme corporel (ressortant de la chose étendue) vienne se substituer en lieu et place de l'activité rationnelledéfinie comme lucidité et maîtrise de soi.Mais, cette prééminence redonnée à la sacro-sainte volonté humaine, doit-elle impérativement passer par un refuspéremptoire de l'inconscient? La psychanalyse n'est-elle pas dans sa démarche thérapeutique, une forme derenforcement de la conscience aboutissant à une prise de conscience éclairée, raffermie de ses désirs, de son agir ,...

, de soi?Trois paragraphes scandent cet extrait des « Eléments de Philosophie ». Dans le premier, Alain définit l'homme par le libre arbitre et revoit l'inconscient à un processus physiologique.

Ensuite,st souligné le vice moral inclus dans l'hypertrophie accordée aux instincts du « ça ».

Et, le dernier paragrapheréaffirme la fin de non-recevoir accordée à ce qu'Alain nomme le « diabolique conseiller ». En exorde du texte, Alain corrobore la vision freudienne d'une opacité d l'âme, d'un désir romantique de dévoilerl'irréductible mystère humain.

L'être ne se livre pas d'emblée, il s'agit de le découvrir dans son infinie complexité.

Et,c'est à cette recherche qu'Alain va nous convier dans ce qui succède.En effet, le terme d'inconscient défini comme étant un domaine échappant à la conscience, recèle un caractère à lafois émigmatique et séditieux en ce qu'il véhicule certaines méconduites au sein de la sphère éthique.

Mais, Alaincommence déjà par dégager l'erreur (gnoséologique) avant la faute (morale).La plus grave de ces représentations fallacieuses consiste à diviser notre psychisme, à superposer deux sujets, l'unconscient, l'autre inconscient.

Dès lors, ce dernier se trouve substantifier, transformer en une deuxième puissance,satanique et maléfique.

Ce second moi ou second sujet pensant est censé nous égarer, induire en nous despréjugés, des pensées antérieures à toute réflexion: nous serions « pensés » en même temps que « pensée », « agis» plutôt qu' »agent ».

En somme, l'inconscient ne serait qu'une chimère diabolique en ce que notre volonté et notredestin lui seraient assujettis.

Ces quelques lignes ne sont pas sans nous faire songer au mythe de Faust pactisantavec le diable.

Ce Faust des temps modernes serait selon Alain, Freud et sa répartition tripartite du psychisme ença, moi et surmoi. Dans la seconde partie du paragraphe, Alain montre comment il faut se prémunir de l'erreur freudienne: en soulignantl'unité d'un moi volontaire et en dissolvant l'inconscient dans le corps.Notre psychisme doit être conçu comme une seule et même substance et non comme un mixte hétérogèned'éléments.

Car, refuser la division du « Je pense », c'est déjà pénétrer dans la sphère morale, c'est considérer qu'iln'est de pensée qu'au niveau d'un choix libre et réfléchi.

Conséquemment, l'activité onirique se trouve relayer à unsimple déferlement d'images subies et incohérentes.

La passivité de la raison induit la non-pensée, car durant lesommeil, la conscience, en état de relâchement, est assaillie par des représentations absurdes de nature corporelle.En revanche, dans le choix volontaire et rationnel, il y a pensée authentique, activité consciente.

Que l'on songe iciau remords, où je rattache mon passé à mon moi fondateur. Si l'inconscient n'est pas la pensée, alors qu'est-il exactement? Afin d'encore mieux chasser ce fantôme menaçant,cette apparition dont je me veux délivrer, pour enfin exorciser cette puissance maléfique, il me reste à ne voir enelle que le produit , le succédané de purs mécanismes.

L'inconscient est donc matériel, physiologique: c'est unensemble de phénomènes réductibles à des relations chimiques.

Ici, Alain retrouve Descartes et son dualisme: d'uncôté, la pensée qui se pense (le cogito) et de l'autre, des phénomènes corporels sans conscience d'être.

En dehorsde la chose ou substance pensante, tout n'est que mécanisme.

Aussi, l'inconscient est rejeté à de simples. »

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