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Connaît-on mieux ce qu'on aime ?

Publié le 25/02/2004

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« La conscience, répètent les phénoménologistes, est conscience de quelque chose ». Nous retrouvons la même idée chez les phénoménologistes contemporains, en particulier chez Jean-Paul Sartre : « Tout sentiment est sentiment de quelque chose, c'est-à-dire qu'il vise son objet d'une certaine manière et projette sur lui une certaine qualité. Avoir de la sympathie pour Pierre, c'est avoir conscience de Pierre comme sympathique». Ainsi, la sympathie est un mode de connaissance. Sans doute elle est elle-même déclenchée par une perception qui constitue ce qu'on pourrait appeler un mode de connaissance pure. Mais, une fois déclenchée, elle projette sur l'objet qui l'a provoquée une qualité nouvelle, un sens qu'il n'avait pas pour nous jusque-là, elle le fait connaître autre. « Le sentiment de haine n'est pas conscience de haine : il est conscience de Paul comme haïssable ; l'amour n'est pas, avant tout, conscience de lui-même : il est conscient des charmes de la personne aimée. (...) En un sens, le sentiment se donne donc comme une espèce de connaissance. (.

L'amour est philosophe. C'est lui qui pousse les hommes à connaître l'objet de son amour. Mais, l'amour n'est pas objectif. L'amour brouille mon esprit et m'empêche d'avoir un regard impartial et juste.

« me fais de Pierre et les sentiments que j'éprouve pour lui déterminent ma conduite à son égard.

Ainsi, laconnaissance détermine l'affectivité et l'amour ; ensuite, connaissance et affectivité déterminent l'actionvolontaire.

Si nous en tenons à la conception classique, l'amour résulte de la connaissance ; il n'est pas lui-même une connaissance. [L'amour et la connaissance ne font pas bon ménage. L'amour brouille mon esprit et m'empêche d'avoir un regard impartial sur l'objet que j'aime.

Je connais mieuxce que je considère de manière désintéressée.] On peut distinguer deux façons d'attribuer la connaissance à l'amour: une première façon est celle del'intellectualisme, qui ramène à la connaissance tous les faits psychiques qui semblent s'en distinguer ; uneseconde façon est celle de la phénoménologie contemporaine qui, tout en admettant la spécificité desdifférentes catégories de faits de conscience, leur reconnaît un caractère cognitif ou « intentionnel », d'où lenom d'« intentionnalisme » que nous donnerons à cette théorie.A.

L'intellectualisme.

— La conception intellectualiste de l'homme peut se retrouver dans tous les chapitres dela psychologie qui traitent de faits attribués à quelque autre faculté que l'intelligence : l'intellectualisteprétend réduire tous ces faits à des faits intellectuels.

Pour lui, l'amour se réduirait à la connaissance : aimerquelqu'un consisterait à le reconnaître aimable-Les faits contredisent cette conception.

Il est des cas danslesquels nous jugeons un individu aimable, comprenant que d'autres l'aiment, mais sans éprouver nous-mêmescet attrait dénommé amour.

Inversement, nous éprouvons parfois des attraits auxquels ne correspondentencore ou ne correspondent plus les jugements que nous portons sur la personne qui nous attire : l'amour esttantôt en avance et tantôt en retard sur le jugement ; il se distingue donc de lui. B.

L'intentionnalisme.

— A la psychologie classique, trop souvent construite avec des abstractions, laphénoménologie veut substituer une étude plus objective fondée sur l'expérience immédiate et concrète : «Revenir aux choses elles-mêmes », tel est le mot d'ordre du fondateur de la phénoménologie, Edmond Husserl(1859-1938).

Mais Husserl avait appris de son maître Franz Brentano (1838-1917) le caractère intentionnel dela conscience, thèse que tous les phénoménologistes font leur.

Une des données les plus évidentes del'expérience, avant son interprétation discursive et sa traduction en concepts, est que la conscience ne serenferme pas sur elle-même, elle tend essentiellement vers un objet ; tout fait de conscience, qu'il soit d'ordrecognitif ou d'ordre affectif, est une attitude à l'égard d'un objet et implique par conséquent une certaineconnaissance de cet objet.

« La conscience, répètent les phénoménologistes, est conscience de quelquechose ».Nous retrouvons la même idée chez les phénoménologistescontemporains, en particulier chez Jean-Paul Sartre : « Tout sentimentest sentiment de quelque chose, c'est-à-dire qu'il vise son objet d'unecertaine manière et projette sur lui une certaine qualité.

Avoir de lasympathie pour Pierre, c'est avoir conscience de Pierre commesympathique».Ainsi, la sympathie est un mode de connaissance.

Sans doute elle estelle-même déclenchée par une perception qui constitue ce qu'onpourrait appeler un mode de connaissance pure.

Mais, une foisdéclenchée, elle projette sur l'objet qui l'a provoquée une qualiténouvelle, un sens qu'il n'avait pas pour nous jusque-là, elle le faitconnaître autre.« Le sentiment de haine n'est pas conscience de haine : il estconscience de Paul comme haïssable ; l'amour n'est pas, avant tout,conscience de lui-même : il est conscient des charmes de la personneaimée.

(...) En un sens, le sentiment se donne donc comme une espècede connaissance.

(...) Mais ce n'est pas une connaissanceintellectuelle».Que penser de ces observations et de la thèse que lesphénoménologues fondent sur elles ?Leurs observations et leurs analyses sont fort justes et elles mettentheureusement en relief des faits trop négligés par les psychologues.Il ne semble pas cependant qu'on doive se rallier à la thèse d'après laquelle l'amour serait un mode deconnaissance.

L'affectivité sensibilise nos fonctions cognitives, oriente le regard de l'esprit, mais c'esttoujours l'esprit qui connaît et non le coeur : « quand le coeur a des yeux, c'est l'intelligence qui lui prête sonregard ».. »

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