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Connaître est-ce mesurer ?

Publié le 17/02/2004

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LEVI-STRAUSS). De même, dans certaines Sciences sociales comme l'ethnographie et même l'économie politique, « pour abstraire les aspects purement quantitatifs des phénomènes », on est obligé « de les appauvrir » et ainsi de les déformer. D. - II faut se souvenir, au reste, comme le remarque L. BRUNSCHVICG (La Philosophie de l'esprit, p. 113), « qu'il n'y a pas un absolu de la mesure qui serait défini en lui-même : ... ce que nous apprenons aujourd'hui des physiciens, c'est que l'instrument de mesure doit être adapté à l'objet dont il est destiné à mettre en évidence les caractères intrinsèques ». - C'est pourquoi on envisage aujourd'hui, dans le domaine des Sciences de l'homme où, comme on vient de le voir, ces ambitions de' la mesure ne sont pas toujours satisfaites, d'autres formes d'application des Mathématiques. Il se peut que, comme le reconnaissait Cl. Bernard, «l'application des mathématiques aux phénomènes soit le but de toute science » ; mais, par suite du progrès même des Mathématiques, il semble qu'on puisse faire appel à une autre forme de traitement mathématique que la mesure proprement dite et avoir recours aux formes les plus modernes de ces sciences, telles quecalcul des probabilités et théorie des jeux, théorie des ensembles, théorie des groupes, etc.

Aussi familiers que nous soient devenus les instruments de mesure et les méthodes de calcul, nos connaissances sont loin de se réduire à l’usage des instruments scientifiques : sensations, impressions, intuitions et croyances alimentent constamment notre besoin de connaître. Il est pourtant avéré que la connaissance fondée sur la mesure est la plus sûre et la plus utile : de là, l’importance que nos sociétés accordent à l’esprit scientifique : formé à la mesure, il échappe aux aléas de l’illusion et de la subjectivité. Pour autant, devons ignorer tout ce que la connaissance humaine est susceptible d’apporter à la culture, indépendamment des méthodes de mesure ? Après avoir examiné toute l’importance de la mesure dans le processus de connaissance, nous poserons la question de ses limites dans le domaine de l’expérience vécue, et proposerons, en dernier lieu, une démarche de type phénoménologique qui dépasse, sans la nier, l’exigence de mesure.

 

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