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Conscience et choix

Publié le 21/02/2004

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conscience
Si, nous nous en tenons au stade de la conscience psychologique, ce n'est pas nous qui décidons d'accorder une attention privilégiée à une certaine catégorie d'objets ou d'images, par exemple : dans une rue commerçante, les livres, les chapeaux de dame, ou le prix des légumes ; au cours d'une rêverie, les rêves d'amour ou de voyage... Nous nous intéressons à ceci ou à cela sans l'avoir voulu : ou du moins notre choix volontaire n'est pas actuel. Actuellement, c'est l'intérêt qui commande l'attention et, par suite, la conscience : un intérêt nous sensibilise en quelque sorte pour une catégorie d'impressions, tout comme tel produit chimique rend la plaque photographique sensible au rouge et la laisse insensible aux autres couleurs. Sans doute, la sensibilité de la plaque est fixe et définitive, tandis que nous observons dans la nôtre des variations constantes et parfois des changements subits. Aussi vaudrait-il mieux comparer la conscience au poste récepteur de T.S.F. qui peut, en un instant, nous faire passer des ondes de 25 mètres à celles de 200, de l'émission de Londres à celle de Moscou. Cet appareil a, lui aussi, une sensibilité variable. Mais, une fois réglé, ce sont toujours les mêmes longueurs d'onde qu'il sélectionne.
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« conscience virtuelle de l'inattention devient conscience effective et vraie connaissance ?II ne semble pas qu'on puisse répondre par l'affirmative.

En effet, nous ne trouvons pas, dans ces phénomènes, dechoix véritable avec comparaison de plusieurs hypothèses possibles et décision de nous arrêter à l'une d'elles.

Si,nous nous en tenons au stade de la conscience psychologique, ce n'est pas nous qui décidons d'accorder uneattention privilégiée à une certaine catégorie d'objets ou d'images, par exemple : dans une rue commerçante, leslivres, les chapeaux de dame, ou le prix des légumes ; au cours d'une rêverie, les rêves d'amour ou de voyage...Nous nous intéressons à ceci ou à cela sans l'avoir voulu : ou du moins notre choix volontaire n'est pas actuel.Actuellement, c'est l'intérêt qui commande l'attention et, par suite, la conscience : un intérêt nous sensibilise enquelque sorte pour une catégorie d'impressions, tout comme tel produit chimique rend la plaque photographiquesensible au rouge et la laisse insensible aux autres couleurs.

Sans doute, la sensibilité de la plaque est fixe etdéfinitive, tandis que nous observons dans la nôtre des variations constantes et parfois des changements subits.Aussi vaudrait-il mieux comparer la conscience au poste récepteur de T.S.F.

qui peut, en un instant, nous fairepasser des ondes de 25 mètres à celles de 200, de l'émission de Londres à celle de Moscou.

Cet appareil a, lui aussi,une sensibilité variable.

Mais, une fois réglé, ce sont toujours les mêmes longueurs d'onde qu'il sélectionne.

Il n'enest pas autrement de la conscience.

Tant qu'un intérêt persiste, la conscience reste sensibilisée pour les objets quinous intéressent: ce sont ceux-là qu'elle nous fait connaître; mais elle ne les choisit, pas plus que l'appareil de radioréglé à 200 ne choisit les concerts émis par France-lnter.Par suite, c'est seulement par analogie que, dans le domaine psychologique conscience signifie choix.Il ne suit pas de là que, dans le domaine psychologique, il n'y ait jamais choix et que nous ressemblions au récepteurde T.S.F.

qui, si une intervention extérieure à lui ne se produit, fait toujours entendre les émissions de la longueurd'onde sur laquelle il est réglé.

Nous avons le privilège de pouvoir, dans une certaine mesure, nous régler nous-mêmes, de nous sensibiliser pour une certaine catégorie d'objets, c'est-à-dire, en termes psychologiques, de nousrendre attentifs : si les sélections faites par la conscience ne sont pas de véritables choix, il nous arrive de choisir,au sens propre du mot, le genre d'impressions que sélectionnera la conscience.

Ainsi le jour où je me résoudrai àéliminer les médisances de mes conversations, des antennes mystérieuses me préviendront à temps d'une réflexionmaligne que je suis sur le point d'extérioriser, tandis que les autres s'exprimeront spontanément.Mais, ici encore, il ne semble pas qu'on puisse attribuer à la conscience de véritables choix; sensibilisée pour unecatégorie particulière d'objets, elle réagit plus vivement en leur présence, mais elle ne choisit pas les types d'objetsauxquels elle réagira.

Le choix doit être imputé à la volonté. B.

C'est donc volonté et non pas conscience qui, en psychologie, signifie choix, au sens propre du mot ; ou plutôt :c'est la volonté qui a le pouvoir de choisir.Vouloir, en effet, n'équivaut pas à choisir et toute volition ne comporte pas un choix véritable.

La volition neconstitue un choix que dans le cas particulier de l'acte libre.

C'est donc volonté libre ou liberté, et non volonté, quisignifie choix.Mais l'acte libre pose au philosophe un difficile problème.

Tout acte volontaire, en effet, qu'il soit libre ou non, estmotivé par des raisons.

Comment, étant donné un contexte de motifs, pouvons-nous rester libres d'optercontrairement à ces motifs tout en nous guidant d'après la raison ?Nous répondrons en distinguant dans l'ordre rationnel différents niveaux entre lesquels le choix reste possible : lejouisseur qui calcule méthodiquement les moyens d'obtenir la plus grande somme de plaisirs agit rationnellement ;mais l'ascète qui cherche à établir en lui la maîtrise de l'esprit est conduit par une rationalité d'un autre ordre,d'ordre moral.

Nous sommes ainsi amenés à supposer que le choix véritable que nous cherchons vainement dans ledomaine psychologique a peut-être sa place dans la vie morale où conscience signifierait choix. III.

— LE CHOIX DANS LE MONDE MORAL En morale on entend par conscience la faculté de discerner le bien du mal et de déterminer ce qu'il faut faire ouéviter pour observer la loi morale.

Tandis que la conscience psychologique nous informe de ce qui se passe en nous,des sentiments éprouvés, des intentions qui nous dirigent, la conscience morale nous fait connaître, ou plutôtsentir, la valeur morale de nos états, de nos actes, suivant qu'ils se rapprochent ou s'éloignent de l'idéal humain quenous nous sommes formé.En quel sens peut-on dire que conscience morale signifie choix ?A.

La conscience morale choisit en ce sens qu'elle opère un tri entre le bien et le mal, entre l'obligatoire, le défenduet le conseillé.

Mais ce tri n'est pas libre et nous ne pourrons pas, le jour où il nous en prendra fantaisie, déclarerhonteuse la fidélité à sa parole et juger le mensonge beaucoup plus noble.

Une fois posé l'idéal, la solution de laplupart des problèmes pratiques s'impose, et la conscience n'est pas plus libre dans ses jugements que l'oreille n'estlibre de nous faire entendre un coup de canon ou une sonnerie de cloches.Sans doute, il se présente parfois des cas complexes dans lesquels, les exigences de la morale restant confuses parsuite d'un conflit des devoirs, il faut cependant prendre une décision, serait-ce en tirant au sort.

Mais, loin deconstituer un acte de la conscience, ce choix ne vient que suppléer son déficit.

Dans la discrimination du bien et dumal, la conscience se comporte comme un appareil détecteur fort complexe : elle vibre différemment aux différentesvaleurs morales, mais elle n'a pas plus choisi d'éprouver du dégoût pour l'ivrogne que la pupille n'a choisi de secontracter à une vive lumière.

De la conscience morale dans son exercice ordinaire on peut donc dire, comme de laconscience psychologique, le mot ne signifie choix que dans un sens analogue. B.

Mais d'où viennent à la conscience les principes d'après lesquels elle discerne le bien du mal ? Sans entrer dansles discussions relatives à l'origine de la conscience morale, nous répondrons que l'éveil ou le réveil à la moralitépersonnelle est constitué par une option qui donne ou redonne un sens à notre vie.

Auparavant, nous subissions lacontagion du milieu, nous cédions à l'attrait du moment ; il n'y avait pas pour nous de valeur morale.

Mais un beau. »

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