Devoir de Philosophie

La conscience est-elle distincte du corps ?

Publié le 14/03/2004

Extrait du document

conscience

« Ce moi, c'est-à-dire l'âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et même qu'elle est plus aisée à connaître que lui, et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est. « Descartes, Discours de la méthode, 1637.Par « distincte «, il ne faut pas comprendre « disjointe «, mais plutôt « d'une nature radicalement différente «. « Pour nous en tenir à l'être vivant, rappelons d'abord qu'il est composé d'une âme et d'un corps, et que de ces deux facteurs le premier est par nature celui qui commande, et l'autre celui qui est commandé. « Aristote, La Politique, ive s. av. J.-C.

La conscience peut se comprendre comme un état cognitif d'attention à soi et au monde extérieur. Or telle que l'image de la conscience s'est popularisée à travers la philosophie on peut dire qu'elle semble distincte du corps en tant qu'elle ne nécessiterait pas son rapport au corps. Plus exactement, elle serait une fonction de l'esprit indépendante du corps. C'est en ce sens que le cartésianisme avec le cogito définit une conscience transparente à elle-même mais surtout qui est totalement indépendamment du doute puisque le cogito fait l'économie du corps dans la formation et la définition du sujet. Pourtant, est-il possible d'avoir conscience sans un rapport au corps ? En effet, comment comprendre mon environnement et mon action possible sans mon corps. Mon corps est le centre des image que je perçois. En ce sens, si le corps est mémoire et choix tourner vers l'action possible discerner dans la perception, mon corps est alors nécessaire. La conscience s'individue et se développer dans et grâce au corps en tant que limite et dépassement. Ainsi mon corps peut-il être cette image autour de laquelle s'organise toutes les autres images de ma conscience.

conscience

« perçois.

Sartre le désigne, dans L'Être et le Néant, comme «le point de vue sur lequel il ne saurait y avoir de point de vue» (3e partie, ch.

Il, I).

En effet, c'est toujours depuis mon corps que jeperçois quelque chose : on ne peut pas se reculer pour «prendre du champ»sur son propre corps, à moins de s'identifier illusoirement à son image sur unephotographie.

Mon propre corps est ainsi semblable à ma conscience, c'est unpoint de vue absolu dont je ne saurais sortir.• Pour Alain, «il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je»(Éléments de philosophie).

Il ajoute : «cette remarque est d'ordre moral», car«ce qui n'est point pensée est corps, c'est-à-dire chose soumise à mavolonté; chose dont je réponds».

Si l'être humain est certes «obscur à lui-même», il reste que la pensée est identique à la volonté de penser, c'est-à-dire de répondre de soi.

Je peux très bien laisser se dérouler une pensée enmoi, comme dans la rêverie, ou l'association d'idées.

Mais si chacun se laisseemporter à penser en suivant ses humeurs, ce ne sont plus des pensées, maisdes passions. Alain , professeur de philosophie, journaliste, écrivain se consacre à la diffusion d'une pensée rationaliste qui réfute les courants à la mode au profitde la « grande philosophie » traditionnelle, représentée, selon lui, par Platon , Descartes , Hegel , Comte .

Il considère la philosophie comme un instrument de libération où l'esprit maîtrise l'imagination et les désordres de la passion.Cette victoire de la raison, qui est toujours à recommencer, passe par lasoumission du corps et le rejet des inerties « qui, si on n'y prend garde, prennent le masque de la pensée. » Aussi Alain refuse-t-il, chaque fois qu'il a à s'exprimer sur ce point, la croyance à l'inconscient.

Dans « Eléments de philosophie », il écrit : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps.

On a peur de l'inconscient ; là se trouve logée la faute capitale.

Un autre moi me conduit qui me connaît et que jeconnais mal.

L'hérédité est un fantôme du même genre. » (Livre II, chapitre XVI). Ici la formule est empreinte d'une certaine réserve, mais souvent la dénonciation est beaucoup plusviolente.

Ainsi, dans son « Histoire de mes pensées », il écrit : « J'allais ainsi contre le plus fort préjugé des temps modernes ; et de toute façon je devais être jugé sévèrement par tous les docteurs, du moment que jen'adorais pas à quatre pattes l'inconscient, le subconscient, le seuil de conscience, et d'autres articles de laphilosophie simiesque .

» En tout cas, elle est de principe : « Dans les disputes sur l'inconscient, où, contre toutes les autorités établies et reconnues, je ne cède js un pouce de terrain » (« Sentiments, Passions et Signes »). Ce n'est certes pas, on s'en doute qu‘ Alain ignore tout de Freud (pour l'inconscient psychique), ou de Darwin (Pour les lois de l'hérédité).

« Qu'un mécanisme semblable à l'instinct des bêtes nous fasse souvent parler et agir, et par suite penser, cela est connu et hors de discussion » (« Sentiments, Passions et Signes »).

On ne peut pas dire non plus qu' Alain n'ait pas un moment essayé de comprendre cette doctrine : « Ne cherchez jamais à quoi pense un foi, mais plutôt observez comment un dérangement mécanique produit des signes qui n'ont pas desens […].

Je pensais à ces choses comme je lisais la « Psychanalyse de Freud ; ce n'est qu'un art de deviner ce quin'est point » (« Propos », « Signes ambigus », 17 juillet 1922). Ou encore dans un « Propos » antérieur : « Cette idée de l'inconscient, tant vantée et si bien vendue, je n'en fais rien ; […] quand j'ai voulu en user, afin de me mettre à la mode, elle n'a rien saisi de l'homme, ni rienéclairé » (« Fantômes », 23 septembre 1921). Il s'agit, pour Alain , de quelque chose de plus qu'une simple question de mots.

Il estime qu'on ne peut aucunement, à partir des doctrines sur l'inconscient ou l'hérédité, fonder une quelconque morale : « Le public comme les auteurs n'ont point coutume de dire conscience morale ; ils disent conscience, et tout est dit », ou encore, « J'étais aidé par la langue commune, qui n'admet point d'autre sens du mot conscience que celui qui implique le jugement moral. » ( Alain , « Histoire de mes pensées « ).

Au contraire, lorsque Freud parle d'inconscient, il le fait en référence à la conscience psychologique, et pas du tout par rapport à la consciencemorale. Certes la conscience est toujours double, car la conscience oppose toujours ce qui devrait être à ce quiest.

« La conscience suppose une séparation de moi d'avec moi, en même temps qu'une reprise de ce qu'on juge insuffisant, qu'il faut pourtant sauver. » Il s'agit là, comme le dit Alain , d'une « conception héroïque de la morale », qui explique parfaitement que l'inconscient ne soit alors conçu que comme « une conscience subalterne, errante et séparé », à proprement parler comme quelque chose d'inintéressant, sinon d'impossible. Ce qui est en jeu, pour Alain , c'est un conflit sans cesse recommencé entre les passions (l'inconscient) et la raison (le conscient), ou, plus simplement encore, entre le corps et l'esprit.

Les partisans de l'inconscientestiment sans doute que les signes qui viennent du corps sont des pensées qui méritent d'être interprétées ; pourles tenants du rationalisme, il n'y a de pensées véritables qu'en liaison avec une extrême attention.

Une « pensée qui n'est point formée en pleine attention » n'est pas une pensée du tout.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles