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La conscience maîtrise-t-elle toutes les pensées ?

Publié le 27/02/2008

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conscience
La conscience est apparue très tardivement comme objet philosophique. On attribue à Descartes l'honneur de l'avoir mise au centre des débats. Il est vrai que son cogito identifie pensée et conscience. Avec le « je pense, je suis », il fonde l'existence humaine sur la pensée et donc sur la conscience. Jusqu'au XVII ème siècle, le mot "conscience" désignait exclusivement la conscience morale. C'est sous la plume de Descartes que le terme de conscience apparaît pour la première fois avec son sens moderne. Pourtant, le terme de « conscience » proprement dit est absent des Méditations métaphysiques. C'est que Descartes a le plus souvent écrit, comme les savants de son époque, en latin. Et les traducteurs, embarrassés par la nouveauté du sens donné au mot "conscientia" par Descartes, afin d'éviter au lecteur tout amalgame avec la notion de conscience morale, ont choisi des périphrases, telles que "connaissance intérieure". Le terme est plutôt introduit par Locke, qui est empiriste et qui procède à une critique radicale de la théorie cartésienne. Mais que désigne la conscience ? On peut donner deux interprétations un peu différentes de l'étymologie de la conscience. On peut l'appréhender comme cumsciens qui signifie posséder un savoir « rassemblé » autour d'un centre, celui qui constitue la personne. « La conscience, écrit Alain, c'est le savoir revenant sur lui-même et prenant pour centre la personne humaine elle-même ». ce qui rejoint donc la découpe étymologique du mot en cum(avec ) et scienta( savoir). La conscience est donc le fait pour un individu que son existence soit accompagnée d'un savoir sur elle-même. Avec la conscience, j'existe et je le sais. La conscience a toujours été considérée comme la principale caractéristique de l'homme, qui le distingue de l'animalité. Si elle se caractérise comme un savoir qui accompagne l'existence et le vécu d'un sujet, il semble alors que la conscience ait connaissance des pensées à l'intérieur de l'esprit humain. Cependant, la notion de maîtrise introduit un aspect plus important que la simple connaissance. Je peux en effet avoir connaissance du phénomène de la foudre, sans avoir aucun pouvoir sur elle.  Il faut s'interroger sur le terme de maîtrise, il s'agit de comprendre que peut vouloir dire maîtriser. Il est possible de dégager trois grandes acceptions du « maître » : le dominus, le magister, et le maestro - ces trois termes latins renvoyant aux trois grandes dimensions de la maîtrise. Le dominus renvoie à la maîtrise comme domination autrement dit comme hiérarchie. Le maître est donc celui qui domine, qui est à la tête de la hiérarchie, qui est dominant dans le rapport de force. Le magister est le maître en tant que sa maîtrise est légitimée par la possession d'un savoir, ou tout du moins d'une compétence. Le maestro est le maître qui maîtrise à la perfection son art.  La pensée qui résulte de l'activité de penser caractérise avec le langage ce qui distingue le plus fondamentalement l'homme des autres êtres vivants. Mais, pas plus que dans le sens ordinaire, le mot penser ne renvoie chez les philosophes à un sens constant et unique. Quand nous demandons à quelqu'un « à quoi il pense », nous voulons connaître ce qui se passe dans son esprit. Le terme « penser » semble alors renvoyer à tous phénomènes produits par l'action de l'esprit, par la conscience. Il semble donc que dans un premier temps que la conscience produit la pensée et dans ce cas la maîtrise, la domine et la dirige. Cependant, les pensées sont-ils réellement sous le contrôle de la conscience ? Descartes reconnaissait lui-même que des idées parfois viennent à la conscience contre son gré. La pensée n'a-t-elle pas alors une vie indépendante de la conscience ? L'inconscient freudien ne serait-il pas la preuve que la conscience n'est absolument pas le maître chez elle ? Mais alors quelles relations entretiennent pensée et conscience ? La conscience ne peut-elle pas se rend maître des pensées, dans le sens où elle peut essayer de développer un savoir sur elles et sur leur fonctionnement ?
conscience

« donc une activité qui vise les choses et c'est en ce sens qu'elle peut donner naissance à la pensée.

Mais alors pourla phénoménologie, l'activité de la conscience se confondrait avec l'activité de la pensée.

On peut donc finalementsoutenir que la conscience, c'est la même chose que la pensée à partir de l'idée selon laquelle avoir conscience dequelque chose n'est rien d'autre que penser à cette chose de telle ou telle manière.

Ce qui permet de dire que touteconscience est intentionnellement conscience de quelque chose et qu'en tant que pensée, elle n'est rien d'autrequ'une pure activité 3.

La conscience dirige l'activité du penser et donne naissance à la responsabilité- Pourtant l'étymologie du terme penser renvoie à l'activité de juger( pensare ) ou de peser( pendere ).

Cela semble indiquer une activité destinée à réfléchir, à prendre connaissance du monde et à le comprendre, à le juger.

Ainsi,pour Kant, on doit réserver le mot penser à la désignation des facultés qui rendent possible la connaissanceélaborée.

Il le définit comme « connaître par concepts et juger.

» Quand on dit à quelqu'un en réponse à unedemande, « laisse moi y penser », cela veut dire « laisse moi réfléchir et me faire une opinion.

»D'ailleurs, il existe une science qui règle pour Kant l'enchaînement et lois de la pensée, pour bien penser justement :la logique.

Celle-ci détermine comment construire sa pensée.

Pris dans ce sens, il semble bien que ce soit laconscience qui détermine les pensées, qui crée l'activité même du penser et dirige son action par des règles.Pensons d'ailleurs à la méthode cartésienne développée dans Règles pour la direction de l'esprit qui donne la méthode à suivre dans l'enchaînement de penser pour arriver au vrai et rejeter toutes les invraisemblances.- On peut en effet dire par exemple qu'il nous arrive de temps en temps d'avoir des mauvaises pensées.

Je peux parexemple, avoir une pensée de voler un article dans un magasin.

Il s'agit de savoir dans ce cas là si je peux maîtrisercette pensée.

Or, il semble bien que la conscience me permet de repousser cette idée, sinon la liberté même del'homme serait menacée.

L'homme peut donc par la conscience contrôler la pensée.

D'ailleurs beaucoup dephilosophie ont pour but de développer le contrôle de la conscience sur la pensée.

Ainsi, par exemple, les stoïciensvisaient à permettre à l'individu d'éduquer sa pensée pour que celle-ci s'accorde avec l'ordre du monde.

Sans cettepossibilité d'influer sur ses pensées, le concept de responsabilité ne pourrait en effet pas exister.

Pourtant, dire que la conscience s'identifie à la pensée et donc maîtrise la pensée, c'est avouer que nous dominonstoujours nos pensées et que nous en sommes toujours à l'origine.

Est-ce vraiment le cas.

La pensée est indépendante de la conscience 1.

La pensée s'impose à notre conscienceDescartes lui-même reconnaît à un moment de son œuvre que la pensée peut se rendre maître de notre conscienceet rester dans celle-ci sans que nous le voulions vraiment.

Il écrit dans la première des Méditations métaphysiques qui a trait à la mémoire que « «ces anciennes et ordinaires opinions me reviennent encore souvent en la pensée, lelong et familier usage qu'elles ont eu avec moi leur donnant droit d'occuper mon esprit contre mon gré, et de serendre presque maîtresses de ma créance.

» Si des pensées anciennes peuvent occuper ma conscience, cela veutdire que ma pensée claire peut être perturbée par des autres pensées qui ne sont actuellement pas les miennes.Mais d'où viennent alors ces pensées ? pour Descartes, elles viennent du corps qui trouble parfois l'activité de laconscience.

Cela signifierait alors que toutes pensées ne viennent pas de la conscience et que leur origine estautre.

C'est en tout cas ce que dira Nietzsche en voulant critiquer le cogito cartésien.

Pour lui, en effet, il n'estabsolument pas évident que le « je pense, je suis » soit vrai.

Il faut pour cela présupposer un « je » unique, desjeux de langage qui ne sont pas évidents et clairs.

Il soutient alors que la pensée a une vie indépendamment del'activité de la conscience et que cette dernière ne contrôle absolument rien.

En effet, il affirme dans Par-delà le bien et le mal qu' « une pensée ne vient que quand elle veut, et non quand c'est moi qui veux.[…] Quelque chose pense, mais croire que ce quelque chose est l'antique et fameux moi, c'est une pure supposition.

» Nietzsche va donc jusqu'à postuler qu'il existe une pensée inconsciente, mettant en causela prétention du sujet à la maîtriser.

Il déclare par suite que la conscience aété l'objet d'une surestimation illusoire et ne caractérise absolument pas lamajeure partie de la vie humaine.

2.

les pensées peuvent influer sur notre conscience et sur notrecomportementpossibilité paradoxale, celle de pensées que nous n'apercevons pas.

Il écritainsi : « En un mot, c'est une grande source d'erreurs de croire qu'il n'y aaucun perception dans l'âme que celle dont elle s'aperçoit.

» voici desperceptions que nous n'apercevons pas.

Or percevoir, c'est une des modalitésde la conscience : donc il y aurait de la conscience dont nous n'aurions pasconscience, de la conscience qui, en quelque sorte travaillerait dans notredos.

Ce sont, dit encore Leibniz, des « perceptions insensibles » que « je nem'aperçois pas » et qui pourtant me décide à aller dans une telle direction ouà faire tel mouvement.

Il ne s'agit plus ici de mouvements corporels mais biende sensations quasiment « inconscientes », trop faibles pour parvenir à laconscience et qui pourtant influent sur nos pensées et notre activitéconsciente.

De même quand nous passons d'une idée à une autre sans lienclair (« une idée me passe par la tête »), c'est tout simplement parce quen'apercevons les multiples pensées imperceptibles qui font la transition entre. »

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