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La conscience et la mort

Publié le 13/01/2004

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conscience
Le sujet paraît, de prime abord, philosophiquement redoutable. En effet, que dire sur la conscience elle-même puisque elle semble être, par définition, le fondement évident et silencieux de notre réflexion ainsi que de notre agir. Si le sens commun définit la conscience (du double latin cum qui signifie « avec » et scire, « savoir, connaître ») comme la connaissance de soi, de son existence et de tous ses états, il peine à se la représenter clairement. Comment donc déterminer cela même qui est la condition précédent toute détermination possible ? La mort, quant à elle, semble par nature hors de portée du connaître. Si la mort, comme le rappelle Épicure, est la cessation de tout sensation et de toute connaissance, alors elle n'est rien pour nous puisqu'elle est la fin même de toute expérience possible. Comment évoquer ce que l'on ne connaît pas ? Dès lors la philosophie se trouve confrontée à de l'impalpable lorsqu'elle aborde les notions de conscience et de mort. Pourtant celles-ci sont interrogées ensemble en vue d'une réflexion philosophique (qui ne les séparera pas !). Et, au regard de l'histoire de la discipline, ces réflexions sont omniprésentes ! À quoi peut-donc bien mener une réflexion philosophique sur ces deux notions ? Le sujet ne nous conduit-il pas à nous ? L'humain n'est-il pas le point de convergence essentiel (et exclusif) d'une conscience avec sa propre fin ? Toute philosophie n'est-elle pas, en son fonds, ce retour réflexif sur l'existence telle qu'elle se donne et sur sa radicale limite ?
conscience

« Chez Rousseau, la mort, entendue en son sens biologique, n'était qu'une cessation d'activité, cessation de la vie.L'émergence de la pensée et de l'intelligence, annonce chez lui la rupture avec la substantialité de la vie dans ladualité qui s'instaure avec la représentation entre le sujet et l'objet.

La mort devient alors une préoccupationincessante parce que le pouvoir de la représentation commence par remplir la simple cessation par une image de lamort.

Dès que la mort est imaginée, elle devient un souci primordial.

Le sujet attache une importance considérable àl'idée qu'il est (affirmation universelle affirmée par Descartes notamment) et ne supporte pas l'idée de n'être plus entant qu'elle contredit la valeur de l'énoncé qui accompagne la formulation de la pensée.

En moi, l'affirmation de l'êtreuniversel de la pensée, de son irréductibilité à un être-là particulier (caractère déterminé de tout ce qui est naturel)semble contredite par le fait que je vais mourir.

C'est alors à la vanité, à la fragilité et à l'impuissance de sacondition d'homme-mortel que la pensée humaine est confrontée.

Pascal ne disait pas autre chose lorsqu'il rappelaitque l'homme était fondamentalement une bête errante et gémissante (Cf.

Pensées ).

Mais ce tragique existentiel, illustré par le désespoir kierkegaardien - « le monde me donne la nausée, il est fade et n'a ni sel ni sens » - est celamême qui est donatrice de vérité et de lucidité.

La conscience de sa finitude serait, en ce sens, le premier pas duphilosophe. Cependant, à en croire Schopenhauer, le philosophe comme tout homme,conscient de sa finitude, trouve là sa solitude d'existant particulier, réflexif,et se tourne alors vers un désir d'au-delà : « Excepté l'homme, aucun être ne s'étonne de sa propre existence ; c'estpour tous une chose si naturelle, qu'ils ne la remarquent même pas.

[…] C'estseulement après que l'essence intime de la nature (le vouloir-vivre dans sonobjectivation) s'est développée, avec toute sa force et toute sa joie, àtravers les deux règnes de l'existence inconsciente, puis à travers la série silongue et si étendue des animaux ; c'est alors enfin, avec l'apparition de laraison, c'est-à-dire chez l'homme, qu'elle s'éveille pour la première fois à laréflexion ; elle s'étonne de ses propres oeuvres et se demande à elle-mêmece qu'elle est.

Son étonnement est d'autant plus sérieux que, pour la premièrefois, elle s'approche de la mort avec une pleine conscience, et qu'avec lalimitation de toute existence, l'inutilité de tout effort devient pour elle plus oumoins évidente.

De cette réflexion et de cet étonnement naît le besoinmétaphysique qui est propre à l'homme seul.

L'homme est un animalmétaphysique.

Sans doute, quand sa conscience ne fait encore que s'éveiller,il se figure être intelligible sans effort ; mais cela ne dure pas longtemps :avec la première réflexion, se produit déjà cet étonnement, qui sera plus tardle père de la métaphysique.

» (Cf.

Le Monde comme volonté et comme représentation , chapitre XVII). Conscience et mort sont donc, propres de l'homme, donatrices de l'étonnement propice à la philosophie, selonl'Allemand.

L'étonnement se fait face à cette vie foisonnante et fragile, face à sa découverte d'être fini mais dotéd'une volonté de résister à l'inéluctable, volonté finalement métaphysique car, en termes de raison, insondable etimperméable à toute appropriation intellectuelle. Conclusion Être conscient c'est finalement et fondamentalement être conscient de sa propre finitude.

Bien que celle-cisoit vécue comme un scandale pour la raison, l'homme se doit d'assumer cette vérité pour vivre en philosophe. La mort fut malgré tout interrogée sans relâche par la philosophie qui cherche à lui donner un sens.

Lamétaphysique, tout comme les religions, considèrent la mort non pas comme une fatalité et une fin, maiscomme un passage vers autre chose (immortalité de l'âme, paradis, enfer...).

C'est dire que l'homme, encore ettoujours, reste traumatisé par cette finitude, qu'il refuse et ne peut s'empêcher de penser, tout à la fois.. »

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