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La conscience de soi comme vérité première ?

Publié le 08/02/2004

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conscience
La première certitude que j'ai est donc celle de mon existence, mais comme pure pensée, puisque, en toute rigueur, je n'ai pas encore de preuve de l'existence de mon corps. Quand bien même je nierais que le monde existe, que mon corps existe, que je puisse penser correctement, je ne pourrais remettre en cause ce fait : je pense, et par suite, je suis. La volonté sceptique de douter de tout, l'idée qu'aucune vérité n'est accessible à l'homme, se brise sur ce fait : je pense. Voilà le roc, voilà l'argile. Voilà le point ferme grâce auquel j'échappe à la noyade dans l'océan du doute, par lequel je retrouverai la terre ferme de la science vraie.La difficulté provient de l'interprétation à donner à ce « je ». Il n'est pas l'individu concret. Ce n'est pas Descartes, homme du XVIIième siècle, c'est tout individu pensant qui peut dire « je pense donc je suis », pour peu qu'il refasse, pour lui-même, l'expérience entreprise.Ce « je » est, par définition, désincarné ; tout ce que je peux affirmer, à ce moment, de l'itinéraire cartésien, c'est mon existence comme pensée, puisque, répétons-le, je dois encore, temporairement, nier l'existence du corps.Les deux conséquences majeures que Descartes tire de sa découverte sont d'une importance cruciale pour l'histoire de la philosophie.
conscience

« démonstrations.

»Nous voilà perdu dans ce que Descartes appelle « l'océan du doute ».

Je dois feindre que tout ce qui m'entouren'est qu'illusion, que mon corps n'existe pas, et que tout ce que je pense, imagine, sens, me remémore est faux.

Cedoute est radical, total, exorbitant.

Quelque chose peut-il résister ? Vais-je me noyer dans cet océan ? Où trouver« le roc ou l'argile » sur quoi tout reconstruire ? On mesure ici les exigences de rigueur et de radicalité de notreauteur, et à quel point il a pris acte de la suspicion que la révolution galiléenne avait jetée sur les sens (qui nousont assuré que le soleil tournait autour de la Terre) et sur ce que la science avait cru pouvoir démontrer.« Mais aussitôt après je pris garde que, cependant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallaitnécessairement que moi, qui pensais, fusse quelque chose.

Et remarquant que cette vérité : je pense donc je suis,était si ferme et si assurée, que les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables del'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que jecherchais.

»Il y a un fait qui échappe au doute ; mon existence comme pensée.

Que ce que je pense soit vrai ou faux, je pense.Et si je pense, je suis.

Le néant ne peut pas penser.

La première certitude que j'ai est donc celle de mon existence,mais comme pure pensée, puisque, en toute rigueur, je n'ai pas encore de preuve de l'existence de mon corps.Quand bien même je nierais que le monde existe, que mon corps existe, que je puisse penser correctement, je nepourrais remettre en cause ce fait : je pense, et par suite, je suis.

La volonté sceptique de douter de tout, l'idéequ'aucune vérité n'est accessible à l'homme, se brise sur ce fait : je pense.

Voilà le roc, voilà l'argile.

Voilà le pointferme grâce auquel j'échappe à la noyade dans l'océan du doute, par lequel je retrouverai la terre ferme de lascience vraie.La difficulté provient de l'interprétation à donner à ce « je ».

Il n'est pasl'individu concret.

Ce n'est pas Descartes, homme du XVIIième siècle, c'esttout individu pensant qui peut dire « je pense donc je suis », pour peu qu'ilrefasse, pour lui-même, l'expérience entreprise.Ce « je » est, par définition, désincarné ; tout ce que je peux affirmer, à cemoment, de l'itinéraire cartésien, c'est mon existence comme pensée,puisque, répétons-le, je dois encore, temporairement, nier l'existence ducorps.Les deux conséquences majeures que Descartes tire de sa découverte sontd'une importance cruciale pour l'histoire de la philosophie. D'une part Descartes montre que la nature de la pensée et celle de lamatière sot différentes.

Ce qu'on nomme dualisme : « Je connus de là quej'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser[...] En sorte que moi, cad l'âme par laquelle je suis ce que je suis, estentièrement distincte du corps.

» Le corps, en effet, n'est qu'une portion dematière, ayant une forme, et susceptible de recevoir du mouvement.

Lapensée est radicalement différente, c'est la faculté de concevoir, imaginer,sentir, vouloir.

Descartes ne nie pas que –en l'homme- il y ait interaction ducorps et de la pensée, et il consacrera même un ouvrage, « Les Passions del'âme » (1649), à ce qu'on nommerait aujourd'hui biologie des passions.

Mais iljette grâce au dualisme les bases de la science moderne, en limitant laphysique à l'étude de la matière et de ses propriétés.

Il faut se souvenir qu'Aristote considérait l'étude de l'âmecomme le couronnement de la physique, et que Pascal aura à batailler contre l'idée que la « nature a horreur du vide», comme si la matière était animée d'intention. D'autre part, dans l'expérience du « cogito », du « je pense », je prends conscience de moi-même commepensée.

Cela amènera notre auteur à identifier pensée et conscience, ce que contestera, outre Leibniz & Spinoza,Freud. Avec le « je pense donc je suis », Descartes place la conscience, le sujet, à la racine de toute connaissancepossible.

La conséquence essentielle est le primat de la conscience, et sa différence d'avec la matière.

Redonner àl'homme une place dans un univers infini et vide de Dieu, assurer la dignité de la conscience, et jeter les bases de lascience moderne, tels sont les objectifs que la métaphysique cartésienne s'est assignée. « Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l'homme infiniment au-dessus de tous les autres êtresvivants sur la terre.

Par là, il est une personne.

» Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, 1798. Dès le moment où l'enfant commence à parler de lui à la première personne — moment décisif et irréversible —, il sesaisit lui-même comme sujet pensant et conscient.

Cette faculté de la conscience à se prendre elle-même pour. »

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