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Conserver le passé, est-ce le seul but de l'histoire ?

Publié le 04/02/2004

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histoire
La matière du travail historique]Depuis Henri Irénée Marrou, l'histoire se définit classiquement comme la « connaissance du passé humain ». Or, pour connaître, il faut avoir matière à connaître. Le travail de l'historien s'appuie ainsi sur des témoignages, des vestiges, des archives, bref, sur des souvenirs et des documents ou traces d'un passé révolu. Afin que leur déchiffrage se pérennise, il faut pouvoir léguer ces traces aux générations futures. C'est le rôle des restaurations, de la consignation dans des musées, et de l'archivage au sens large. [2. Les ambiguïtés de la conservation]Mais tout est-il digne d'être conservé ? Le témoignage de ma grand-mère sur la période de l'Occupation a-t-il autant de valeur que tel discours important d'un homme politique ? On voit que, par-delà les motivations subjectives présidant au choix du type de passé digne d'être conservé, se pose le problème du possible usage de ce qui est conservé. K.

L’histoire est constituée de faits passés. Son objet est donc le passé. En effet, il semble qu’il ne peut pas y avoir d’histoire du présent, car cette discipline nécessite un recul par rapport à l’événement envisagé : afin de comprendre tous les enjeux économiques, sociaux, politiques de tous les acteurs de l’événement, il nous faut prendre un temps d’attente, un temps de réflexion. Lorsque nous faisons de l’histoire, nous jugeons donc d’événements passés ; mais comment peut-on être sûr que le passé, que nous propose l’histoire, relate bien des faits tels qu’ils ont effectivement eu lieu ? L’histoire est-ce la connaissance ou la construction du passé humain ? Et par ailleurs, l’histoire conserve-t-elle ou bien explique-t-elle le passé ? Il semble que l’histoire et le passé entretiennent des rapports compliqués et ambiguës. En effet, le passé ne nous est connu que par l’histoire (narrations des événements passés), et pourtant, cette instance qui devrait être la plus objective et la plus véridique possible, dépend entièrement de la subjectivité des historiens.

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« [II.

La conservation libératrice] [1.

La conservation interprète et créatrice]Il ne faudrait pas caricaturer le travail de l'historien ni se méprendre sur ses intentions.

Car il ne s'agit ni d'unesimple recollection et consignation de faits, d'objets, d'écrits...

antérieurs, ni d'une entreprise moralisatrice.L'historien est d'abord un « herméneute » (Paul Ricoeur), c'est-à-dire un chercheur du sens d'un ensemble de faitspassés ou bien d'une situation présente à partir de ce qui l'a précédée.

Il n'est donc pas seulement conservateurmais aussi interprète et créateur.

Il n'est pas non plus moralisateur, c'est-à-dire donneur de leçons pour le présentet l'avenir à partir de ce qui s'est passé.

Comme l'affirme Valéry dans un autre contexte, l'histoire justifie ce que l'onveut.

Elle n'enseigne rigoureusement rien.

car elle contient et donne des exemples de tout » (Regards sur le mondeactuel).

L'historien montre et sort de l'oubli : à chacun de l'interpréter à son tour et d'en tirer profit ou non, pour lavie présente.

La conservation du passé manifeste et suscite donc la liberté : celle de l'historien en amont et celle del'homme du commun en aval. [2.

Conserver au présent et au futur]De ce point de vue, la finalité de l'histoire ne se limite pas à la conservation du passé.

Elle vise aussi lacompréhension du présent et l'action future.

Comme l'explique Schopenhauer, «elle est à l'humanité ce qu'est àl'individu la conscience soutenue par la raison, réfléchie et cohérente, dont le manque condamne l'animal à resterenfermé dans le champ étroit du présent intuitif » . [Conclusion] Afin d'exprimer tout l'intérêt et la finalité de l'histoire, la conservation du passé doit donc traduire et susciter lapensée libre, afin de valoir pour le présent et d'aider l'homme dans ses choix à venir.. »

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