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La conviction d'avoir raison nous assure-t-elle d'etre dans le vrai ?

Publié le 25/09/2005

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Faire de la conviction une assurance de vérité, ce n'est dès lors pas tant assimiler la conviction à connaissance qu'exprimer l'impossibilté d'atteindre la vérité par la seule rationnalité. Le caractère subjectif et toujours bancal de la foi est peut être la seule modalité nous permettant d'énoncer ce que nous appelons la vérité. Le sujet nous parle ainsi d'"être dans le vrai" et non de verité et par là il nous invite à considérer le caractère toujours humain de la vérité, c'est-à-dire forcement particulier et limité. La conviction exprime donc que la raison, que la connaissance sont peut-être toutes entières une conviction, c'est-à-dire une foi en la valeur de la vérité et en la possibilité de dire le vrai. La conviction exprimerait bien ce rapport ambigu à la verité, fait de réflexion et de foi, qui fait que nous ne disons pas la vérité mais que nous tendons plutot à "être dans le vrai", à savoir à rechercher le nécessaire et l'universel au sein d'une existence limitée et conditionnée, et à travers une subjectivité toujours particulière et inapte à s'élever au dessus de ces conditions. Elle seule permettrait également de résoudre le problème de la connaissance des principes de la raison elle-même, qui ne doivent pas logiquement devoir être prouvés pour être des principes. La conviction serait ainsi la modalité indépassable de notre accès à la connaissance. 1)  Conviction et rationnalité   a.        Conviction et opinion La conviction implique une réflexion préalable sur les raisons de l'adhésion à une pensée. Elle relève d'un jugement, c'est-à-dire d'un choix mûr et réfléchi, en connaissance de cause, là où l'opinion n'est pas fondée sur une telle lucidité et reste liée à l'influence de la pensée généralement admise ou à celle de ce qui apparaît à première vue vrai.

Nous pourrions définir la conviction comme un état de l'esprit qui adhère fermement à ce qu'il juge être vrai. Il est important de remarquer que « conviction « est très proche de « certitude «, la seule nuance qui distingue les deux termes est que la certitude se revendique comme ce qui ne peut être remis en doute. La conviction serait donc légèrement moins forte que la certitude, bien que les deux termes puissent parfois se confondre. Or, les hommes ont besoin de conviction, ne serait-ce que pour guider leur action. Celui qui ne croit en rien et à qui rien ne se présente comme ferme et assuré serait en toute rigueur incapable d’agir, car il ne saurait jamais quoi faire. Néanmoins, on ne saurait être assuré d’une vérité en vertu d’un simple impératif pragmatique. En effet, la vérité est sensé être un principe absolu, indépendant de tout intérêt. Il ne suffit donc pas que nous ayons besoin de conviction pour que la conviction nous garantisse la vérité. En effet, celui qui s’est déjà trompé sait bien que la conviction, et même la certitude, ne nous assure pas d’être dans le vrai. Néanmoins, nous voyons qu’aussi faible qu’il soit, ce sentiment d’adhésion ferme de l’esprit est parfois notre seul critère de vérité. Faut-il donc y renoncer sous prétexte qu’il n'est pas infaillible ? Faut-il s’en remettre à lui au risque de se tromper ? Ou faut-il éduquer notre esprit de telle sorte que la conviction ne puisse découler que du vrai, et de lui seul ?

« I.

L'expérience de l'erreur montre que la conviction n'est pas garante de vérité A.

Descartes dans l' incipit des Méditations métaphysiques explique ce qui motive toute sa démarche philosophique.

« Il y a déjàquelque temps que je me suis aperçu que, dès mes premièresannées, j'avais reçu quantité de fausses opinions pour véritable ».Voici donc ce qui le pousse à « commencer tout de nouveau dès lefondement » : le souvenir des erreurs commises par le passémanifeste une insuffisance dans sa méthode pour distinguer le vraidu faux.

Plus grave encore, il a bâti, sur ces principes incertains,d'autres opinions, tout aussi certaines. B.

Il décide donc d'opérer une sorte de tri parmi toutes ses convictions, afin d'éliminer tout ce dont il n'est pas absolumentassuré.

Mais passer toutes ses idées au crible une par une seraittrop fastidieux, il décide donc de ne s'intéresser qu'au fondementde ses opinions, étant donné que si une fondation se révèledouteuse, tout ce qu'il a pu bâtir grâce à elle est égalementdouteux.

Par exemple, il se souvient que ses sens l'ont parfoistrompé (les illusions d'optique sont le parfait exemple de ceserreurs), il décide donc que tout ce qu'il sait grâce aux sensdevient douteux.

Il pousse le doute plus loin encore en remettanten question qu'il soit bien là où il pense être, assis au coin du feu, vêtu d'une robe de chambre, avec du papier et un stylo entre ses mains.

En effet, il lui est mainte fois arrivé enrêve d'être persuadé d'être dans un endroit, habillé d'une certaine façon, en train de faire certaines choses, alorsqu'il était simplement en train de dormir dans son lit.

Enfin, le dernier degré du doute est obtenu grâce à unehypothèse méthodique : celle du malin génie.

Imaginons qu'il existe non pas un Dieu, mais plutôt un diable (le motn'apparait pas dans le texte, mais c'est bien là l'idée à laquelle se réfère Descartes) qui veuille nous tromper, nousne pouvons plus faire confiance à aucune de nos convictions, même les plus évidentes : que 2 et 2 fassent 4 parexemple. C.

La première méditation de Descartes va donc crescendo afin de montrer que tout ce que nous pensions savoir et tout ce en quoi nous croyions avec assurance peut être révoqué en doute.

L'expérience de l'erreur nous permet eneffet de comprendre qu'il est tout à fait possible d'être convaincu d'avoir raison tout en n'étant pas dans le vrai.Cela ne veut pas pour autant dire que notre esprit est défaillant, mais nous pourrions tout simplement envisager quecertaines informations nous manquent : notre conviction serait peut-être bien différente si nous nous avions plusd'éléments. II.

Le seul critère du vrai se trouve dans la réalité et non dans le sujet. A.

Saint Thomas, dans son ouvrage Somme théologique écrit "qu'on définit la vérité par la conformité de l'intellect et de la chose." Le critère de la vérité ne peut donc pas être dans le sujet, ce ne peut en aucun cas être laconviction, qui n'est somme toute qu'un sentiment subjectif, puisque la vérité se définit comme l'accord de lapensée avec la réalité. B.

Or, la conviction est essentiellement subjective, elle est une croyance valable pour le seul sujet et surtout, contrairement à la certitude, elle semble exclure toute critique de pensée, puisqu'elle s'auto engendre.

Bien souvent,la conviction vient pallier l'absence de preuves tangibles, tandis que la certitude s'appuie sur de telles preuves.

Or,le seul moyen alors pour accéder à la vérité serait de se confronter directement à la chose, de sortir de la cavernetelle que l'a décrite Platon dans La République , au livre VII.

Cette allégorie met en scène des hommes enchaînés et immobilisés dans une demeure souterraine qui tournent le dos à l'entrée et ne voient que leurs ombres et cellesprojetées d'objets au loin derrière eux.

Des choses et d'eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées surles murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux.

Des sons, ils ne connaissent que les échos.

Que l'un d'entreeux soit libéré de force et accompagné vers la sortie, il sera d'abord cruellement ébloui par une lumière qu'il n'a pasl'habitude de supporter.

Il souffrira, résistera et ne parviendra pas à percevoir ce que l'on veut lui montrer.

S'ilpersiste, il s'accoutumera.

Il pourra voir le monde dans sa réalité.

Prenant conscience de sa condition antérieure, cen'est qu'en se faisant violence qu'il retournera auprès de ses semblables. C.

Cette allégorie illustre la difficulté qu'il y a pour l'être humain à se confronter à la réalité afin d'atteindre la vérité. Pour être dans le vrai, il ne suffit pas de simplement se fier à ses convictions.

Platon présente au contraire la véritécomme une quête difficile et douloureuse, justement parce que les hommes doivent, pour atteindre leur objectif,renoncer à toutes leurs convictions.

Ils doivent prendre le risque de penser réellement, de remettre en questionleurs convictions les plus solidement ancrées.

La seule chose qui peut nous assurer d'être dans le vrai, c'est de. »

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