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Le corps est-il un obstacle à la sagesse ?

Publié le 30/01/2004

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Le corps et les sens ne forment-ils pas aussi notre être, et par suite ne participent-ils pas à ce qui nous caractérise, la sagesse ? I - La connaissance ne se fait pas par le sensible 1)      La matière entrave l'esprit Sénèque reprend l'affirmation socratique selon laquelle la mort est une libération qui libère l'esprit du corps. Dans cette perspective, corps et esprit semblent bien s'opposer et toute la sagesse possible revenir au seul esprit. Sénèque, Lettres à Lucilius, Lettre 102 :               « Envisage donc sans trembler l'heure critique de cet événement, la dernière heure du corps, mais non de l'âme. Ne vois dans tout ce qui t'environne que du matériel d'hôtellerie ; tu n'es là que de passage. La nature nous fouille au départ comme à l'entrée. On n'a pas le droit d'emporter plus qu'on avait alors avec soi. Que dis-je ? Il te faut abandonner une bonne part de ce que tu avais en arrivant au monde ; on te retirera ce revêtement de peau, suprême enveloppe de ton être, on te retirera cette chair, ce sang qui l'imprègne et circule par tout l'organisme ; on te retirera ces os, ces muscles, pièces de soutien des parties flasques et tombantes. Le jour que tu redoutes comme le dernier de ton existence, c'est le jour de ta naissance à l'éternité.

« Bachelard, La formation de l'esprit scientifique : « Dans la formation d'un esprit scientifique, le premier obstacle, c'estl'expérience première, c'est l'expérience placée avant et au-dessus de lacritique qui, elle, est nécessairement un élément intégrant de l'espritscientifique.

Puisque la critique n'a pas opéré explicitement, l'expériencepremière ne peut, en aucun cas, être un appui sûr.

Nous donnerons denombreuses preuves de la fragilité des connaissances premières, mais noustenons tout de suite à nous opposer nettement à cette philosophie facile, quis'appuie sur un sensualisme plus ou moins franc, plus ou moins romancé, etqui prétend recevoir directement ses leçons d'un donné clair, net, sûr,constant, toujours offert à un esprit toujours ouvert.

» II – Pourtant le corps semble bien participer à la vie intellectuelle etspirituelle de l'individu 1) Toute connaissance s'enracine dans la perception Mes premières expériences proviennent de mon corps. Merleau-Ponty, Signes : « Toute la connaissance, toute la pensée objective vivent de ce fait inaugural que j'ai senti, que j'ai eu,avec cette couleur ou quel que soit le sensible en cause, une existence singulière qui arrêtait d'un coup mon regard,et pourtant lui promettait une série d'expériences indéfinies, concrétion de possibles d'ores et déjà réels dans lescôtés cachés de la chose, laps de durée donnée en une fois.

L'intentionnalité qui relit les moments de monexploration, les aspects de la chose, et les deux séries l'une à l'autre, ce n'est pas l'activité de liaison du sujetspirituel, ni les pures connexions de l'objet, c'est la transition que j'effectue comme sujet charnel d'une phase dumouvement à l'autre, toujours possible pour moi par principe parce que je suis cet animal de perceptions et demouvements qui s'appelle un corps.

» 2) Le corps et l'esprit sont unis dans la création Merleau-Ponty, l'oeil et l'esprit : « Le peintre « apporte son corps », dit Valéry.

Et, en effet, on ne voit pas comment un esprit pourraitpeindre.

C'est en prêtant son corps au monde que le peintre change le monde en peinture.

Pour comprendre cestranssubstantiations, il faut retrouver le corps opérant et actuel, celui qui n'est pas un morceau d'espace, unfaisceau de fonctions, qui est un entrelacs de vision et de mouvement.

» III – L'union du corps et de l'esprit 1) « Une chose qui pense », union de matière et d'esprit Descartes, Méditations métaphysiques, Seconde Méditation : « Mais moi, qui suis-je, maintenant que je suppose qu'il y a quelqu'un qui est extrêmement puissant et, si jel'ose dire, malicieux et rusé, qui emploie toutes ses forces et toute son industrie à me tromper ? Puis-je m'assurerd'avoir la moindre de toutes les choses que j'ai attribuées ci-dessus à la nature corporelle ? [...] Je trouve ici que la pensée est un attribut qui m'appartient : elle seule ne peut être détachée de moi.

Jesuis, j'existe : cela est certain ; mais combien de temps ? A savoir, autant de temps que je pense ; car peut-êtrese pourrait-il faire, si je cessais de penser, que je cesserais en même temps d'être ou d'exister.

» 2) Le corps visible et voyant, medium entre le monde et moi. »

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