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LE COURANT ARISTOTÉLICIEN

Publié le 14/06/2011

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A la fin du XIe siècle, la querelle des universaux remit en honneur un point de la pensée aristotélicienne. PORPHYRE avait ainsi posé le problème : « Quant aux genres et aux espèces, ont-ils un être réel ou seulement idéal, corporel ou incorporel, dans les choses sensibles ou en dehors? « (P.L., 64, 82.) Autrement dit à quelle réalité correspondent les universaux, c'est-à-dire les idées générales ?  Roscelin (1050-1120) enseigne que l'individualité est le tout de la substance : les universaux, ne répondant à rien de réel, sont de simples mots : « flatus vocis «. C'est le nominalisme.  A l'opposé de son maître, Guillaume de Champeaux (1070-1121) pense que l'Universel existe dans la chose de la même façon que dans la pensée : « Une même essence concrète existe tout entière dans tous les individus d'une même espèce, rien ne les distinguant les uns des autres qu'une abondante variété d'accidents. « (COUSIN, Introd. aux ouvrages d'Abélard, XCI.) C'est le réalisme, que CHAMPEAUX abandonne d'ailleurs finalement après les critiques d'Abélard.

  • I. — LA QUERELLE DES UNIVERSAUX.
  • II. — AVERROES ET L'ARISTOTELISME PAIEN.
  • III. — SAINT THOMAS D'AQUIN.
  • IV. — DUNS SCOT ET LA SCOLASTIQUE APRES SAINT THOMAS (XIVe-XVIe s.)

« 2° Théodicée :a) Existence de Dieu.

Contre certains augustiniens (ANSELME, BONAVENTURE...), THOMAS soutient que Dieu nenous est pas immédiatement connu, pour cette raison que toutes nos connaissances tirent leur origine de l'intuitionsensible.

Mais, à partir de celle-ci, on peut s'élever à Dieu, comme de l'oeuvre à l'ouvrier, de l'effet à la cause.b) Attributs.

De ce Dieu, nous savons surtout ce qu'il n'est pas, par négation de toutes les imperfections de lacréature.

Mais nous savons aussi un peu ce qu'il est, grâce au concept d'analogie.

Lorsque je dis que Pierre esthomme et que Paul aussi est homme, je prends le mot « homme » dans un sens identique, univoque.

Lorsqu'aucontraire je nomme « son » aussi bien le sensible propre de l'ouïe que l'enveloppe d'un grain de blé, j'emploie le mêmemot en deux acceptions absolument différentes, équivoques.

Entre l'univocité et l'équivocité, il y a un intermédiaire,la ressemblance, la proportion, l'analogie, par exemple lorsque je qualifie du même adjectif « sain » un homme quipossède la santé et un breuvage qui la maintient.Pour saint THOMAS, lorsque nous appliquons à Dieu une perfection de la créature, par exemple la sagesse, ce n'estni en un sens univoque, ni en un sens équivoque, mais en un sens analogue; car tout effet reflète cause, et, parsuite, « Dieu est dans le même rapport avec ce qui le concerne que la créature avec ce qui lui est propre » (deVeritate, q.

23, art.

7 ad 9).

En particulier, il en est ainsi pour la notion d'être.

L'être n'est pas un genre dont Dieuet les créatures seraient des espèces; c'est un « transcendantal » qui est réalisé différemment, quoiqueanalogiquement, dans les diverses réalités : l'Etre divin est l'Etre par excellence, et les êtres finis ne sont êtres quepar ressemblance, participation de l'Etre infini.

Cette doctrine de l'analogie de l'être permet à saint THOMAS derepousser tout dualisme comme tout panthéisme et de fonder le créationnisme.

Pour lui, contrairement à saintAUGUSTIN, la création « ab aeterno » ou éternité du monde n'est pas contradictoire.. 3° Ontologie.

Seul l'Etre divin est absolument simple.

Les êtres créés sont tous composés, et leur composition apour fondement la division de l'acte et de la puissance, telle que l'impose le fait du mouvement.Cette distinction fondamentale va se retrouver dans toutes les distinctions de l'ontologie thomiste.Du fait de la contingence (par exemple les animaux meurent, donc peuvent ne pas être) se tire la distinction entrece que l'être est et le fait qu'il est, c'est-à-dire entre l'essence et l'existence.Du fait des changements dans un même sujet (par exemple l'eau qui chauffe) se tire la distinction de l'être qui a uneexistence propre (l'eau) et de l'être de surcroît (la chaleur), autrement dit de la substance et des accidents.Du fait des changements de nature des corps (par exemple le sel formé par action d'un acide sur un métal) se tire ladistinction entre un élément indéterminé, support du changement, et un élément qui spécifie le changement, brefentre la matière première et la forme.Toutes ces distinctions ne sont que des applications de la distinction fondamentale de la puissance et de l'acte :l'existence est l'acte de l'essence; l'accident, l'acte (second) de la substance; la forme, l'acte de la matière.

Entrel'accident et la substance, il est manifeste qu'il y a une distinction réelle (c'est-à-dire existant dans la réalité) etnon logique ou de simple raison (c'est-à-dire n'existant que dans l'intelligence qui l'établit).

Les autres distinctionssont de même réelles, en particulier la distinction entre l'essence et l'existence : sinon la créature serait égale àDieu, en qui essence et existence sont réellement identiques. 4° Cosmologie.

Les êtres corporels sont donc composés de matière et de forme.

La forme est ce qui fait, parexemple, que tel végétal est un poirier et non un prunier; quant à ce qui.

fait que ce poirier est tel poirier et non telautre, c'est la portion particulière d'espace qu'il occupe, la grosseur de son tronc et la silhouette de ses branches,bref sa matière.

Autrement dit, la forme est le principe de spécification ; la matière, le principe d'individuation.Il y a une gradation des formes : la forme du corps brut, l'âme végétative, l'âme sensitive, l'âme raisonnable.

Danschaque être se trouve une seule forme.Et, bien que la matière et la forme soient des principes réels, ce qui existe, ce n'est pas, d'un côté la matière, del'autre la forme, mais le composé. 5° Psychologie.

Incapable d'agir à part, l'âme végétative ou animale est par suite incapable d'exister à part.

C'estl'analyse métaphysique de la connaissance rationnelle qui nous montrera s'il en est ainsi de l'âme humaine.Contre l'augustinisme et le platonisme, THOMAS remarque que le point de départ de toutes nos connaissances esttoujours la connaissance particulière, la connaissance sensible.

Pour pouvoir obtenir une connaissance générale, ilfaut ensuite que l'intelligence laisse tomber l'individualité de l'image, c'est-à-dire sa matérialité : telle est l'oeuvre del'intellect agent.

Il reste à l'intelligence à devenir « intentionnellement » la forme ainsi abstraite ou espèce impresse: c'est le rôle de l'intellect possible, dont l'oeuvre s'appelle espèce expresse ou concept.AVERROÈS avait conçu l'intellect agent comme une substance éternelle, unique et séparée, grâce à laquelle chaquehomme connaissait; par suite, il avait nié l'immortalité personnelle et le libre arbitre.

Saint THOMAS lui oppose laconscience que nous avons de notre travail d'abstraction; il présente en conséquence l'intellect agent et l'intellectpossible comme deux fonctions d'une même intelligence individuelle.Dégagée de la matière dans son activité, l'âme humaine l'est aussi dans son être, en vertu de ce principe que «operatio sequitur esse ».

Elle est donc spirituelle, créée à part et immortelle.De plus, elle est libre.

Sans doute, la volonté est déterminée par nature à poursuivre le bien universel et absolu,c'est-à-dire Dieu.

Mais, comme il ne nous est pas actuellement proposé en lui-même, la volonté peut se fixer sur l'undes divers moyens que lui présente la raison de tendre vers lui.

Ainsi nous nous déterminons nous-mêmes, non passans raison suffisante, mais sans raison déterminante.. »

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