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La création artistique est-elle une production technique comme les autres?

Publié le 05/01/2005

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On reconnaîtra une certaine facture, un savoir-faire, une certaine patine que ne possèdent pas les objets ordinaires. L'art a une visée plus haute que la simple satisfaction des désirs, il a un but qui intéresse l'esprit. Pour Hegel dans son Esthétique, L'art dégage la vérité des apparences et la doté d'une réalité plus haute crée par l'esprit lui-même. L'objet existe pour lui-même. La contemplation esthétique ne satisfait que des intérêts spirituels. L'art est au milieu du sensible immédiat et de la pensée pure. Le sensible de l'art n'intéresse que nos sens intellectuels.   2) L'art emploie les mêmes procédés que la production technique.    L'art emploi est une production technique comme les autres notamment en architecture où ce sont les ingénieurs qui sont véritablement artistes. Ainsi les constructions en fer, l'assemblage de poutrelles métallique peut permettre de réaliser de véritable oeuvre d'art comme la Tour Eiffel.

Il s’agit de se demander si le travail opéré dans la création artistique peut ressembler à celui qui est réalisé dans le travail technique, est-ce que les mêmes procédés sont à l’œuvre, est-ce les mêmes matériaux ? Qu’est-ce qui différencie un tailleur de pierre d’un sculpteur ? Parfois le travail technique peut être inclus dans une œuvre d’art, ces mêmes tailleurs de pierre peuvent participer à la construction d’une cathédrale. Les corps de métiers de l’artisanat peuvent participer ensemble à la construction d’un objet d’art. Pour réaliser un meuble, il faut plusieurs corps de métier : marqueterie, ébénisterie, ferronnerie d’art etc. Aussi les métiers techniques sont sollicités pour la création artistique. On voit que la part de création peut apparaître diminuée à la vue de toutes les aides techniques. Bien sûr, cela apparaît comme une évidence dans l’architecture, les arts décoratifs, la sculpture, cela apparaît moins clair pour la peinture et complètement différent pour la littérature, la musique qui ne produisent pas quelque chose de matériel, qui ne font pas appel à des savoir-faire artisanaux. La question aura plus de sens en interrogeant les arts où il y a ambiguïté.

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« formes ou ces sons sensibles, l'art les crée non pour eux-mêmes et tels qu'ils existent dans la réalité immédiate,mais pour la satisfaction d'intérêts spirituels supérieurs ». Si l'on voit alors clairement pourquoi: « l'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure », reste à lever deux objections.

Celle qui fait de l'activité artistique une simple imitation de la nature, ou celle qui ne voit dans l'artqu'un simple jeu d'apparence et d'illusion.Hegel n'a pas de phrases trop dures pour ceux qui font de l'art une simple imitation de la nature.

« Il y a des portraits dont on a dit spirituellement qu'ils sont ressemblants jusqu'à la nausée. » Si l'œuvre n'était qu'une simple copie de la nature, elle n'aurait aucune valeur.

En effet, créer se réduirait à une simple routine, à une habileté,puisque le contenu de l'œuvre et sa matière seraient fournis par le modèle.

L'homme n'y produirait rien de lui-même.

En ce cas, l'homme pourrait « être fier d'avoir inventé le marteau, le clou, car ce sont des inventions originales et non imitées ». De même, voir dans l'œuvre un simple jeu, un simple travail d'illusionniste est méconnaître l'activité artistique.

Endéclarant: « L'art creuse un abîme entre l'apparence et l'illusion de ce monde mauvais et périssable d'une part, et le contenuvrai des événements de l'autre, pour revêtir ces événements et phénomènes d'une réalité plus haute, celle del'esprit. » Hegel retrouve en partie une leçon d' Aristote ; l'art débarrasse les événements réels de leur contingence, de leurs impuretés, d'un fatras de détails, pour en dévoiler l'essence et la vérité.

Ce qu'il y a d'apparence dans l'art n'est pasde l'ordre de l'illusion et du mensonge, mais au contraire, de l'essentiel.

L'art épure le réel (immédiat) pour endévoiler l'essence.La mise en évidence du caractère hautement spirituel de l'art ne reste pas chez Hegel un simple constat théorique.

Outre les analyses d'œuvres présentes dans l'Esthétique, des études d'œuvres littéraires ponctuent tout le secondtome de la « Phénoménologie de l'esprit »: l' « Antigone » de Sophocle , le « Neveu de Rameau » de Diderot , « Michel Kohlhaas » de Kleist ou « Les Brigands » de Schiller servent à étudier les moments à la fois historiques et logiques qui ont présidé à leur création.

Et Hegel se fait fort de démontrer l'intérêt philosophique majeur de telsécrits.Cependant, la richesse et la présentation sensible qu'offre l'art en constituent aussi les limites.

On a vu que « l'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure », c'est-à-dire que: « le contenu d'une œuvre d'art est tel que, tout en étant d'ordre spirituel, il ne peut être représenté que sous une forme naturelle ». Si l'art, en effet, recèle un contenu spirituel, offrant des affinités avec la religion et la philosophie, on a vu qu'ilconsistait à offrir ce contenu sous une forme sensible, objective, au moyen de formes, de couleurs, etc.

L'œuvreprésente une « indivision du sensible et de l'intelligible ». On ne peut, pour parler grossièrement, séparer fond et forme, et l'œuvre n'est pas l'illustration sensible d une idéedéjà là.

Ce qu'a à nous dire Racine n'est pas dissociable de son écriture; il n'y a pas un message préexistant puis un« moyen » de le faire passer.

Les œuvres qui se contentent d'illustrer une thèse sont généralement décevantes et plates.Or cette façon de présenter de façon plus immédiate, plus sensible qu'un ouvrage conceptuel (un traité demétaphysique par exemple) un contenu spirituel, marque à la fois l'intérêt majeur de l'art et ses limites.

En effetd'une part (on y reviendra), il y a des contenus tels que leur expression sensible est inadéquate, d'autre part :«Ce mode de production peut être comparé à celui d'un homme expérimenté qui, tout en connaissant la vie et sescontingences, ne réussit pas à formuler son expérience en règles, mais a toujours devant ses yeux les cas isolésqu'il avait connus tout en étant capable de se livrer à des réflexions générales, (il) ne sait expliciter son expérienceconcrète que dans des récits portant sur des cas isolés. » A l'art fait défaut la généralité ou l'universalité du concept, de la science.

L'art est nécessairement, parce qu'il doitemprunter une forme sensible (telle statue, tel tableau avec tel sujet, telle composition), réduit à la particularité.C'est donc la contradiction entre le contenu de l'art (qui est spirituel) et sa forme (nécessairement sensible) qui enmarquerait les limites.

Hegel l'exprime avec la plus grande clarté.

« Toute notre culture est devenue telle qu'elle est dominée tout entière par la règle générale, par la loi.

C'estdevenu pour notre intelligence une habitude, presque une seconde nature, de définir le particulier d'après desprincipes généraux; devoir, droit, principe, maxime, etc.

Ce que nous exigeons d'une oeuvre d'art, c'est qu'elleparticipe à la vie, et nous exigeons de l'art en général qu'il ne soit pas dominé par des abstractions telles que la loi,le droit, la maxime, que la généralité qui s'y exprime ne soit pas étrangère au coeur, au sentiment, que l'image existedans l'imagination sous forme concrète.

» Il y a une contradiction entre notre culture et l'art.

Si l'art est « une chose du passé », ce n'est pas que l'art n'existe plus, ne soit plus intéressant.

Mais le contenu de notre culture (essentiellement abstraite et générale), denotre religion (le contenu du christianisme, ou de tout monothéisme est inapte à l'expression sensible, d'où le secondcommandement), est impropre au mode d'exposition artistique.

Ce qui signifie que l'art, s'il est un mode d'expressionde la vérité, du spirituel, un moyen pour l'homme de prendre conscience de lui-même et de ses intérêts, l'art donc,n'est pas le mode d'expression le plus haut de la vérité.

L'intérêt du discours hégélien est de souligner contre un certain nombre de conceptions courantes (encoreaujourd'hui) la haute valeur spirituelle de l'art.

Celui-ci est un moyen pour l'homme de donner une forme objective,sensible à ses conceptions, ses interrogations sur lui-même.

Il participe directement de la vérité.Cette leçon est à retenir devant l'irruption de ce qu'on nomme culture de masse aussi bien que devant le « marché. »

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