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La création d'une oeuvre d'art est-elle un travail ?

Publié le 25/09/2005

Extrait du document

travail
L'artiste est plutôt un forçat de son art, un « horrible travailleur » que cette créature efféminée qu'est Narcisse :        « Il arrive [le poète] à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu'il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables : viendront d'autre horribles travailleurs : ils commenceront par les horizons où l'autre s'est affaissé » (Rimbaud, Lettre à Paul Demeny, 15 mai 1871). Ainsi nous pouvons considérer l'art comme une activité de production d'artefacts par un travail intense, solitaire, travail qui génère des créations originales. Comme l'écrivait Nietzsche : "Tous les grands hommes étaient de grands travailleurs, infatigables quand il s'agissait d'inventer, mais aussi de rejeter, de trier, de remanier, d'arranger" NIETZSCHE (Humain, trop humain, I, Chap. IV, aph. 162). L'activité artistique semble donc assimilable au travail, car elle peut nous apparaître comme une outrance du travail lui-même, et non comme une activité intrinsèquement distincte. II.               Intrinsèquement, l'activité artistique est distincte du travail a.      Le travail, moyen de nourrir le cycle de création/destruction de la vie Cependant, nous ne pouvons nous en tenir à cette conclusion. En effet, si l'activité artistique produit des artefacts au même titre que le travail, une distinction un peu fine de la nature de ces produits interdit d'assimiler les activités qui leur donnent naissance.
Lorsque nous parlons d’activité artistique, nous désignons l’activité par laquelle un homme travaille une matière (que ce soit celle des sons, des couleurs, de la pierre ou des mots) pour mettre au jour une forme qui matérialise un projet et une vérité intime. Nous ne confondons nullement l’activité artistique et l’activité de l’artisan, dans la mesure où elles semblent absolument distinctes : alors que l’activité artistique n’est régie par aucune règle transcendante, celle de l’artisan est toute entière déterminée par des normes extérieures, notamment par la finalité utilitaire qui est toujours celle des produits qu’il génère.
 
Le terme « travail « désigne toute activité exercée en vue d’obtenir un résultat utile, c'est-à-dire servant valablement de moyen à la réalisation d’une fin. Plus spécifiquement, il est l’ensemble des activités accomplies par l’homme pour produire des biens et des services en contrepartie desquels il est rémunéré.
 
Lorsqu’une chose est assimilable à une autre, cela signifie qu’elle peut à bon droit être considérée comme semblable. Ainsi, lorsque nous assimilons deux choses, cela signifie à proprement parler que nous les rendons « similaires «, à savoir que nous leur découvrons des caractères communs. Deux choses assimilables sont plus identiques que deux choses comparables. Alors que deux choses comparables ont une identité propre, avec des points de comparaisons qui autorisent leur rapprochement, deux choses assimilables sont deux choses que l’on peut confondre l’une avec l’autre, en raison de l’extrême proximité de leurs caractères propres.
 
Ainsi, en nous demandant si l’activité artistique est assimilable au travail, nous nous demandons en vérité si l’activité artistique est entièrement comparable au travail, de sorte qu’à bon droit nous pouvons affirmer qu’il s’agit en vérité de la même chose. A première vue, il semble bien que l’activité artistique est assimilable au travail, car ces deux activités sont productrices, elles entraînent le passage à l’être d’un quelque chose qui sans elles ne serait jamais advenu. Néanmoins, peut-être existe-t-il des différences de nature et de finalité de ces deux activités qui interdit leur totale assimilation.
 
La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si la comparaison de la nature respective de l’activité artistique et du travail autorise une identification de ces deux activités. 
 

travail

« technique de dessein par l'intermédiaire de l'enseignement d'un maître.

Par conséquent, nous dirons que l'activitéartistique est assimilable au travail en raison de l'identité de leurs fins et de leurs procès.

b.

L'activité artistique, forme hypertrophiée du travail ? Allant plus loin, nous nous demanderons même si l'activité artistique ne constituerait pas une forme hypertrophiée dutravail.

Les deux activités seraient alors comparables, en raison de l'identité de leur nature profonde, l'activitéartistique n'étant qu'un travail plus intense et exigeant que le travail producteur de valeurs d'usage.

En effet, l'activité artistique réclame de l'artiste un labeur harassant pour modeler la matière, l'informer selon sa propreconception du monde.

L'artiste est plutôt un forçat de son art, un « horrible travailleur » que cette créatureefféminée qu'est Narcisse : « Il arrive [le poète] à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues !Qu'il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables : viendront d'autre horriblestravailleurs : ils commenceront par les horizons où l'autre s'est affaissé » (Rimbaud, Lettre à Paul Demeny, 15 mai 1871). Ainsi nous pouvons considérer l'art comme une activité de productiond'artefacts par un travail intense, solitaire, travail qui génère des créationsoriginales.

Comme l'écrivait Nietzsche :"Tous les grands hommes étaient de grands travailleurs, infatigables quand ils'agissait d'inventer, mais aussi de rejeter, de trier, de remanier, d'arranger " NIETZSCHE ( Humain, trop humain , I, Chap.

IV, aph.

162). L'activité artistique semble donc assimilable au travail, car elle peut nousapparaître comme une outrance du travail lui-même, et non comme uneactivité intrinsèquement distincte.

II.

Intrinsèquement, l'activité artistique est distincte du travail a.

Le travail, moyen de nourrir le cycle de création/destruction de la vie Cependant, nous ne pouvons nous en tenir à cette conclusion.

En effet, sil'activité artistique produit des artefacts au même titre que le travail, une distinction un peu fine de la nature de ces produits interdit d'assimiler les activités qui leur donnent naissance.

Dansson ouvrage Conditions de l'Homme moderne , chapitre III, « Le Travail », Hannah Arendt montre bien la différence des produits du travail et de l'activité artistique : « Tout ce que produit le travail est fait pour être absorbé presque immédiatement dans le processus vital, et cette consommation, régénérant le processus vital, produit – ou plutôt reproduit- une nouvelle « force detravail », nécessaire à l'entretien du corps.

Du point de vue des exigences du processus vital, de la « nécessité desubsister », comme disait Locke, le travail et la consommation se suivent de si près qu'ils constituent presque unseul et même mouvement qui, à peine terminé, doit se recommencer ».

Conditions de l'homme moderne , p.

145- 6.

Ce que nous montre ce texte, c'est que les produits du travail sont consommables, non permanents, soumis audevenir, nécessaires à la vie mais incapables de durer.

b.

L'activité artistique, moyen de produire des œuvres échappant au devenir A l'inverse, Hannah Arendt définit dans « Condition de l'homme moderne » l'œuvre comme l'artefact qui échappe audevenir, c'est-à-dire, comme un artefact pérenne, par opposition aux productions du travail qui ne visent qu'à lareproduction de l'énergie humaine et sont constamment détruites, puis de nouveau produites, au cours du cycleininterrompu de la vie.

De cette distinction entre la nature des produits du travail et de l'activité artistique nouspouvons inférer une distinction entre ces deux activités.

Si l'activité artistique produit des artefacts qui prétendent. »

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