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Crise et progrès s'excluent-ils toujours l'un l'autre ?

Publié le 03/01/2004

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Le sens commun tient volontiers la crise pour un phénomène uniquement négatif, une période de régression ; le plus souvent d'ailleurs sans avoir aucune idée claire de ce qu'il faut entendre par crise. Inversement, comme le faisait remarquer Cournot, la croyance dans le progrès prend des allures de foi religieuse. Une analyse concrète et approfondie des notions communes de crise et de progrès montrera que ces notions ne sauraient suffire à nous fournir des concepts adéquats pour penser les rapports entre crise et progrès. On se souviendra que l'histoire, dans de multiples domaines, offre des exemples de crise ayant permis de spectaculaires avancées ; mais on évitera aussi de s'en tenir à une simple énumération de contre-exemples.

  • I) Crise et progrès s'excluent l'un l'autre.

a) Les crises sont des retours en arrière. b) Les crises sont synonymes de destruction. c) Le progrès est synonyme d'ordre.

  • II) Crise et progrès ne s'excluent pas l'un l'autre.

a) L'histoire progresse par crises et par ruptures. b) Les crise sont libératrices. c) La crise est un signe d'adaptation.

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« "Pour bien connaître les faits et les voir à leur vraie place, il fautêtre placé au sommet - non les regarder d'en bas, par le trou dela serrure de la moralité ou de quelque autre sagesse." Hegel, LaRaison dans l'histoire, 1830. L'histoire a un sens.

Elle se sert des individus pour réaliser ses fins.Certains personnages historiques jouent un rôle essentiel parce qu'ilsdoivent être considérés comme "les hommes d'affaire du Génie del'univers".

Ce qui se fait de grand dans l'histoire se fait grâce auxpassions humaines que l'Esprit utilise comme une ruse.

Pour saisir lemouvement de l'histoire, il ne faut pas se contenter d'inventorier lesfaits, il faut parvenir à une certaine hauteur de vue où chaqueévénement prend son éclairage et sa vérité.

Le sens de l'histoire netient pas compte des principes de la morale, mais l'histoire se sert deshommes pour traduire dans les faits le progrès de la conscience vers laliberté. Les crises font progresser l'humanitéMarx s'inspire de la conception de l'histoire de Hegel, sauf que, pour lui,ce ne sont pas les crises des idées qui font progresser l'histoire, maiscelles des rapports économiques.

A chaque stade de l'histoirecorrespond un mode particulier de rapports économiques et sociaux. Lorsqu'un ordre économique ancien est remplacé par un nouveau, il y a une crise (une révolution) quidébouche sur un progrès (l'émancipation des travailleurs). Puisque « la production économique et la structure sociale qui en résulte nécessairement forment, à chaque époque, la base de l'histoire politique et intellectuelle de l'époque », le « Manifeste » affirme que « toute l'histoire a été une histoire de lutte de classes ».

Mais la démonstration à laquelle se livre Marx ne s'arrête pas là: rendant intelligible le passé de l'humanité, elle en annonce également l'inéluctable avenir.

Eneffet, « Cette lutte a actuellement atteint une étape où la classe opprimée et exploitée (le prolétariat) ne peut plus se libérer de la classe qui l'exploite et l'opprime sans libérer en même temps et pour toujours lasociété entière de l'exploitation, de l'oppression et des luttes de classes.

» Réfutant un certain nombre d'interprétation fautives du Marx isme, Lénine affirme dans « L‘Etat & la Révolution » que l'oeuvre de Marx ne saurait se limiter à cette seule découverte de la lutte des classes : l'idée de la « lutte des classes » n'est rien en effet si on ne la combine pas à celle de « dictature du prolétariat ».

Elle reste pourtant l'un des concepts clés de la théorie Marx iste et Lénine le reconnaissait bien qui, dans un texte de 1914 consacré à Marx déclarait : « Que, dans une société donnée, les aspirations des uns aillent à l'encontre de celles des autres, que la vie sociale soit pleine de contradictions, que l'histoire nousmontre une lutte entre les peuples et les sociétés, aussi bien qu'en leur sein, qu'elle nous montre en outre unealternance de périodes de révolutions et de périodes de réaction, de guerres et de paix, de stagnation et deprogrès rapide ou de déclin, ce sont là des faits universellement connus.

Le Marx isme a fourni le fil conducteur qui permet de découvrir l'existence de lois dans ce labyrinthe et ce chaos apparents : c'est lathéorie de la lutte des classes.

» La théorie de la lutte des classes est donc, aux yeux d' Engels , l'idée maîtresse de Marx comme elle est, aux yeux de Lénine , le fil conducteur qui permet de comprendre l'histoire humaine.

C'est sur elle en tout cas que s'ouvre le texte du « Manifeste ». Ce que pose en son début ce texte est bien une règle d'interprétation générale de l'histoire. Quelle que soit l'époque que l'on considère, la société est en effet le lieu du conflit –ouvert ou dissimulé- quese livrent oppresseurs et opprimés : « Hommes libres et esclaves, patricien et plébéien, baron et serf, maîtred'un corps de métier et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont menéune guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par unetransformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction de deux classes en lutte.

». »

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