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Les critères de la vérité ?

Publié le 12/02/2004

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Nous voilà perdu dans ce que Descartes appelle « l'océan du doute ». Je dois feindre que tout ce qui m'entoure n'est qu'illusion, que mon corps n'existe pas, et que tout ce que je pense, imagine, sens, me remémore est faux. Ce doute est radical, total, exorbitant. Quelque chose peut-il résister ? Vais-je me noyer dans cet océan ? Où trouver « le roc ou l'argile » sur quoi tout reconstruire ? On mesure ici les exigences de rigueur et de radicalité de notre auteur, et à quel point il a pris acte de la suspicion que la révolution galiléenne avait jetée sur les sens (qui nous ont assuré que le soleil tournait autour de la Terre) et sur ce que la science avait cru pouvoir démontrer.« Mais aussitôt après je pris garde que, cependant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette vérité : je pense donc je suis, était si ferme et si assurée, que les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. »Il y a un fait qui échappe au doute ; mon existence comme pensée.

« sentiment d'évidence, une impression.

Mais devons-nous accorder à cette impression une valeur absolu ? Descartes a senti la difficulté puisque après avoir affirmé que nos idées claires & distinctes sont vraies il reconnaît « qu'il y a quelque difficulté à bien remarquer quelles sont celles que nous concevonsdistinctement ». En fait, l'impression vécue de certitude n'est pas suffisante pourcaractériser le jugement vrai.

Car on peut se croire dans le vrai et cependant se tromper.

Je veux éprouver un sentiment très fort et trèssincère de certitude et pourtant être dans l'erreur.

C'est une graveobjection à la théorie de l'évidence-vérité. Comment distinguer les fausses évidences et les vraies évidences,C'est ici qu'un critère serait nécessaire.

Descartes disait Leibniz , « a logé la vérité à l'hostellerie de l'évidence mais il a négligé de nous endonner l'adresse ».

Souvent les passions, les préjugés, les traditions fournissent des contrefaçons d'évidence.

Nous avons tendance à tenirpour claires & distinctes les opinions qui nous sont les plus familières,celles auxquelles nous sommes habitués.

Les idées claires trop clairessont souvent des « idées mortes ».

En revanche, les idées nouvelles, révolutionnaires, ont du mal à se faire accepter.

Au nom de l'évidencede la prétendue évidence, c'est-à-dire des traditions bien établies etdes pensées coutumières, les penseurs officiels, installés dans leurconformisme, ont toujours critiqué les grands créateurs d'idées neuves. La vérification expérimentale La deuxième objection concerne les propositions qui ont un contenu empirique, c'est-à-dire qui se rapportentà des faits.

Comment l'évidence pourrait-elle être pour elles un critère? Les lois de la physique sont peut-êtrevraies, mais elles ne comportent aucune évidence, au sens où il ne suffit pas de comprendre ce qu'ellessignifient pour savoir qu'elles sont vraies.

On peut affirmer sans absurdité des lois différentes2: même si ellesne sont pas vraies, elles sont concevables.

Dès lors, la seule façon, semble-t-il, d'établir la vérité despropositions empiriques est de les vérifier expérimentalement.Mais surgissent alors de nouveaux problèmes.

Et d'abord, s'agit-il d'une «vérification» au sens propre? Kantremarquait avec raison que les lois de la nature sont universelles (elles valent non seulement pourl'expérience passée, mais pour l'expérience future et même pour l'expérience possible).

Comment uneexpérience, qui est toujours particulière, pourrait-elle rendre vrai un énoncé universel? Si j'affirme comme uneloi de la nature valable universellement que tous les corbeaux sont noirs, le fait d'observer une famille decorbeaux noirs ne prouvera pas que la loi est vraie.

Tout au plus le confirmera-t-elle...

jusqu'à preuve ducontraire, c'est-à-dire jusqu'à ce que quelqu'un observe des corbeaux blancs, ce qui reste toujourspossible3.

Il ne faut donc pas confondre une preuve, qui établit la vérité d'une théorie ou d'un énoncé, avecune confirmation, qui montre que, jusqu'à présent, cette théorie ou cet énoncé n'ont pas été démentis. Une conception non dogmatique de la vérité Il semblerait alors que, excepté le domaine purement formel de la logique, aucune vérité ne soit certaine etqu'il soit nécessaire de se contenter de ce qui est vraisemblable.

Cette solution paraît de prime aborddécevante: elle ne satisfait évidemment pas notre désir de certitude.

Mais c'est précisément de lui dont noussommes invités alors à nous méfier.

Car il nous conduit à recevoir pour vrai ce qui ne l'est pas, ou en toutcas ce dont nous ne savons pas encore si c'est ou non une vérité. Autrement dit, il nous conduit au dogmatisme: à l'affirmation sans examen suffisant et approfondi de ce qui prétendà la vérité.

Il faut ici, plus que jamais, écouter la leçon de Socrate: il vaut mieux savoir que nous ne savons rien,plutôt que de croire faussement savoir quelque chose.Nous sommes alors renvoyés au problème du statut de la croyance: quel rapport entretient-elle avec la vérité?Représente-t-elle un obstacle à la vérité? En est-elle, au contraire, un substitut faute de mieux? Existe-t-il enfin,des formes de croyances qui peuvent prétendre à une vérité d'un autre type, non démontrable et non vérifiable? SECONDE CORRECTION ANALYSE ET PROBLEMATISATION DU SUJET. § La vérité semble se définir de prime abord comme la correspondance entre l'idée que l'on a sur unechose et la réalité de cette chose, c'est-à-dire plus précisément comme la conformité du discours àun objet réel.

Dès lors la vérité prend appui sur la réalité même et cette réalité, devant faire l'objetd'un discours adéquat, doit avoir elle-même intrinsèquement un critère de vérité.

Or, si la réalité doitavoir un tel critère, il semble que la vérité soit alors changeante, au sens où s'appuyant sur unemonde sensible en devenir, elle doit nécessairement être elle-aussi en devenir.

Dès lors, il semble quela vérité soit changeante, au même titre que le monde sensible, dans la mesure où elle prend appui. »

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