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La croyance en l'inconscient relève-t-elle d'un acte religieux ?

Publié le 31/01/2004

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* La psychanalyse freudienne accorde une grande importance à l'étude des rêves, des lapsus et des actes manqués, qu'elle considère comme des manifestations travesties de l'inconscient. * Certains philosophes nient l'existence de l'inconscient. Alain, par exemple, y voit une dangereuse valorisation de nos pulsions et de nos instincts, tandis que Sartre lui substitue la notion de mauvaise foi. Le terme "croyance" renvoie en son sens ordinaire à la disposition de l'esprit qui adhère à une opinion, une doctrine, etc., ou encore à une adhésion incertaine par opposition au savoir. Ainsi, si l'on croit en un inconscient, cela signifie que la psychanalyse, comme théorie qui se fonde sur l'hypothèse de l'existence d'un inconscient psychique, ne se distingue pas d'une opinion ou d'une doctrine, d'une idéologie. Elle ne peut alors plus prétendre à aucune scientificité, puisque par principe, la science rompt avec la croyance en proposant des preuves de ce qu'elle avance ou en les recherchant. La psychanalyse ne pourrait alors pas être considérée comme un savoir. Or Freud a toujours affirmé que la psychanalyse devait avoir un statut de science et qu'il existait de nombreuses preuves de l'existence d'un inconscient psychique. Quant à l'expression "acte religieux", elle renvoie à la définition de la religion dans ses pratiques.

On peut d’abord dire que l’existence de quelque chose comme « l’inconscient « ne va pas de soi, il n’existe pas comme cet arbre ou cette personne. Ainsi l’inconscient est différent d’une chose réelle, il porte sur des phénomènes spécifiques, des comportements ou des modes de pensées. « In-conscient « : on constate déjà dans la structure du terme un rapport d’essentiel éloignement avec le phénomène de la conscience, éloignement qui s’instaure au sein de la subjectivité. Ainsi l’inconscient détermine l’existence d’un autre en moi. Mais l’homme n’a pas forcément la possibilité de saisir cet autre, ce sens en lui qui s’exprime à son insu. Dès lors on comprend que le « Moi « (la conscience) n’est pas maître dans sa propre maison, selon l’expression de Freud. L’inconscient est-il l’ennemi de notre liberté au point de déterminer nos actes et nos pensées ? Ainsi l’inconscient est-il compatible avec la foi en un Dieu chrétien par exemple qui nous a créés libres ? Encore, cet Autre absolu en soi n’est-il pas l’indice fondamental d’une présence surhumaine ? 

« Oui, cela est vrai de l'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux - ou doux et amer - poison.

Maisde l'autre, qui a été élevé dans la sobriété ? Peut-être celui qui ne souffre d'aucune névrose n'a-t-il pasbesoin d'ivresse pour étourdir celle-ci.Sans aucun doute l'homme alors se trouvera dans une situation difficile ; il sera contraint de s'avouertoute sa détresse, sa petitesse dans l'ensemble de l'univers.Il ne sera plus le centre de la création, l'objet des tendres soins d'une providence bénévole.

Il se trouveradans la même situation qu'un enfant qui a quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avaitchaud.Mais le stade de l'infantilisme n'est-il pas destiné à être dépassé ? L'homme ne peut pas éternellementdemeurer un enfant, il lui faut enfin s'aventurer dans l'univers hostile.On peut appeler cela "l'éducation en vue de la réalité " ; ai-je besoin de vous dire que mon unique dessein,en écrivant cette étude, est d'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de réaliser ce progrès ?FREUD.

ÉLÉMENTS D'EXPLICATION • Freud dit de la religion qu'elle est une illusion « Ce qui caractérise l'illusion, c'est d'être dérivée des désirshumains».

Dans la croyance religieuse comme dans toute croyance, «la réalisation d'un désir est prévalente».

Laforce d'une croyance est proportionnelle à la force desdésirs qu'elle satisfait dans l'imaginaire. • L'illusion religieuse satisfait un désir très archaïque et très puissant: celui d'être protégé en étant aimé.

Toutenfant a connu l'état de détresse (impuissance à satisfaire par soi-même ses besoins) dont la protection parentalepermet d'apaiser l'angoisse.

Cette «impression terrifiante » dure toute la vie.

Par ailleurs, la nature reste toujoursmenaçante (maladie, conscience du temps et de la mort), et la vie sociale, imparfaite, contraignante, estnécessaire pour s'opposer à cette menace.

La croyance en un Être suprême (Dieu), qui-4irige avec bienveillance lecours des événements (Providence), n'abandonne pas ses créatures, récompense le juste dans l'au-delà(immortalité de l'âme), etc., doit être comprise sur le modèle des rapports entre un enfant et ses parents. • «La religion serait la névrose obsessionnelle universelle de l'humanité ; elle dérive du complexe d'Œdipe, desrapports de l'enfant au père.

» Une névrose est une affection psychologique qui, selon Freud, a ses racines dansl'histoire infantile du sujet.

Comme la névrose obsessionnelle, la religion se compose de la répétition de pratiques(rites, cérémonies), d'images, de mots (prières, etc.) que les croyants s'imposent et qui calment l'angoisse.

D'oùl'idée d'ivresse.

Selon Freud, l'acceptation par le vrai croyant de la névrose universelle « le dispense de la tâche dese créer une névrose personnelle ». • Une illusion ne se réfute pas comme une erreur à laquelle on ne tient pas.

Seule une « éducation en vue de laréalité » permettrait de donner conscience de la situation réelle de l'homme dans la réalité.

L'essai d'une telleéducation non religieuse «vaut d'être tenté»; on peut espérer que l'homme, «en concentrant sur la vie terrestretoutes ses énergies libérées parviendra à rendre la vie supportable à tous et [que] la civilisation n'écrasera pluspersonne».

La science n'est pas une illusion, elle augmente notre puissance et peut limiter la détresse de l'hommedans l'univers.• Texte tiré de l'Avenir d'une illusion, 1927, tr.

fr.

1971, p.

69-70. • La critique de la religion par Marx, bien qu'elle se situe sur un autre plan, n'est pas sans analogie avec l'analysepsychologique conduite par Freud.

Selon Marx en effet :- La religion est «bonheur illusoire du peuple».

Elle le console de sa misère sociale par l'espérance d'un au-delàheureux.

Elle-^st donc « l'opium du peuple» qui rend supportable le malheur des hommes dans des sociétés injustes.- Mais l'opium ne guérit pas, il calme et endort les souffrances.

C'est pourquoi il faudrait détruire moins la religionque ce qui la rend inévitable : des conditions sociales qui expliquent son importance.

«Exiger que le peuple renonceà ses illusions sur sa condition, c'est exiger qu'il abandonne une condition qui a besoin d'illusions ».- Autrement dit, Marx critique la religion qui abuse l'homme, « non pas pour que l'homme porte ses chaînesprosaïques et désolantes, mais pour qu'il secoue ses chaînes et cueille la fleur vivante», qu'il transforme la réalitésociale où il ne survit que grâce à des illusions pour construire un monde où serait possible un bonheur réel. Dans ce texte Freud oppose la religion qu'il qualifie d'infantile et de névrotique à l'idéal qu'il espère pour l'humanité :celui, en l'occurrence, de donner naissance à un être capable, par son progrès, de dépasser l'infantilisme du besoinreligieux. La problématique qui sous-tend ce texte est donc celle de savoir si oui ou non la religion est de l'ordre de l'enfance. A - LA POSITION DU PROBLÈME : 1ERE PHRASE. Freud visiblement répond à un interlocuteur qui pense que la religion est incontournable, car, dit-il, l'homme a besoinde consolation.. »

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