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La culture est-elle ce qui nous unit ou ce qui nous sépare ?

Publié le 05/11/2010

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Ainsi pour le partisan du «tout-culturel«, il n'y a pas de ségrégation entre les divers moyens d'expression, chacun vaut l'autre, le tag vaut la Joconde, la culture rock est sublime, le moindre produit de consommation courante devient culturel, du hamburger sorti tout droit des usines MacDo au dernier clip de Mylène Farmer... Pourquoi choisir ?

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« On peut naturellement penser qu'il s'agit de commerce (de marketing comme on disait naguère ou de mercantilismecomme on devrait dire) et que les gens avisés qui inondent le monde de leurs produits ne le font ni au nom de laculture ni en celui de l'uniformisation en vue du bonheur collectif, mais plus modestement (?) en vue du saint tiroir-caisse.

On imagine la culture plus désintéressée.

Quant à l'union prétendue, elle semble davantage imposée que choisie.

Ilexiste d'ailleurs des îlots de résistance qui, de par le monde, tentent de refuser l'invasion en se raidissant dans leursparticularismes locaux.

C'est le cas des pays musulmans qui, dans un élan unanime se ressaisissent désormais pourlutter contre l'importation du bonheur à l'occidental.

Il s'agit d'abord de dire non à coca-cola et aux valeurs de cetype, pour la défense d'une identité culturelle jugée menacée.

On peut comprendre de telles réactions et mêmedans un premier temps, les juger tout à fait légitimes...

Dans le temps suivant, les choses tendent à s'aggravernettement ; et le prétendu choc des cultures se transforme en un gigantesque duel entre le diable et le bon dieu,les valeurs spirituelles et le grand Satan occidental...

Les pays menacés vont chercher dans leurs culturesrespectives tout ce qu'elles avaient oublié et redécouvrent en s'émerveillant les vertus du foulard et du voileislamiques, les plaisirs de la lapidation (c'est toujours la femme adultère qui est devant) et ceux de la décapitation,mutilation et autres formes de lynchages...

La culture devient ainsi le prétexte à ressortir du magasin desaccessoires où on les croyait enfouies, des mesures moyen-âgeuses qui renouent étrangement avec la barbariearchaïque.

Dans ce match entre MacDonald (ou Disneyland) et les ayatollahs, l'intellectuel moyen se voit coincédans une situation bien périlleuse et obligé de choisir, du bout des lèvres, ce qui lui semble le «moins pire»...(Rambo, au cinéma, est moins dangereux, somme toute, que des «vrais» terroristes).

Reste néanmoins l'essentiel :dans les deux cas il ne s'agit pas de culture. Admettons, du bout du doigt, qu'il s'agisse, à la rigueur, de cultures (le pluriel s'impose) qui renvoient à un passé, àdes traditions, des moeurs spéciales que l'on croyait condamnées de façon irréversible par l'évolution du monde etdes progrès de l'esprit humain.

Notre époque nous prouve, hélas, qu'il n'en est rien.

Et l'intellectuel dépité, deconstater qu'à cause de certains, aux idées très larges, la barbarie revient dans le wagon des (prétendues) cultures: au nom du respect (ô combien sympathique) des différences, les bons esprits se demandent s'il n'est pas licite,dans les pays islamiques, que chacun fasse ce que bon lui semble sans que l'Occident, au nom de prétendus droitsde l'homme, mette son nez dans ces affaires.

Culture différente, coutume différente, tout est respectable.

Ainsi letrès respectable et très démocratique monsieur Alain Peyrefitte trouvait, au nom de la culture chinoise spécifique,tout à fait «normaux» les événements de la place Tien-An-Men à Pékin (quelques morts, répression féroce,emprisonnements...) au nom, bien sûr, de la différence (démocratie, culture occidentale, pas bonne pour Chinois).

Ainsi on peut continuer, danscertains pays d'Afrique noire (et d'ailleurs) à exciser les petites filles au nom du droit à la différence et des culturesplurielles ou à maltraiter les femmes et les enfants.

Respecter les cultures s'impose.

En ce sens les culturesdeviennent le royaume de la division, des agressions, des affrontements, la porte ouverte à tous les crimes.

Ainsi aunom de la culture nazie (aussi respectable qu'une autre) on pourra tolérer Auschwitz et Dachau, comme on pourra,au nom de la culture ayatollienne, tolérer qu'on tire le Rushdie comme on tire la tourterelle dans le Médoc (toujoursau nom de la culture et du patrimoine collectif).

Grâce à ces exemples, on voit bien (on l'espère !) ce qu'il y ad'intolérable dans ce point de vue et qui ne saurait être soutenu sans une part de mauvaise foi et, somme toute,beaucoup de mépris pour les peuples concernés.

Les droits de l'homme, ni la démocratie, ni le respect des femmeset des enfants, ne sont des valeurs occidentales dépendant d'on ne sait quels particularismes locaux, ce sont toutsimplement des valeurs universelles qui n'ont de cesse de se répandre partout, car chacun ne peut qu'en profiter.Ainsi les autres valeurs, comme la Beauté par exemple, que l'Art peut mettre à jour.

Ici ce ne sont plus les culturesqui sont en cause ; mais ce qu'il faut bien nommer la culture (la majuscule est inutile). Là encore, on pourra distinguer deux acceptions de ce mot : le premier, évoqué dans le texte de Jacques Rigaud,concerne «un état individuel et collectif», «la relation de l'homme au patrimoine de la civilisation».

C'est, d'après letexte, le sens du siècle des Lumières ; sens très largement répandu aujourd'hui encore, d'ailleurs.

La culture,envisagée ainsi, concerne les connaissances de chacun ou du groupe auquel il appartient : elle peut même sequantifier, se mesurer (on pratique ainsi, dans certains établissements scolaires ou dans certains concours, des«tests» dits «culturels» qui mesurent les connaissances de chacun) ; on peut parler à ce propos de «culturegénérale».

L'homme de culture («l'honnête homme» du XVIIe siècle) est celui qui a des lumières sur quasiment tousles sujets : on pourra même distinguer des cultures spécifiques à l'intérieur du grand tout et on évoquera alors laculture littéraire par exemple, la culture artistique (avec ses sous-ensembles : picturale, musicale,cinématographique, théâtrale, etc.), la culture scientifique...

Les petits plaisantins ne manqueront pas d'ajouter laculture physique (peut-on en revanche parler sérieusement de «culture sportive» ? Quelle nuance y a-t-il entre connaissance spécifique dans un domaine particulier et l'usage du mot«culture» pour désigner lesdites connaissances ? Peut-on évoquer une culture politique, religieuse, gastronomique,philatélique ?).

Les plus «cultivés» évoqueront même la fin de Candide et l'aphorisme final sur le jardin à cultiver (le «jardin» pouvant être aussi métaphore de l'esprit)...

Cette culture-là est fortement valorisée dans nos sociétés carelle peut rapporter gros : de la considération d'abord, de l'argent ensuite (jeux télévisés dits culturels : «Questionspour un champion» !, réusee à des examens et concours).

De concep-tion certes superficielle, mais assez répandue,cette culture est un facteur d'union : on se retrouve de connivence avec ceux qui savent les mêmes choses quenous ; il existe une confrérie de la culture, une franc-maçonnerie de la connaissance : usage d'un vocabulairecommun, allu-sions sous forme de clins d'ceil à des textes, à des ceuvres célèbres, références à un patrimoinecommun de l'humanité.

Ainsi, outre les chaînes dites généralistes (c'est-à-dire produisant et cultivant l'imbécil-lité à. »

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