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Est-ce dans l'action que l'on est libre ?

Publié le 01/09/2005

Extrait du document

- Kant, Critique de la raison pratique + Métaphysique des moeurs.  Liberté du sujet rationnel, ou libre arbitre : pouvoir de choix ou de décision qui repose sur le rôle du jugement dans la détermination de la volonté à agir d'une manière plutôt que d'une autre. - Descartes, Méditations Métaphysiques, Méd. IV. + Lettre à Elisabeth de janvier 1646 + Principes de la philosophie, §32-43.  Liberté psychologique : comprise à partir de l'individualité psychologique d'un homme, cette conception de la liberté pourrait se résumer ainsi « être soi-même » en toute circonstance. - Bergson, Essais sur les données immédiates de la conscience.  Liberté politique ou civile : définie comme le fait d'un homme vivant en société et plus particulièrement du citoyen jouissant de certains devoirs qui sont exigés de lui, la liberté politique prend son sens positif par opposition à toutes les formes de servitude ou d'oppression que des hommes font subir à d'autres hommes. - Spinoza, Ethique, IV, pro. 73.

 

  • Angles d’analyse

     Il est nécessaire de comprendre d’emblée qu’affirmer que c’est dans l’action que l’on est libre c’est penser qu’il ne peut pas y avoir de liberté en dehors de l’action. Il faut donc, pour comprendre le sens de la question qui vous est posée, vous interroger sur les rapports entre l’action et la liberté.   Il s’agira donc de se demander si l’action est, à juste titre – c’est-à-dire légitimement – la condition de possibilité exclusive de la liberté humaine.   Il faudra donc nécessaire aller vers une définition de plus en plus précise de l’action, mais a fortiori aussi de la liberté. Cette problématique engage de manière forte une théorie de l’action comme seul moyen de se « rendre libre «, par opposition à une théorie intellectualiste de la liberté. Bref, affirmer que c’est dans l’action, et dans l’action seule, que l’on est pleinement libre, c’est en réalité chercher à opposer l’homme d’action à celui de la réflexion. On interroge au fond, en quelque sorte, l’expression « il est tant d’agir «, c’est-à-dire il est tant de faire passer à l’acte notre propre liberté dont la seule condition apparaît comme, inéluctablement, l’action.   Or, ce que l’on nous demande d’interroger ici, c’est précisément la légitimité d’une telle affirmation : « l’homme est libre dans l’action «, sous-entendu qu’il ne l’est pleinement que dans l’action. On devra donc se pencher sur les différentes formes de liberté, mais a fortiori sur les différentes modalités (qui traduiront des degrés) de l’action elle-même.   Ce qui est à la question ici, au fond, c’est précisément la nature, ou encore l’essence de la liberté humaine elle-même, et la manière dont elle peut être actualiser par l’action.   

  •  Problématique

    Est-il légitime d’affirmer que la liberté de l’homme ne se dévoile en définitive que dans l’action, c’est-à-dire dans l’agir compris comme production d’un changement sur le monde ? L’action peut-elle être légitimement considérée comme la condition de possibilité exclusive de l’actualisation de la liberté de l’homme en cela qu’elle est la seule à pouvoir faire acte de l’œuvre de l’homme sur la nature ? N’est-elle pas, au contraire, si l’on veut être rigoureux, seulement une condition de possibilité nécessaire, certes, mais non exclusive ? La liberté de l’homme se réduit-elle, en dernière analyse, à l’agir ?

« Problématique Est-il légitime d'affirmer que la liberté de l'homme ne se dévoile en définitive que dans l'action, c'est-à-dire dansl'agir compris comme production d'un changement sur le monde ? L'action peut-elle être légitimement considéréecomme la condition de possibilité exclusive de l'actualisation de la liberté de l'homme en cela qu'elle est la seule àpouvoir faire acte de l'œuvre de l'homme sur la nature ? N'est-elle pas, au contraire, si l'on veut être rigoureux,seulement une condition de possibilité nécessaire, certes, mais non exclusive ? La liberté de l'homme se réduit-elle,en dernière analyse, à l'agir ? Plan I- L'action comme condition exclusive de toute liberté · Aux sources de notre culture, la liberté a d'abord été le statut social et politique de l'homme libre.

Les droits, lesdevoirs, les modes de vie supposés lui convenir ont été élaborés au voisinage de l'esclavage.

Presque toutes lescivilisations à un moment ou à un autre ont connu semblables situations.

Outil animé, animal domestique, douésd'assez d'intelligence pour comprendre un ordre, l'esclave est privé de droit.

Sa situation de fait a pu varier selon letemps, les lieux, les caractères du maître : mais toujours le trait fondamental est qu'il ne s'appartient pas.

Parcontraste, la libre disposition de sa propre personne et le fait d'avoir des droits apparaissent comme la définitionélémentaire de la liberté, situation qui n'exclut pas certaines formes de subordinations et d'inégalités.· Dans cette perspective, l'homme libre par excellence est le citoyen.

Le citoyen pour Aristote est celui qui tantôtcommande et tantôt obéit.

Il a vocation à exercer dans les assemblées une part du pouvoir législatif et judiciaire.Non que tous réalisent constamment cette virtualité, mais chacun en a le droit.· On comprend alors dans cette perspective que l'action en tant qu'elle est d'abord comprise comme disposition àagir – et donc comme moyen de produire un changement – est en effet la condition sine qua non pour que l'onpuisse parler de liberté en acte.· C'est en effet, semble-t-il, par l'action, que l'homme produit, transforme le monde, bref fait œuvre.

En ce sens, onpeut dire que non seulement nous sommes libres dans l'action, mais encore que c'est elle qui fait passer notre libertéde la puissance à l'acte en marquant, dans l'ordre du monde, notre puissance de changement.

L'homme d'actionapparaît alors comme le symbole même de cette liberté humaine ainsi actualisée dans toutes ses virtualités.· On en vient donc à opposer l'homme d'action et l'homme qui se contenterait de réfléchir – on pourrait presque direau philosophe.

L'homme d'action, semble, dans cette perspective, être celui qui réalise au mieux sa disposition à laliberté.

Pourtant, une telle définition apparaît tout de même réductrice : car si l'on peut consentir au fait quel'action est une marque, une « preuve » de la liberté de l'homme, peut-on, pour autant, légitimement identifier laliberté à l'agir ? II- Les différentes formes de liberté qui ne sont pas réductible, ni seulement identifiable à l'agir · Ce qui fait problème, en effet, à ce niveau de réflexion, c'est que la liberté soit identifiée à l'action en elle-même.

Ilest vrai que pour agir, au sens propre du terme, encore faut-il disposer d'une puissance de liberté, c'est-à-dired'une capacité à s'affranchir des obstacles naturels, des déterminations, etc.

Mais au ce sens alors nous pouvonsretourner la question de manière dialectique : c'est moins dans l'action que nous sommes libres que dans la libertéque nous agissons.

Car en réalité, l'action suppose, ou plutôt présuppose logiquement, mais aussi originairement, laliberté elle-même.· La liberté est donc moins la marque de l'action, que l'action la marque de la liberté.

On comprend alors que l'agirest un cas particulier de la liberté : dans l'action nous sommes certes libres, mais nous ne le sommes uniquementdans l'action.. »

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