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Est-ce dans l'hésitation que nous sommes le plus conscients ?

Publié le 17/02/2004

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Dans l'apprentissage d'un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu'il vient de nous, parce qu'il résulte d'une décision et implique un choix; puis, à mesure que ces mouvements s'enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d'autre part les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l'aurons fait? Les variations d'intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez de création, que nous distribuons sur notre conduite. Tout porte à croire qu'il en est ainsi de la conscience en général. Si conscience signifie mémoire et anticipation, c'est que conscience est synonyme de choix." BERGSON  Analyse du texte: Bergson part d'un observation: la conscience qui accompagne nos actions spontanées disparaît dans les actes automatiques.Il propose ensuite des exemples:

* La situation d'apprentissage: quand nous apprenons quelque chose, nous sommes conscients de ce que nous faisons (de l'apprentissage), nous y faisons attention, nous nous concentrons sur cela (nous faisons donc un choix dans les objets qui nous entourent et dans nos pensées), tandis que lorsque nous savons parfaitement faire cette chose, nous exécutons nos actes machinalement, sans en avoir conscience.

* La situation de choix crucial: lorsque nous avons un choix important à faire (qui met en jeu notre avenir), notre conscience est très aiguë. Il énonce enfin une conclusion: être conscient, c'est avant tout choisir.

 

            Souvent j’agis de manière automatique, mon comportement est bordé par des habitudes, mon agir se meut dans le déjà-fait, dans la répétition, et finalement la plupart du temps je ne maintiens pas une attention soutenue, bref ma conscience se détend. L’idée d’être plus ou moins conscient n’est-elle pas liée à l’intérêt ou mieux à l’importance que revêt pour moi le moment vécu ? Le fait d’être « le plus conscient « ne correspond t-il pas au concept de lucidité ? Toutefois, si l’importance du vécu est d’ordre affectif, la passion peut me submerger au point que je n’ai pas le sentiment d’une très grande lucidité, il faudrait donc trouver le moyen de concilier importance et distance. Aussi il paraît légitime de demander si la confrontation à un choix difficile à faire, l’hésitation, n’a pas quelque rapport privilégié avec un haut degré de conscience. En effet, le choix n’est-il pas le prélude à toute interrogation et donc à la racine de la conscience ?

 

« correspond t-il pas au concept de lucidité ? Toutefois, si l'importance du vécu est d'ordre affectif, la passion peutme submerger au point que je n'ai pas le sentiment d'une très grande lucidité, il faudrait donc trouver le moyen deconcilier importance et distance.

Aussi il paraît légitime de demander si la confrontation à un choix difficile à faire,l'hésitation, n'a pas quelque rapport privilégié avec un haut degré de conscience.

En effet, le choix n'est-il pas leprélude à toute interrogation et donc à la racine de la conscience ? I- La temporalité de l'hésitation. Nous hésitons parce qu'entre plusieurs choses nous ne savons pas quelle est la plus appropriée ou la meilleure pour ce que nous allons faire.

Nous hésitons entre deux chemins à prendre parce que nous sommes perdus,entre diverses attitudes à l'endroit d'un enfant lorsqu'il a commis une bêtise.

A chaque fois nous hésitons parce quenous ne sommes pas certains de faire le bon choix. L'hésitation semble rivée à l'action, et renvoyer à un impératif d'urgence (hésitation du médecin dansl'opération à accomplir, du candidat lors d'un oral entre deux possibilités de traduction, de la jeune fille lorsquequ'elle est pressée par une demande amoureuse), soit à une coquetterie un peu ridicule.

En effet lorsque l'hésitationse prolonge elle devient un thème comique : hésitation entre deux robes, deux cravates,...

L'hésitation a donc unetemporalité particulière soit quasi dramatique lorsque l'action exige une initiative rapide, soit que le sujet soit seulavec lui-même et prolonge l'hésitation qui dès lors devient risible. Il ne semble pas que la conscience soit particulièrement sollicitée dans le dilemme posé par l'hésitation, aucontraire, la conscience paraît comme embuée dans l'indécision et la lucidité du sujet n'apparaître qu'au moment oùenfin le noeud est tranché. II- L'hésitation est plus affective qu'intellectuelle. L'hésitation semble être l'indice d'un manque de connaissance patent, ne correspond-elle pas justement au détournement de la lucidité par une affection quelconque ? N'est-ce pas parce que je suis pris par une émotion ouune affection que j'hésite ? Ainsi l'hésitation du médecin serait motivée par la peur de mal faire, celle du jeune homme qui ne peut sedécider entre deux cravates serait subordonnée à un sentiment d'infériorité, la crainte de ne pas plaire.

L'hésitationrenverrait donc bien à une baisse de la conscience, telle qu'elle serait rongée par l'émotion. Dans Le discours de la Méthode Descartes montre que l'hésitation peut être handicapante et qu'il faut, quoique nous ignorons parfois la réalité des choses, faire des choix à l'aveugle et s'y tenir, (c'est ici l'inverse dudoute hyperbolique), par exemple quand on est perdu en forêt il faut choisir une direction et n'en pas changer.

Lalucidité dans l'action c'est donc de se défaire au plus vite de l'hésitation, la lucidité nous commande de choisir,idéalement en pesant le pour et le contre, mais si cette entreprise débouche sur une hésitation alors cette mêmelucidité nous commande de nous en départir au plus vite, sous peine de s'enliser, tel l'âne de Buridan, mort de faimet de soif avant d'avoir su se décider entre l'eau et l'avoine. III- La conscience naît de l'hésitation. Il faut demander comment naît la conscience en tant que conscience proprement humaine c'est-à-direréflexive.

Dans l' Evolution créatrice Bergson distingue l'instinct de l'intelligence, l'instinct est caractérisé par une immédiateté d'exécution.

L'animal ne calcule pas, il agit sans distance avec l'action, il y est tout entier, par exemplele sphex à ailes jaunes est capable d'immobiliser sa proie en la piquant immédiatement au bon endroit pour cela(bloquant son système moteur).

Mais cette capacité instinctive, et chez l'homme l'agir automatisé, sont corrélatifsd'un bas degré de conscience, puisqu'il n y a pas réflexion, distance entre soi et l'agir. Pour arriver au même résultat que le sphex lorsqu'il pique sa proie l'intelligence devra déployer des trésorsde précision, disséquer la proie, l'examiner et pourra seulement ensuite la neutraliser.

Autrement dit l'instinct sait ceque l'intelligence ignore mais le sait sur un mode non réfléchi, sur un mode inconscient.

L'hésitation correspond ausurgissement du virtuel, le virtuel (car il y a choix) excède l'actuel et correspond à l'apparition d'un choix. En effet, la conscience naît de l'hésitation, c'est lorsque la solution d'un problème ne se donne pas d'elle-même que la possibilité d'un choix apparaît.

Or l'instinct ne rencontre jamais la possibilité de choisir car il possèdetoujours d'avance la réponse ; la conscience naît là où il y a obstacle, où la stéréotypie de l'instinct ne suffit pluspour trouver une solution, hésiter c'est accéder à la conscience en tant que celle-ci naît au moment où la chaîneidéale des réponses instinctives est rompue.

Finalement la capacité de représentation naît pour Bergson del'hésitation et ne la précède pas, c'est parce que j'ai le choix que je me représente la situation.

Du choix, del'hésitation, de la distance à l'action, naissent la représentation et la conscience. Conclusion : A première vue l'hésitation correspond à une perte d'intensité de la conscience, le sujet doit composer avec une affection particulière, peur, doute,...

la linéarité de l'action s'en trouve brisée.

Or précisément c'est à cetterupture qu'il faut réfléchir, il apparaît que dans celle-ci c'est une distance qui naît par rapport à l'action, ledéroulement des actes n'est plus instinctif ni automatisé.

On hésite quand la suite de l'action n'est plus certaine, or. »

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