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Est-ce dans l'hésitation que nous sommes le plus conscient ?

Publié le 01/09/2005

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  III-La conscience naît de l'hésitation.               Il faut demander comment naît la conscience en tant que conscience proprement humaine c'est-à-dire réflexive. Dans l'Evolution créatrice Bergson distingue l'instinct de l'intelligence, l'instinct est caractérisé par une immédiateté d'exécution. L'animal ne calcule pas, il agit sans distance avec l'action, il y est tout entier, par exemple le sphex à ailes jaunes est capable d'immobiliser sa proie en la piquant immédiatement au bon endroit pour cela (bloquant son système moteur). Mais cette capacité instinctive, et chez l'homme l'agir automatisé, sont corrélatifs d'un bas degré de conscience, puisqu'il n y a pas réflexion, distance entre soi et l'agir.              Pour arriver au même résultat que le sphex lorsqu'il pique sa proie l'intelligence devra déployer des trésors de précision, disséquer la proie, l'examiner et pourra seulement ensuite la neutraliser. Autrement dit l'instinct sait ce que l'intelligence ignore mais le sait sur un mode non réfléchi, sur un mode inconscient. L'hésitation correspond au surgissement du virtuel, le virtuel (car il y a choix) excède l'actuel et correspond à l'apparition d'un choix.             En effet, la conscience naît de l'hésitation, c'est lorsque la solution d'un problème ne se donne pas d'elle-même que la possibilité d'un choix apparaît. Or l'instinct ne rencontre jamais la possibilité de choisir car il possède toujours d'avance la réponse ; la conscience naît là où il y a obstacle, où la stéréotypie de l'instinct ne suffit plus pour trouver une solution, hésiter c'est accéder à la conscience en tant que celle-ci naît au moment où la chaîne idéale des réponses instinctives est rompue.

« Il y a choix quand on se décide après hésitation, délibération.

Le choix suppose que la volonté soit écartelée entrediverses possibilités qui la tentent à des degrés divers.

Le choix est toujours la résolution, au moins provisoire, decet état de tension intérieur.

Sans atteindre nécessairement l'intensité du dilemme, le choix consiste toujours en unconflit intérieur.

C'est ici qu'une première réserve peut être apportée à la thèse de Bergson.

On peut en effetadmettre avec Freud que l'existence de conflits psychiques est loin de toujours s'accompagner d'effets deconscience.

C'est précisément un conflit psychique qui, d'après la théorie psychanalytique, provoque le refoulementdes représentations conflictuelles qui deviennent alors inconscientes.

Toute pensée qui choque les valeurs de laconscience morale du sujet (ce que Freud appellera le « Surmoi ») est rejetée violemment hors du champ des associations conscientes.

Si l'opposition de la vie psychique à elle-même peutentraîner, quand elle atteint une certaine intensité, le retrait de laconscience, alors on ne peut pas expliquer la conscience par le choix.Comment expliquer alors la conscience ? La description bergsonienne écarteentièrement un facteur pourtant décisif, le langage.

Prendrions-nousconscience des choses si nous n'avions pas les mots pour les nommer ? N'est-ce pas la parole qui accomplit ce recul intérieur, cette distance au mondesans laquelle rien du monde ne nous apparaîtrait ? Un exemple pourrait nouspersuader : la perception est d'autant plus pauvre que le sujet percevant nedispose pas de mots pour discerner ce qu'il perçoit.

Au contraire, plus lelangage est riche, plus la perception est fine.

On voit plus de choses dansune fleur quand on est capable d'y reconnaître ses différents composants.La conception freudienne du refoulement confirmerait cette idée : une penséedevient inconsciente quand elle perd ses représentants verbaux.L'inconscient, c'est ce qui est en nous qui ne parvient plus à se dire.Conscience est synonyme de parole.. »

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