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Dans quelle mesure peut on, selon vous, défendre la violence au cinéma ?

Publié le 23/02/2005

Extrait du document

Pour les accoutumer préalablement à une certaine violence afin qu'ils soient moins choqués et vulnérables sur le terrain. Ceci s'explique par la théorie scientifique du trauma selon Freud à laquelle se réfère le philosophe allemand contemporain Walter Benjamin qui s'est intéressé au médium cinématographique. La conscience efface et transforme ce qu'elle reçoit de l'extérieur (des excitations). Selon Benjamin, le cinématographe est un appareil mis entre nous et la réalité pour que celle-ci nous paraisse moins violente. A force de voir de la violence, la conscience efface l'aspect choquant, négatif, barbare de la chose et nous la rend familière. Comme pour un trauma (impossibilité de se souvenir), le cinéma nous rend amnésique par rapport à la violence, on ne se rend plus compte que cela est choquant. Le sujet percevant moderne devient insensible à quoi que ce soit.   Conclusion               Dans quelle mesure peut-on défendre la violence au cinéma ? Ses intérêts sont aussi ses défauts. D'une part, le cinéma peut servir de catharsis et d'exutoire, en nous permettant de nous libérer des tensions que nous avons sans que cela ait de conséquences sur le monde réel.

Le médium cinématographique est officiellement né en 1895. La première projection a subjugué l’assistance. En effet, l’image cinématographique, par l’effet de réel qu’elle procure, est saisissante. Elle l’est d’autant plus à partir de 1927 avec l’invention du cinéma parlant. Jacques Aumont, théoricien du cinéma, parle de la « richesse perceptive « du cinéma, c’est-à-dire une richesse sonore et visuelle qui tend à faire adhérer le spectateur à ce qu’il voit. C’est là la force du cinéma par rapport aux autres arts, même par rapport à la photographie qui s’éloigne du réel par la fixité de l’image. L’image cinématographique possède un pouvoir indubitable sur le sujet qui la perçoit. Toutes sortes de réalités, avec lesquelles nous sommes plus ou moins familiers, nous sont montrées au cinéma, dont la violence. Dans quelle mesure peut-on défendre la violence au cinéma ? A-t-elle une part bénéfique, utile ou non ? Influence-t-elle en mal ? La violence au cinéma peut être jugée utile si l’on considère qu’elle opère une catharsis sur le sujet. Le cinéma donne une valeur artistique à la violence en l’esthétisant. Cela peut avoir des effets pervers. Parfois, la violence au cinéma est une fin en elle-même, elle est gratuite. Le problème est de s’y habituer et de la banaliser.

« si peu !En revanche, la " Politique " donne quelques précisions qu'on ne retrouve pas dans la " Poétique ": à la crainte et à la pitié s'ajoute l'« enthousiasme ».

A propos de cet état d'exaltation, Aristote fait référence explicitement au sens thérapeutique du terme: « certains individus ont une réceptivité particulière pour cette sorte d'émotions [l'enthousiasme], et nous voyons ces gens-là, sous l'effet des chants sacrés, recouvrer leur calme comme sousl'action d'une cure médicale ou d'une purgation. » Est-ce pour lui, une manière de retrouver le lieu commun selon lequel « la musique adoucit les mœurs » ? Il y a sans doute un peu de cela, mais il faut aller plus loin dans l'interprétation.Dans la " Politique ", Aristote suggère lui-même que la catharsis concerne également la tragédie, c'est-à-dire la vue, et non pas seulement l'écoute de ce qu'il appelle des chants éthiques, dynamiques ou exaltants.

Il n'y a pas às'en étonner puisque la tragédie, à l'époque, réalise une certaine forme d' « art total » harmonisant le texte, les chœurs et la danse.

Mais, en outre, elle consiste à mettre en scène une action, une intrigue où des personnagesréels imitent des héros soumis à un destin angoissant ou pathétique.

Pensons à Œdipe .

Or la musique seule ne figure pas; elle ne représente rien; elle laisse tout loisir à l'auditeur d'imaginer librement selon ses états d'âme, toutcomme la lecture d'un récit.

En revanche, la tragédie impose un personnage, un masque comportant des traitsdéfinis.

Elle force en quelque sorte l'identification du spectateur appelé à devenir momentanément un « acteur secret » dans la pièce.

Mimésis d'action et de sentiments réels, la tragédie concentre la réalité dans le temps et dans l'espace, elle l'exagère et pousse les passions à leur paroxysme afin d'éclairer le public sur les conséquenceséventuelles de ses actes: voyez ce qu'il adviendrait, si d'aventure l'envie vous prenait d'imiter réellement cesmalheureuses victimes de la fatalité !Le remède n'est-il pas pire que le mal ? Un spectacle apaisant ne serait-il pas plus propice à la sérénité, au retour àl'équilibre? Aristote ne se pose pas la question.

Sa « cure médicale » (Bossuet ) est homéopathique: on soigne le mal par le mal, les passions excessives par l'excès d'émotions.Cette interprétation n'est pas vraiment abusive.

Le texte d' Aristote la suggère; elle fut notamment celle de tout le classicisme français, soucieux d'assigner au théâtre une fonction morale, voire moralisatrice.Mais de l'éthique au politique, il n'y a parfois qu'un pas.

La " Politique " d' Aristote se fonde sur sa philosophie de la tempérance, de la modération, du juste milieu.

Sa volonté de restaurer la tragédie en déclin, de renouer avec latradition des grands spectacles qui contribuèrent à la gloire d'Athènes au Ve siècle, n'est sans doute pas exempted'intentions politiques et sociales: permettre à la cité de vivre en paix et assurer au citoyen le bonheur d'une vievertueuse, conforme à la raison.

Un tel programme d'éducation civique et culturelle ne pourrait-il convenir au futurroi de Macédoine ?Multiplier les spectacles tragiques, attirer la foule au théâtre, c'est permettre à la catharsis d'opérer non seulementsur l'individu, mais collectivement.

C'est aussi distraire les citoyens, détourner leur attention des problèmes dumoment - les guerres incessantes - et permettre l'expulsion d'une mauvaise conscience qui commence à hanter unpeuple en décadence.Il s'agit là d'une explication presque psychanalytique au sens actuel du terme: le spectacle apaise les passionsparce qu'il permet de vivre fictivement, de façon innocente et inoffensive, pour la personne et pour la société, despassions qui les mettraient en danger dans la réalité.

La catharsis autoriserait alors une sorte de défoulement etjouerait un rôle d'exutoire.On parle de défoulement.

Ce n'est pas un hasard si Freud a choisi le terme de catharsis pour désigner la finalité de la cure psychanalytique: le retour à la conscience des pulsions refoulées, notamment dans le cas des névroses.

Riende plus préjudiciable à l'équilibre de l'individu et de la société que de se complaire dans le malaise ou le mal-être depassions et de pulsions condamnées au mutisme, rejetée, dans le tréfonds de l'inconscient.Cette interprétation établit un lien entre la " Poétique " et la " Politique ".

Sur un plan plus général, elle révèle les implications politiques - au sens large du terme - et le discours sur l'art.

Or ce n'est pas non plus un hasard si cetype d'interprétation a systématiquement été omis par la tradition qui se réclame d' Aristote .

On pourrait d'ailleurs en dire autant de Platon .

Au IV siècle, nous l'avons dit, on se soucie surtout de la portée morale du théâtre.

On ne prête attention qu'aux règles de l'art, aux procédés techniques qui permettent d'aboutir à l'effet recherché.

A la findu XVIIIe siècle, Lessing dénonce l'assimilation aristotélicienne entre la poésie et la peinture dans le cadre de sa critique de l' « ut pictura poesis ».

La fonction cathartique par la mise en scène de la terreur ne lui plaît guère.

Il préfère la pitié et considère que la tragédie doit surtout susciter la compassion.

Quant à Goethe , peu sensible à l'effet de purgation et de purification de la catharsis, il ne parle que de retour à l'équilibre.

Dans sa périodeantiquisante et classique, et dans le cadre d'une esthétique idéaliste, il privilégie l'harmonie qui naît de lacontemplation de la beauté idéale propre à l'œuvre d'art réussie.

Surtout lorsque cette œuvre d'art appartient à lapoésie dramatique.Plus récemment, Bertolt Brecht (1898-1956) a fondé sa théorie et sa pratique théâtrale sur ce lien entre esthétique et politique : « Ce qui nous paraît du plus grand intérêt social, c'est la fin qu' Aristote assigne à la tragédie: la catharsis, purgation du spectateur de la crainte et de la pitié par l'imitation d'actions suscitant lacrainte et a pitié.

Cette purgation repose sur un acte psychologique très particulier: l'identification du spectateuraux personnages agissants que les comédiens imitent. » Brecht critique avec virulence la catharsis et ses effets anesthétisants au regard de la réalité peu plaisante du monde actuel.

Mais c'est moins Aristote qu'il dénonce que la « dramaturgie aristotélicienne », la tradition du théâtre classique et « vermoulu ».

Il lui reproche de miser sur l'identification entre le spectateur et les personnages afin d'engendrer un plaisir illusoire qui détourne le public de la réalité concrète.

À cette trop grande proximité qui vise,selon lui, à mystifier le spectateur, il oppose la distanciation.

Celle-ci a pour effet d'instaurer précisément unedistance critique.

Elle permet au public de prendre conscience des enjeux politiques et idéologiques de l'actionfictive représentée sur la scène.

La grande difficulté de ce théâtre didactique et épique, qui repose sur uneconception marxiste de l'histoire et de la société, consiste évidemment à concilier, dans l'intérêt du spectateur,didactisme et divertissement, pédagogie politique et magie du spectacle.. »

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