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David HUME: Causalité et Habitude

Publié le 05/04/2005

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Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose. Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre l'effet. Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle. Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre. En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens. David HUME

Le problème est un problème classique dans la philosophie de la connaissance : la relation de causalité peut-elle être connue par simple observation ? Nos sens peuvent-ils nous faire connaître  un fait ?  Quelles sont les limites du pouvoir de la raison, s'agissant de la connaissance des questions de fait ? Peut-on s'en remettre à la raison seule pour connaître ?  De telles questions sont au coeur du débat entre empirisme et rationalisme.  

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« plus.

Hume, dans l'argument exposé, présuppose que le raisonnement ne peut porter que dans les limites de ceque l'on peut connaître par observation.

Par exemple,jamais la simple raison ne nous permettra de savoir qu'unechose est cause d'une autre au vu d'une simple succession.L'observation est en effet singulière, et la raison d'un fait n'apparaît qu'au terme de sa répétition.

En dehors dela répétition observée d'une succession de phénomènes, rien ne permet d'affirmer que leur succession n'est pasaléatoire, "accidentelle" : il pourrait s'agir d'un simple hasard.Ainsi, aucun raisonnement ne vient suppléer à l'incapacité où est l'observateur d'un phénomène unique d'enconnaître la raison.Hume peut donc conclure : la réflexion et la puissance de raisonner ne sont d'aucun secours lorsqu'il s'agit deconnaître les faits.

Sans la réitération d'une observation ou d'une expérience, la raison ni la réflexion netrouveraient à s'employer.

Dans les limites d'une expérience singulière, nous ne pouvons être certains que dece qui est immédiatement présent à nos sens, ce qui ne fait pas encore une connaissance.Il n'y a de connaissance qu'à partir du moment où notre raison dégage la structure du phénomène, la raison dela manifestation, et cette opération n'est possible que sur la base d'une expérience ou d'une observationréitérées.On aura reconnu là, à l'occasion d'une réflexion sur la causalité, une idée centrale de l'empirisme.

Ce dernier nenie pas le rôle de la raison dans la connaissance, mais fait apparaître les considérations de son emploi légitime.La connaissance physique n'est le fait ni de l'observation immédiatement, ni de la raison immédiatement.On pouvait ici faire apparaître la nature conflictuelle de la thèse, le rationalisme, qu'il soit cartésien ou kantien,affirmant au contraire que la raison possède un pouvoir de connaître immédiatement à partir d'elle même, ycompris les phénomènes naturels.Par exemple, Kant, sans nier le rôle de l'expérience, considérait que la relation de causalité pouvait être connuepar la simple raison, la répétition de l'observation ou de l'expérience n'étant pas requise. V - QUELQUES REFERENCES POSSIBLES Aristote, Métaphysique alpha.Hume, Traité de la nature humaine pour le traitement des grands principes de l'empirisme.Kant, Critique de la raison pure , analytique transcendantale : pour la définition d'un rationalisme critique. VI - LES FAUSSES PISTES Croire, au nom d'une idée approximative de l'empirisme, que nos sens nous font connaître la raison des choses.Tout ce texte montre au contraire la limite des sens comme de la raison seule dans la connaissance.L'empirisme de HUME consiste à établir les conditions de la connaissance de la nature, et ces conditionsrésident non dans nos facultés, qu'elles soient sensibles ou rationnelles, mais dans la régularité avec laquelle seproduisent les phénomènes naturels. VII - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Sujet classique de philosophie des sciences, qui doit valoriser le travail du candidat qui s'est approprié unereprésentation claire des débats et des discussions relatifs au rôle de la raison et des sens dans laconnaissance. Ce sujet était en prise directe avec les rubriques du programme intitulées "théorie et expérience", et"perception". La critique de la causalité□ La question qui est posée est celle de la possibilité d'une science des phénomènes.

D'où vient que, partant d'unphénomène dont nous avons l'expérience actuelle, nous anticipons sur le futur? Quel est le principe nous permettantd'établir la liaison causale des phénomènes, relation que nous baptisons nature ?□ Une première réponse consiste à supposer l'existence d'une réalité distincte des phénomènes et les maintenant enrelation de façon sous-jacente.

C'est la notion de la substance, définie comme support des propriétés de l'objet etfaisant de l'objet un être véritable et non un simple faisceau de qualités.

La relation de causalité devrait alors êtrecomprise comme l'expression d'une sorte d'efficacité de la substance, qui, à partir du feu, par exemple, produirait lafumée.

Hume critique l'idée de la substance, qui ne repose sur aucune impression spécifique: il n'y a rien au-delà dece que nous percevons.

Par conséquent, les phénomènes sont extérieurs les uns aux autres, on ne peut y déceleraucune relation intérieure qui viendrait les unir.. »

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