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Déclaration du Maréchal Pétain devant la Haute Cour.

Publié le 04/03/2011

Extrait du document

   « C'est le peuple français qui, par ses représentants réunis en Assemblée, le 10 juillet 1940, m'a confié le pouvoir. C'est à lui que je suis venu rendre des comptes. La Haute Cour, telle qu'elle est constituée, ne représente pas le peuple français, et c'est à lui seul que s'adresse le Maréchal de France, chef de l'État. (...)    J'ai passé ma vie au service de la France. Aujourd'hui, âgé de près de 90 ans et jeté en prison, je veux continuer à la servir, en m'adressant à elle une fois encore. Qu'elle se souvienne !... J'ai mené ses armées à la victoire, en 1918. Puis, alors que j'avais mérité le repos, je n'ai cessé de me consacrer à elle. J'ai répondu à tous ses appels, quels que fussent mon âge et ma fatigue. Le jour le plus tragique de son Histoire, c'est encore vers moi qu'elle s'est tournée. Je ne demandais ni ne désirais rien. On m'a supplié de venir : je suis venu.    Je devenais ainsi l'héritier d'une catastrophe dont je n'étais pas l'auteur, les vrais responsables s'abritaient derrière moi pour écarter la colère du peuple. Lorsque j'ai demandé l'armistice, d'accord avec nos chefs militaires, j'ai rempli un acte nécessaire et sauveur. Oui, l'armistice a sauvé la France et contribué à la victoire des Alliés, en assurant une Méditerranée libre et l'intégrité de l'Empire. Le pouvoir m'a été alors confié légalement et reconnu par tous les pays du Monde, du Saint-Siège à l'URSS. De ce pouvoir, j'ai usé comme d'un bouclier pour protéger le peuple français. Je suis demeuré à la tête d'un pays sous l'occupation. Voudra-t-on comprendre la difficulté de gouverner dans de telles conditions ?...    Chaque jour, un poignard sous la gorge, j'ai lutté contre les exigences de l'ennemi. L'histoire dira tout ce que je vous ai évité, quand mes adversaires ne pensent qu'à me reprocher l'inévitable. L'occupation m'obligeait à ménager l'ennemi, mais je ne le ménageais que pour vous ménager vous-mêmes, en attendant que le territoire soit libéré. L'occupation m'obligeait aussi, contre mon gré et contre mon cœur, à tenir des propos, à accomplir certains actes dont j'ai souffert plus que vous, mais, devant les exigences de l'ennemi, je n'ai rien abandonné d'essentiel à l'existence de la patrie. Au contraire, pendant quatre années, par mon action, j'ai maintenu la France, j'ai assuré aux Français la vie et le pain, j'ai assuré à nos prisonniers le soutien de la nation. Pendant que le général de Gaulle, hors de nos frontières, poursuivait la lutte, j'ai préparé les voies à la libération, en conservant une France douloureuse mais vivante. (...) J'ai réalisé, pourtant, des institutions nouvelles. (...) Malgré d'immenses difficultés, aucun pouvoir n'a, plus que le mien, honoré la famille et, pour empêcher la lutte des classes, cherché à garantir les conditions de travail à l'usine et à la terre.    Questions    1. Précisez les circonstances dans lesquelles a été prononcée cette déclaration.    2. Pourquoi le Maréchal Pétain estime-t-il que son arrivée au pouvoir fut légitime ?    3. Analysez la manière dont le Maréchal présente ses efforts de rénovation de la France dans le passage : « J'ai réalisé... à l'usine et la terre... «    4. Faites un classement des arguments employés par le Maréchal Pétain pour sa défense.    5. D'après les connaissances que vous avez de l'ensemble de la période et en particulier de la politique menée par le gouvernement de Vichy, émettez un jugement critique sur l'argumentation développée par le Maréchal Pétain.

« Dans la déclaration qu'il lit au début du procès, avant de s'enfermer dans un silence dont il ne se départira plus,Pétain défend d'abord la légitimité de son pouvoir.

Puis il défend l'action qu'il a menée à la tête de la France durantles heures les plus graves de son histoire. OÙ EST LA LÉGITIMITÉ? 1.

La légitimité de Pétain Pétain affirme d'abord que son accession au pouvoir fut accomplie dans des formes parfaitement légales. - Il est devenu chef du gouvernement à la demande du président Lebrun à la suite de la démission de Paul Reynauddont il était le vice-président du Conseil. - C'est le Parlement, régulièrement élu, qui, à une très forte majorité, lui a accordé les pleins pouvoirs le 10 juillet1940. - En outre, comment peut-on l'accuser d'ambition personnelle et de préméditation alors qu'il n'a fait que répondre àde fortes sollicitations.

S'il a cédé, malgré son grand âge et le « repos auquel il avait droit », c'est uniquement pourservir, une fois de plus, son pays. La plupart des gouvernements étrangers, en reconnaissant officiellement son gouvernement, ont donné à cettelégitimité une caution internationale.

Pétain, non sans malignité, au moment même où les communistes françaisréclament sa tête, rappelle qu'en 1940 l'URSS, alors alliée à l'Allemagne, entretient des relations diplomatiques avecVichy.

Il en est de même pour les États-Unis qui, jusqu'en 1942, par l'intermédiaire de leur ambassadeur, l'amiralLeahy, ménagent ostentatoirement Vichy alors même qu'ils ne reconnaissent pas l'autorité de de Gaulle. 2.

La légitimité contestée de la Haute Cour Pétain récuse également la légitimité et la compétence de la Haute Cour «telle qu'elle est constituée».

Celle-ci estconstituée par trois magistrats professionnels assistés de 24 jurés choisis par moitié parmi d'anciens parlementairesayant refusé de voter les pleins pouvoirs en juillet 1940 et pour l'autre moitié parmi d'anciens résistants. - Le jury est donc à priori défavorable à l'accusé.

En outre, c'est au peuple français «et à lui seul» que Pétain est«venu rendre des comptes».

Selon le droit constitutionnel, seul le Parlement régulièrement élu par le peuple françaispeut juger en Haute Cour un chef de l'État accusé de trahison et d'intelligence avec l'ennemi en temps de guerre.Or, à l'heure du procès, il n'y a pas encore eu d'élections législatives.

Le Parlement en fonction en 1940, celui-làmême qui avait voté les pleins pouvoirs, serait donc seul habilité à se constituer en Haute Cour. Le choix des magistrats prête également à controverse.

Le président Mongibeaux a, comme tous ses collègues dela magistrature sous Vichy, prêté serment de fidélité à l'homme qu'il juge aujourd'hui.

Le procureur général Mornet,lui, n'a pas dû prêter ce serment car il était déjà à la retraite ; mais la défense mettra un malin plaisir à rappeler quece procureur qui se déchaîne contre Pétain a demandé à reprendre du service pour requérir contre Daladier et Blumlors du procès de Riom, qu'il avait travaillé à la Commission de révision des naturalisations et qu'il était ainsicoresponsable de la déportation de près de 7 000 personnes livrées aux Allemands comme étrangers ou apatrides.Comble du paradoxe, le jeune avocat qui défend avec fougue et talent Pétain, Maître Jacques Isorni, avait défendudes communistes contre les tribunaux de Vichy et ce n'est qu'à l'occasion de ce procès qu'il deviendra (puisdemeurera) un ardent pétainiste. « La légitimité » de certains des principaux témoins à venir se poser en accusateurs est souvent mise en cause parla défense.

Edouard Daladier fut l'homme des accords de Munich alors que, pour beaucoup, c'est « l'esprit défaitistede Munich » qui est reproché à Pétain.

Paul Reynaud accuse Pétain mais on lui fait remarquer que c'est lui qui l'a faitrentrer dans son gouvernement et que, en juillet 1940, il lui a demandé sa protection craignant qu'on ne lui réserveun mauvais sort en tant que responsable du désastre.

Contre les communistes, qui ne cessent de dénoncer «Pétain-Bazaine », la défense produit une lettre de François Billoux, devenu ministre communiste du GPRF, sollicitantl'autorisation de venir témoigner au procès de Riom contre Daladier responsable de la mise hors la loi du PCF en1939. 3.La «légitimité» d'une France qui accuse En revanche, Pétain doit faire face à des accusateurs qui représentent, au travers de leur cas particulier, une partiedu peuple français dont il réclame le jugement. Le visage émacié des déportés qu'accompagne le spectre de leurs camarades morts en déportation donne auprocès une dimension qui dépasse largement toutes les arguties juridico-politiques.

Même si Pétain ne connaissaitpas la réalité des camps, les conséquences des déportations dont le régime de Vichy s'est en partie rendu compliceapparaissent dans leur tragique réalité.. »

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