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Défendre ses droits, est-ce la même chose que défendre ses intérêts ?

Publié le 20/01/2004

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Destiné à bannir la violence de la société, le droit est souvent un produit de la violence, lorsqu'une partie de la société impose sa loi à une autre, il sert parfois à perpétuer la violence quand il est placé au service d'une oppression ou d'une exploitation de l'homme par l'homme.La loi et les décisions judiciaires doivent inévitablement recevoir le renfort de la force publique : qui se soucierait de les respecter, s'il n'y avait la peur du gendarme ? La balance reçoit le concours du glaive. Si le droit le juste, républicain, il s'agit bien d'une force publique, dont l'usage répond à l'intérêt collectif. En revanche, là où le droit servirait partialement à maintenir des situations d'oppression ou d'exploitation abusive, l'usage de la prétendue force publique ne serait pas autre chose qu'une perpétuation de la violence.Le spécialiste en droit peut nous indiquer « ce qui est le droit », cad ce que disent et ont dit des lois en un certain lieu et à une certaine époque, mais il ne peut pour autant dire si le droit positif est juste parce que le critère universel auquel on peut reconnaître le juste de l'injuste lui échappe. Seul le droit naturel qui ne repose que sur des principes a priori -indépendants de l'expérience qui est toujours particulière- peut fournir à une législation positive ses principes immuables. Réaliser pratiquement l'idée de droit, c'est éliminer toute violence au sein des sociétés humaines. Ce qui ne signifie pas que tous les moyens sont bons ou que toute détermination positive du droit soit moralement permise, voire prescrite. Kant énonce, en ce sens, un critère, valable avant toute expérience et universellement : n'est moralement légitime qu'un droit qui donne à chacun le maximum de liberté compatibles avec la liberté des autres.


« immobilier). 3.

Leur caractère antagoniste. - Il en résulte une opposition entre le fondement de l'intérêt et le fondement du droit, le premier étant particulier etsubjectif, le second universel et objectif.- Cette opposition peut apparaître ouvertement, lorsque des intérêts s'opposent à un droit: par exemple, l'intérêtd'un individu qui aime la vitesse en voiture s'opposera au Code de la route et aux limitations de vitesse.- Mais l'antagonisme peut se trouver à l'intérieur même d'une décision individuelle comme celle de l'agriculteurpartagé entre la culture intensive et la protection de l'environnement.- Référence: Rousseau, Du contrat social, livre I : « En effet, chaque individu peut comme homme avoir une volontéparticulière contraire ou dissemblable à la volonté générale qu'il a comme citoyen.

Son intérêt particulier peut luiparler tout autrement que l'intérêt commun.

» - Les deux perspectives ne font pas appel à la même chose en nous:l'intérêt est lié à notre sensibilité alors que le droit s'appuie sur notre raison; mais il faut bien pourtant « ressentir »comme sien un droit pour avoir envie de le défendre... II.

Toute « défense » active exige néanmoins un « intérêt » : lequel? 1.

Intérêt centré sur soi - « Défendre ses intérêts » peut d'abord renvoyer à l'égoïsme et à l'aveuglement: dans ce cas, chaque individuconçoit simplement son intérêt de façon immédiate, sans considérer les conséquences à long terme et sans réfléchirà la conciliation avec les intérêts des autres.

- Néanmoins, ceci provoque des conflits et ne permet pas de vivre ensociété: la défense des intérêts devient une lutte entre individus et factions rivales.- C'est ainsi que Hobbes ou Spinoza définissent « l'état de nature », dans lequel il n'existe pas de droit civil oupositif et où chacun essaie de l'emporter en fonction de ses désirs et de sa puissance. - Référence: Hobbes, Léviathan: « Il apparaît clairement par là qu'aussilongtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tousen respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cetteguerre est guerre de chacun contre chacun », autrement dit : « L'homme estun loup pour l'homme, dans l'état de nature » (Hobbes, Du citoyen). Hobbes veut être le Galilée de la science politique, par l'application desprincipes de la physique à la société.

Il ne considère que les forces enprésence, portées par les individus.

L'état de nature – fiction théorique etnon description historique – représente l'état des forces individuelles enl'absence de tout pouvoir politique.

Dans cet état, chaque individu poursuit sa conservation, poussé par troispassions fondamentales : la peur de la mort violente, la soif de pouvoir et ladéfiance à l'égard d'autrui (possible agresseur).

Pour assurer sa sécurité,chacun dispose d'un droit illimité sur toutes choses et tout homme.

C'est ledroit de nature.

Tout est permis, jusqu'au meurtre.

L'état de nature, c'est la guerre.

Maistous y sont égaux, car la force est instable : celui qui domine aujourd'hui peutêtre surpassé demain par une alliance ou par une ruse.

Rien n'est sûr, lacrainte est générale. 2.

Intérêt décentré de soi. - Le rôle de la raison consiste alors à « décentrer » l'intérêt aveugle et immédiat que chacun peut avoir au départ,afin de le réorienter vers une compréhension plus large de l'intérêt de tous, à plus long terme, qui passe par la paixet la coexistence pacifique.- Pour comprendre ce mécanisme de décentrage, on peut prendre deux exemples: celui de la recherche scientifiqueet celui de l'art.- Dans la recherche scientifique, ce n'est pas l'intérêt du chercheur qui guide sa démarche mais sa préoccupationpour la vérité; c'est pourquoi on parle parfois de recherche « désintéressée » au sens où le scientifique ne gagnerani pouvoir ni argent avec sa découverte.

- Il en va un peu de même avec un artiste dans sa création, puisque sonobjectif est l'oeuvre elle-même et son aboutissement; c'est pourquoi Kant définissait ainsi le goût esthétique: « Legoût est la faculté de juger d'un objet ou d'une représentation par une satisfaction dégagée de tout intérêt.

L'objetd'une semblable satisfaction s'appelle "beau".

» (Critique de la faculté de juger).

- Dans les deux cas, cela ne signifiepas pour autant que l'individu n'est pas impliqué mais simplement qu'il ne recherche pas un intérêt individuel, égoïsteet immédiatement sensible: il ne se prend plus comme référence immédiate dans ses critères de jugement et sesmotivations. 3.

L'intérêt pour le collectif. - Ceci lui permet alors de concevoir un intérêt plus large, qui concerne tous les hommes: on passe alors de l'intérêtparticulier à l'intérêt général, avec une préoccupation pour la vie collective.- Référence: Rousseau, Du contrat social: « Ce passage de l'état de nature à l'état civil produit dans l'homme un. »

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