Devoir de Philosophie

Qu'est-ce que définir ?

Publié le 16/01/2004

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La définition est dès lors une entreprise de clarification du sens des concepts puisqu'elle l'« explique » ou le « déploie ». Or, la philosophie est-elle autre chose ? Socrate, dans les dialogues platoniciens notamment, n'a de cesse de chercher ce qu'est la Beauté, la Justice (dans la République) ou encore la vertu. La philosophie semble ainsi être par essence une entreprise de définition. Dès lors, peut-être que définir, et notamment un concept, c'est faire de la philosophie puisque que la définition contribue à la clarification conceptuelle. Cependant, si au sens strict la définition porte sur les concepts, les dictionnaires ne contiennent pas que des concepts puisque l'on définit ce qu'est « une » pomme et non pas « la » pomme que je tiens dans ma main, on peut aussi définir les objets particuliers. En effet, on peut « se définir » comme communiste, conservateur, Européen, Chinois, etc. La forme pronominale du verbe « définir » introduit ainsi la définition du particulier. Or, si je dis que « S est P » en parlant d'un sujet particulier, n'atteint-je pas l'essence même de cet être ? En effet, l'utilisation du verbe « être » semble indiquer que la définition nous renseigne sur l'existence du sujet considéré, c'est à dire que la définition (et donc peut-être la philosophie) a une portée ontologique, c'est à dire qu'elle atteint l'être même des choses, leur essence puisqu'elle dit ce qu'une chose « est ».

« « déploie ».

Or, la philosophie est-elle autre chose ? Socrate, dans les dialogues platoniciens notamment, n'a de cesse de chercher ce qu'est la Beauté, la Justice (dans la République ) ou encore la vertu.

La philosophie semble ainsi être par essence une entreprisede définition.

Dès lors, peut-être que définir, et notamment un concept, c'estfaire de la philosophie puisque que la définition contribue à la clarificationconceptuelle. Cependant, si au sens strict la définition porte sur les concepts, lesdictionnaires ne contiennent pas que des concepts puisque l'on définit cequ'est « une » pomme et non pas « la » pomme que je tiens dans ma main, onpeut aussi définir les objets particuliers.

En effet, on peut « se définir »comme communiste, conservateur, Européen, Chinois, etc.

La formepronominale du verbe « définir » introduit ainsi la définition du particulier.

Or, si je dis que « S est P » en parlant d'un sujet particulier, n'atteint-je pasl'essence même de cet être ? En effet, l'utilisation du verbe « être » sembleindiquer que la définition nous renseigne sur l'existence du sujet considéré,c'est à dire que la définition (et donc peut-être la philosophie) a une portéeontologique, c'est à dire qu'elle atteint l'être même des choses, leur essencepuisqu'elle dit ce qu'une chose « est ».

Après tout, lorsque je définis unefonction mathématique, c'est à dire lorsque je donne son expression je disbien ce qu'elle est, et je ne peux pas en dire plus.

Si je définis f(x) commel'application de la formule 1/x sur un domaine de définition donné (onremarquera d'ailleurs l'expression « domaine de définition »), je sais commentet quand l'appliquer et je peux difficilement chercher à en savoir plus, si ce n'est ses valeurs particulières.

C'est à lamise à l'épreuve de la possible portée ontologique de la définition que nous nous livrerons maintenant. 3.

La définition, opération sur le langage et non pas sur l'être d'une chose Lorsque je définis telle pomme comme un fruit rond et sucré, en ai-je tout dit ? Non, il faudrait aussi que je parle dela couleur de sa peau, de celle de sa chair, de la couleur et de la forme de sa tige, etc.

En d'autres termes, jepourrais multiplier à l'envie le nombre de prédicats dans la définition sans peut-être être jamais satisfait et sanspeut-être jamais énumérer la totalité de ces prédicats.

Par conséquent, les « concepts empiriques » sont limitésdans le sens où on ne peut en énumérer tous les prédicats.

En général, on choisit les qualités que l'on estime« utiles » ou appartenant particulièrement à tel objet pour le définir et on laisse les autres de côtés. Par conséquent, la définition est une construction, celle de la signification d'un nom.

La définition est donc uneconvention qui permettra aux hommes parlant une même langue de s'entendre.

Les définitions sont ce que Lockeappelle, dans l' Essai sur l'entendement humain , des « essences nominales », c'est à dire des substantifs dont on explique le sens.

Pour autant ces « noms » n'ont pas de portée ontologique.

Pour s'en convaincre il suffit de voirque si l'on modifie la définition d'un objet, si je choisis par exemple de définir une pomme comme un fruit carré, lapomme en tant qu'objet ne devient pas subitement carrée.

Par conséquent, la définition est un objet linguistiqueque l'on construit et n'est pas un simple décalque de l'objet même si l'utilisation du verbe « être » lors de laprédication aurait pu nous faire croire le contraire. Or, si la définition a maille à partir avec la philosophie, ne limitons nous pas les prétentions de la philosophie àélaborer une ontologie ? Pourtant, si nous avons vu que par essence la philosophie est une oeuvre de définition etde clarification conceptuelle, force est de constater qu'elle est aussi une ontologie, domaine que Platon, Aristote etleurs prédécesseurs ont abondamment traité.

De quel droit, dès lors, limitons nous les prétentions de la définition, etpartant, de la philosophie ? Chez Locke la conceptualisation de « l'essence nominale » s'accompagne de celle de« l'essence réelle ».

En d'autres termes, il existe un nom qui désigne un référent, l'objet, et ce dernier possède uneessence réelle, que Locke définit comme son organisation intime.

Or, l'entreprise de l' Essai sur l'entendement humain est de délimiter les limites de notre connaissance et Locke, en examinant nos facultés, parvient à la conclusion quel'essence réelle, qui nous permettrait de fonder une ontologie, est hors de notre portée.

Il faut par conséquent nous. »

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