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DELAVIGNE Jean-François Casimir : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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DELAVIGNE Jean-François Casimir (1793-1843). Poète et dramaturge né au Havre, Casimir Delavigne a connu très tôt la gloire. Dans Illusions perdues de Balzac, le libraire Dauriat déclare gravement à Lucien : « En librairie, jeune homme, il n’y a que quatre poètes : Béranger, Casimir Delavigne, Lamartine et Victor Hugo ».
 
Dès 1811, un Dithyrambe sur la naissance du roi de Rome lui gagne de puissants protecteurs. La chute de P Empire compromettrait sa fortune, si les deux premières Messéniennes n’en faisaient le consolateur d’une fierté nationale blessée par Waterloo. Ce triomphe vaut au poète la bienveillance du nouveau pouvoir et une charge lucrative. La voie est tracée pour le dramaturge,
 
qui s’y engage résolument avec les Vêpres siciliennes. Dès leur première représentation en octobre 1819 à l’Odéon, celles-ci seront vivement applaudies comme « l’œuvre d'un bon Français »; n’y proclame-t-on pas : « Ils étaient généreux, humains, vraiment français » (II, iv)? Pour se venger des acteurs de la rue de Richelieu, qui avaient refusé sa pièce, Delavigne les caricature dans les Comédiens (1820).
 
Mais l’année suivante, le Paria et les nouvelles Messéniennes affichent, au goût du ministère Villèle, un libéralisme outrancier. L’auteur perd son emploi; aussitôt secouru par le duc d’Orléans, il renonce à une carrière politique, comblé par ses succès littéraires : en 1823, il conquiert le Théâtre-Français, avec F École des vieillards. Cette comédie, où certains voient « les plus hautes leçons de morale et les scènes les plus comiques et les plus vraies », confirme une notoriété qui bientôt le porte à l’Académie française (1825). Il propose au public la Princesse Aurélie (1828) et Marino Faliero (1829). Ayant vanté « l’audace réglée par la raison », il prétend montrer aux romantiques, qui tentent d'imposer la nouveauté du drame historique, la seule option raisonnable : «J’ai conçu l’espérance d’ouvrir une voie nouvelle, où les auteurs qui suivent mon exemple pourront désormais marcher avec plus de hardiesse et de liberté ». La nouveauté n’est-elle pas au cœur du climat politique? Le caractère sulfureux d’une intrigue faisant conspirer un prince (le doge Marino Faliero) contre sa cité oblige Delavigne à faire jouer sa pièce dans l'exil de la Porte-Saint-Martin. Champion d’un libéralisme de bon aloi, populaire, Delavigne entend, sur les barricades de Juillet, la Parisienne, « marche nationale » dont il est l’auteur. Les initiés connaîtront « Une semaine de Paris », « le Chien du Louvre », puis deux hymnes vengeurs, inspirés par les insurgés polonais : « le Dies Irae de Kosciuszko » et « la Varsovienne », où l’on clame : « ... Pologne bien-aimée,/Qui vivra sera libre, et qui meurt l’est déjà ».
 
A mesure que le libéralisme de Delavigne devient plus enthousiaste, et que Louis-Philippe déçoit ceux qui l’ont fait roi, l’univers du dramaturge s’assombrit. Louis XI et les Enfants d'Édouard (1832) donnent du prince de bien troubles images. La censure hésitera, avant de laisser l’usurpateur Glocester déclarer :
 
Je suis roi d'Angleterre en étouffant deux rois.
 
Nos lords, nos fiers prélats, pâlissant d'épouvante, Voudront, le crime fait, baiser ma main sanglante, Et si je leur partage un lambeau de pouvoir. Pour ne rien refuser, n'oseront rien savoir.
 
Dom Juan d'Autriche (1835) et Une famille au temps de Luther (1836) introduisent — près de dix ans après Cromwell — le mélange des genres et la tragédie sans amour. Ce qui choqua chez d’autres est admis chez Delavigne. Un critique note : « De tous les auteurs dramatiques, M. Casimir Delavigne est depuis quinze ans celui que la critique attaque avec le plus d’obstination, et celui que le public soutient avec le plus de constance... » car « (...) il ose au théâtre tout ce qu’on y peut oser avec convenance. » Significativement, la Popularité (1838), jugée, pour sa facture plus conventionnelle, « hors des habitudes du public » que Delavigne a lui-même contribué à réformer, est un échec. La Fille du Cid (1839), le Conseiller rapporteur (1841), Charles VI (opéra écrit en collaboration avec son frère) et Mélusine (inachevée) n’apportent rien à sa gloire. Il meurt le 11 décembre 1843, et, quand se taisent les pompes de ses obsèques nationales, un grand oubli l’efface.
 
Pourquoi s’en étonner? Delavigne, poète ou dramaturge, vaut surtout pour son aptitude à traduire les idées dominantes de son temps. Plus que Waterloo, les Messéniennes ou les Vêpres siciliennes vengent des déceptions de bourgeois, victimes d’une restauration monarchique mesquine et revancharde. En une ère de conformisme, il

« sait ne pas se départir du respect des classiques, reste fidèle aux maîtres qui ont nourri son public : les Messé­ nielznes devront beaucoup à Béranger, à Chénier ou à l'abbé Delille; le Paria empruntera sans honte à la Chau­ mière indienne.

Invoquant haut et clair ses cautions, le discours poéti­ que de Delavigne fuit l'image et ne sacrifie qu'aux conventions de l'élégance et du style élevé, combinant à 1 'envi inversions, périphrases et clichés : « Pour revoir son île chérie,/Il franchit les flots écumants ».

Scansion solennelle, propagande sublime des discours dominants, cette poésie se teinte de prosaïsme par souci de clarté.

Le peuple comprendra les conseils qu'elle prodigue : «Du besoin de s'unir après le départ des étrangers »; ou encore « Peuple, en obéissant, sois libre sous tes rois ».

Le public célébrera en Delavigne l'auteur le plus représentatif de ses préoccupations immédiates; ce public bourgeois, à la morale étroite et timorée, se sentira rassuré en se reconnaissant dans les héros juste-milieu de son dramaturge favori.

Tandis que la farce médiévale, Molière et le vaudeville raillent l'époux trop âg_é, le bar­ bon, Delavigne réhabilite le personnage : l'Ecole des vieillards corrige l'École des femmes; Marino Faliero exalte la grandeur d'âme d'un doge aux cheveux blancs face à l'infidélité d'Éiéna, sa jeune épouse.

Pour émouvoir, Delavigne n'hésiterajamais à recourir aux ressorts les plus usés -mais les plus efficaces - du pathétique.

Dans Marino Faliero, on le trouvera supérieur à Byron, pour avoir aspergé d'eau de rose une intrigue tr�p aridement politique.

Le titre même, les Enfants d'Edouard, apparaît raccrocheur, en édulcorant singulièrement l'esprit de Richard Ill, dont cette tragédie s'inspire.

Une reine y déclare à son fils : «R ichard, je vais gronder! » De fait, Delavigne est en retard sur la littérature en devenir à son époque.

Cette époque de réaction et de contre-révolution, qui se défie des écrivains prétendant, à l'instar de Hugo, abolir « l'Ancien Régime littéraire », consacre Delavigne, et l'ensevelit dans son présent.

É manation de son parterre, il ne parle plus dans d'autres théâtres.

Les Vêpres siciliennes.- La scène à Palerme.

en 1282.

dans le palais de Procida.

Acte 1: Procida.

seigneur sicilien, banni.

revient secrète­ ment à Palerme.

voulant en chasser.

par un complot.

les Français qui l'occupent.

Depuis que Charles d'Anjou a vaincu puis nis à mort Conradin de Souabe et Frédéric d'Autriche, la Sicile geint sous l'oppression.

Mais le gouver­ neur françai!..

Roger de Monfort, chevalier plein de noblesse.

ne Jorte au cune responsabilité des crimes com­ mis par ses C)mpatriotes.

Ses mérit e s lui ont conquis l'es­ time de tous et l'amitié de Lorédan, fils de Procida.

Ce dernier.

patri. »

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