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Démocratie et démagogie

Publié le 17/02/2004

Extrait du document

On peut appliquer cette idée au peuple. Un peuple libre est celui qui se donne à lui-même ses propres lois, ce qui définit la démocratie. CONCLUSION. Certes, la démocratie est un état idéal, un régime imaginaire que jamais l'on a songé à voir s'établir sans compromission. Mais l'actualité la plus récente nous a montré dans notre pays et en ce siècle, avec le régime en vigueur et pendant la dernière décade, que la démocratie ne se voulait pas dans toute sa rigueur. Aussi s'est-elle cachée sous le masque facile d'une démagogie décadente, face à des pays où un régime prétendu totalitaire se montrait plus près de la démocratie populaire que ceux-là mêmes qui s'intitulaient démocrates populaires. Autre chose est de se dire démocrates, autre chose de vouloir assumer en toute rigueur son régime démocratique. La république n'est pas un don gratuit ; ce n'est pas une manne qui vous tombe du ciel comme le roi-soliveau de la fable. Car les grenouilles cherchent le désir et, comme le dit Alain, « désir est paresseux ». C'est un « très petit personnage ».

« 3.

Il n'est donc de démocratie que dans l'antidémagogie : plus un État selaisse aller à la liberté facile, moins il respecte la souveraineté nationale ou lesens de la république.

J.-J.

Rousseau notait dans le Contrat Social (Livre I,chapitre 6, in fine) : « L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté ».Car si la liberté devient facile, alors rien ne tient plus. L'obéissance auseul appétit estesclavage etl'obéissance à la loiqu'on s'estprescrite estliberté.

(Du ContratSocial) La liberté ne consiste pas àsuivre nos désirs.

Elle n'estpas dans l'absence decontraintes mais dans le librechoix des contraintes que l'onse donne à soi-même.

On peutappliquer cette idée au peuple.Un peuple libre est celui qui sedonne à lui-même ses propreslois, ce qui définit ladémocratie. On oppose communément la liberté à la loi.

Se soumettre à la loi, ce serait nepas ou ne plus être libre.

Mais n'obéir à aucune loi, serait-ce être libre ? Maisil faut s'entendre sur le terme liberté et sur le terme loi..Il y a un premier sens du mot libre qui est négatif : être libre c'est ne pas être empêché de faire ce qu'on a envie defaire.

On emploie le terme libre dans ce sens à propos des choses comme à propos des hommes : retirer d'un cheminles arbres qui font obstruction, c'est libérer le passage, ne pas retenir un oiseau dans sa cage, c'est le laisser librede s'envoler, ne pas empêcher quelqu'un de s'étendre sur le gazon d'un jardin public, c'est le laisser libre de le faire.Toute loi comporte des interdictions.

Dès lors toute loi réfrène la liberté, prise en ce sens négatif.

C'est le seul sensque Hobbes donne au mot liberté.

Selon Hobbes, dans l'état de nature, chacun est empêché à tout moment, dansses mouvements et ses entreprises, par autrui qui est virtuellement son ennemi.

Mais les lois d'un Etat - institué envue justement de mettre fin à cet état de guerre qu'est l'état de nature - empêchent les individus de se nuire lesuns aux autres.L'autre sens du mot liberté n'est réservé qu'à l'homme, et caractérise ce que Kant appelle l'autonomie : obéir, à la loidont on est, en tant qu'être raisonnable, l'auteur, ou encore, obéir à sa propre raison.

Obéir à sa raison, c'est êtrepleinement responsable de sa conduite.

Etre libre, c'est s'obliger soi-même à une conduite raisonnable, s'interdirecertains débordements, en un mot c'est obéir à la loi qu'on s'est prescrite.La loi peut s'entendre ici dans un sens moral, comme dans un sens politique.

Autrement dit, les obligationsauxquelles on se soumet volontairement et librement (alors qu'on subit bon gré malgré une contrainte) sont morales,ou bien civiques.

C'est dans ce sens-ci d'obligation civique que Rousseau l'entend d'abord.

Rousseau dans le ContratSocial jette les bases d'un Etat dont les lois constituent des obligations et non des contraintes : car c'est le peuplesouverain, plus exactement la volonté générale (selon la règle de la majorité) qui décide des lois.

Ainsi chacund'entre nous, en tant que citoyen, est libre parce qu'il se soumet aux lois dont il est l'auteur, en tant que membrede la volonté générale. CONCLUSION. Certes, la démocratie est un état idéal, un régime imaginaire que jamais l'on a songé à voir s'établir sanscompromission.

Mais l'actualité la plus récente nous a montré dans notre pays et en ce siècle, avecle régime en vigueur et pendant la dernière décade, que la démocratie ne se voulait pas dans toute sa rigueur.

Aussis'est-elle cachée sous le masque facile d'une démagogie décadente, face à des pays où un régime prétendutotalitaire se montrait plus près de la démocratie populaire que ceux-là mêmes qui s'intitulaient démocratespopulaires.

Autre chose est de se dire démocrates, autre chose de vouloir assumer en toute rigueur son régimedémocratique.

La république n'est pas un don gratuit ; ce n'est pas une manne qui vous tombe du ciel comme le roi-soliveau de la fable.

Car les grenouilles cherchent le désir et, comme le dit Alain, « désir est paresseux ».

C'est un «très petit personnage ».

Mais « à désirer on se prive de faire ».

Pour faire, pour agir, il faut vouloir intensément.

Larépublique est le régime où l'on ne peut se contenter de désirer, d'aspirer, de « tendre-vers ».

Il faut vraiment lavouloir, et très intensément.

Sans volonté rigoureuse, il n'est pas de démocratie possible.

Il ne subsiste que lerésidu de la démagogie.. »

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