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Y a-t-il des actes impardonnables ?

Publié le 18/09/2004

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●    Il semble alors indispensable d'interroger la nature du pardon. En effet, le sujet de la dissertation, nous l'avons vu, nous demande de mesurer, de limiter, les surfaces respectives de la faute, du pardon, de la justice. La question du sujet est celle d'une possible incommensurabilité entre la gravité de la faute et l'effectivité du pardon. S'il y a des actes impardonnable, c'est que la force du pardon n'atteint pas les dimensions de certaines fautes. En d'autres termes, le pardon serait-il un acte né d'une autre mesure que celle qui définit la faute ? La liberté en acte dans le pardon peut-elle être moins puissante que la liberté choisissant le mal dans la faute ? C'est, en fin de compte, cette liberté, en acte dans le pardon, qu'il nous faut comprendre et délimiter. Dans la tradition biblique, par exemple, seul Dieu peut remettre les fautes. Dans cette tâche une orientation nous est donnée : c'est de l'acte fautif qu'il faut partir.

« I La possibilité du pardon et les exigences de la justice ARISTOTE Ethique à Nicomaque,(IV, 7-8) « La magnanimité a rapport à de grandes choses, comme semble encore l'indiquer son nom.

Mais de quelles grandeschoses s'agit-il? C'est là ce que nous devons tout d'abord saisir.

Peu importe d'ailleurs que nous examinions ladisposition en elle-même ou l'homme qui répond à cette disposition. « On pense d'ordinaire qu'est magnanime celui qui se juge lui-même digne de grandes choses, et qui en estréellement digne; car celui qui, sans en être digne, agit de même, est un homme sans jugement, et au nombre desgens vertueux ne figurent ni les hommes sans jugement, ni les sots.[...] Ainsi, l'homme magnanime, d'une part est un extrême par la grandeur de ce à quoi il peut prétendre, et d'autre partun moyen par la juste mesure où il se tient, puisqu'il ne se juge digne que de ce dont il est effectivement digne,alors que l'homme vain ou l'homme pusillanime tombent dans l'excès ou dans le défaut. « [...] L'homme magnanime, puisqu'il est digne des plus grandes choses, ne saurait qu'être un homme parfait : eneffet, meilleur est l'homme et toujours plus grands sont les biens dont il est digne, et celui-là est digne des plusgrands biens qui est parfait.

Par conséquent, l'homme véritablement magnanime doit être un homme de bien.

Et onpensera qu'à la grandeur d'âme appartient tout ce qu'il y a de grand dans chaque vertu.

Il serait absolument contraire au caractère d'un homme magnanime à la fois de s'enfuir à toutes jambes et de comettre une injustice :dans quel but commettrait-il des actes honteux, lui pour qui rien n'a grande importance ? Et, à examiner chacunedes vertus, il paraitraît absolument ridicule que l'homme magnanime ne fût pas un homme de bien, pas plus qu'il neserait digne d'être honoré s'il était pervers, puisque l'honneur est une récompense de la vertu et que c'est auxhommes de bien qu'il est rendu.

La magnanimité semble donc être un ornement des vertus, car elle les fait croître etne se rencontre pas sans elles. « [...] Par nature, il aime à répandre des bienfaits, mais il rougit d'en recevoir, parce que, dans le premier cas, c'estune marque de supérioroté et, dans le second cas, d'infériorité.

Il sera enclin à rendre plus qu'il ne doit, car decette façon le bienfaiteur originaire contractera ne nouvelle dette envers lui et sera l'obligé.

En outre, le magnanimesemble ne garder en mémoire que ceux à qui il a fait du bien, à l'exclusion de ceux qui l'ont lui-même obligé : carcelui qui reçoit un service est l'inférieur de celui qui le lui rend, alors que l'homme magnanime souhaite garder lasupériorité. [...] Il est sans rancune : ce n'est pas une marque de magnanimité que de conserver du ressentiment, surtout pourles torts subis, il faut mieux les dédaigner.

» L'objet de cette première partie est la recherche de ce qui rend le pardon possible, de ses conditions de possibilité.Il apparaît que le pardon n'est possible que comme choix, parmi une série d'attitudes également possibles : lavengeance, la punition, l'indifférence, etc...S'il y a, alors, des actes impardonnables, quelle attitude face à l'actepeut prétendre au titre de meilleure attitude ? Quelle serait l'attitude juste ? La solution d'Aristote consiste àprésenter le pardon comme l'exercice d'une vertu, la magnanimité.

Comme toute vertu, la magnanimité est soumise àune règle qui la modère.

Or, la justice exige parfois, et ce d'autant plus que l'exercice de la vertu s'enracine danscelui du politique, qu'une punition soit infligée au coupable.

De quels cas s'agit-il ? Le texte d'Aristote nous présentele pardon du magnanime comme le dédain d'une offense qu'on a commise à son encontre.

En revanche, lemagnanime prend le parti des causes qu'il croit justes, et cherche à soumettre les coupables à la Justice de la Cité.A ce stade de la dissertation, nous avons départagé les actes pardonnables des actes impardonnables selon qu'ilsnuisaient à quelqu'un en particulier, auquel cas le pardon est une magnanimité surérogatoire, ou qu'ils représentaientune infraction à la Justice que l'offensé seul ne pourrait pardonner.

Un seond résultat et que ce partage s'oprèreaussi selon la raison : elle délimite, d'une part, les actes justes et injustes, et par là quels actes sont susceptiblesd'être pardonnés, et d'autre part, c'est elle qui enseigne au magnanime s'il est ou non à même de pardonner. Transition C'est en termes de grandeur que nous avons ainsi été amenés à penser la capacité à pardonner.

Est pardonnable est un acte si celui qu'il a offensé s'estime avec raison capable de le faire.

Comment opérer de tellesmesures, comment comparer des valeurs si imprécises ? Dans quelles situations respectives, dans quel rapport, setrouvent la conscience fautive et la conscience offensée? Comment mesurer la commensurabilité des deux ? II De la finitude humaine au pardon humain. »

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