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Y a-t-il des vérités premières ?

Publié le 10/02/2004

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Il s'ensuit également qu'une vérité de fait aurait pu ne pas être vraie, alors qu'une vérité de raison sera toujours vraie. Cette distinction correspond à celle que Leibniz établit entre « vérité contingente » et « vérité nécessaire », ou encore à celle que Hume fait entre « relations de fait » et « relations d'idées ». Il existe aussi deux sortes de vérités, dues au philosophe et logicien Robert Blanché, les vérités formelle et matérielle. Une vérité première est une proposition évidente, qu'on ne peut démontrer, sans laquelle toute démonstration serait impossible. Elle constitue par conséquent le fondement de tout raisonnement. Les vérités premières ne sont donc pas démontrables. Elles se reconnaissent d'elles-mêmes par elles-mêmes, à leur propre signe. Elles peuvent servir de principes à toutes les démonstrations et sont indubitables. C'est une évidence, une vérité indémontrable, mais certaine. Une vérité première serait une vérité que l'on sait intuitivement, dès la naissance.

« Sujet 4048 Y a-t-il des vérités premières ? (corrigés envoyé par QUENTIN GARNIER ) Pour Pascal, il y a deux sortes de vérités : d'un coté les premiers principes quisont l'objet d'un sentiment immédiat du coeur, et de l'autre les déductions quisont l'affaire de la raison.

Ces premiers principes sont les vérités premières,indubitables et intuitives.

Pour Pascal, Dieu est un des principes premiers carle coeur nous assure intuitivement, directement de la présence de Dieu.

Doncl'existence de Dieu serait une vérité première. «Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point [...] C'est le coeur quisent Dieu et non la raison.

Voilà ce que c'est que la foi.» Pascal, Pensées(1670). • Pascal distingue deux modes de connaissance.

La raison «connaît» sur lemode conceptuel et argumentatif, comme dans les mathématiques.

Mais Dieuéchappe à ce mode de connaissance.

Il serait vain, pour Pascal, de prétendreen démontrer l'existence.

C'est le coeur qui «sent» Dieu.

La foi est donc uneconnaissance immédiate et trop subtile pour pouvoir être argumentée.• La raison peut néanmoins être mise au service de la foi, de façon indirecte:c'est la célèbre théorie du «pari» pascalien, visant à convertir les incroyants.II montre que l'homme a beaucoup à gagner en croyant, et, réciproquementqu'il n'a rien à gagner en en croyant pas.

Il est donc, en pratique, raisonnablede croire en Dieu, même si ce n'est pas rationnel, et n'a pas besoin de l'être. Le plus souvent, avoir raison, c'est s'imaginer que l'on dispose d'une opinion certaine ou que l'on peut l'imposer par lapersuasion ou la force : " avoir le dernier mot ".

Mais une telle conviction apparaît vite comme peu solide et nousconduit au relativisme : chacun a raison s'il croit avoir raison.

D'où la tentation de chercher dans la sensation uncritère plus fiable de la vérité.

Hélas la sensibilité ne nous permet pas davantage d'échapper au relativisme.

En toutceci, la raison risque de prendre l'apparence d'une opinion parmi d'autres.

Toutefois, comme en science, l'idée deprouver ou de démontrer peut nous sauver de l'incertitude, bien que là encore le vrai puisse souvent devenir faux. Les données sensibles, plus immédiates et passives, permettent d'appliquer des raisonnements par induction dont lapertinence logique est tout aussi incertaine que ceux de la déduction.

Ce qui nous fait soupçonner que les erreursdes sens pourraient parfois être des illusions de la raison elle-même.

Cette dernière n'est-elle qu'un artifice ? Passerde l'idée d'avoir raison à la raison met en lumière l'importance de l'activité proprement argumentative de la raison.

Onpeut en gros distinguer trois acceptions principales du mot raison : 1) la raison est la faculté qui nous rend capablede réfléchir, de penser, de raisonner.

2) Elle est le motif d'une action,l'argument d'une idée, ou la cause d'un fait.

3)« Raison apparaît enfin dans « avoir raison «, qui indique une conformité — du reste assez problématique — entre lesentiment de certitude et la vérité. On peut penser que la raison laisse échapper tout un domaine de la vie humaine : celui de la conscience esthétique,et plus généralement la vie affective et les sentiments.

D'autre part la raison est conditionnée par divers élémentsculturels et éducatifs qu'elle ne sait plus interroger.

Mais peut-elle faire l'économie de l'acceptation, de la confiancea priori, de l'acte de foi, et tout remettre en question ? La raison peut toutefois s'efforcer de mettre sous sonpouvoir, sous sa juridiction, les autres facettes du psychisme.

La question reste de savoir si une maîtrise rationnelleconstitue pour l'homme un asservissement ou une libération.

Une telle prétention est-elle bien raisonnable ? Qu'il soit question d'un exemple ou d'une idée, il s'agit de raisonner, d'approfondir pour COMPRENDRE / EXPLIQUER etjustifier nos pensées.

Toutefois la raison ne semble pas nous mettre à l'abri des contradictions.

Celles-ciproviennent-elles des choses, ou serait-ce la raison elle-même qui les introduit en elles ? La raison contredit-elle lesdonnées de la sensation ou se contredit-elle elle-même ? Le cas par cas du sensible doit-il primer sur l'universalitéde la raison ? Si la raison semble fiable en géométrie, est-elle valable dans tous les domaines ? Sur ces dilemmesrepose le conflit entre pratique et théorie.

Mais même si c'était la pensée seule qui était contradictoire, faudrait-ilpour autant renoncer à raisonner ? La fonction de la raison ne se limite pas à son pouvoir de connaissance, elle a aussi un usage pratique, c'est-à-direqu'elle énonce également des règles de conduite, valables pour l'action.

On l'oppose à la sensibilité, mais cettedernière nous fournit aussi des éléments utilisables pour régir nos comportements.

Des jugements sont portés,fondés sur des rapports établis par la raison ou l'expérience, qui déterminent entre autres le bien et le mal, le vrai etle faux.

La raison intervient également dans le domaine esthétique : elle se combine avec la sensation pourconstituer notre expérience de la beauté.

Mais si la raison est présente dans le monde, si elle en est la cohérence,mieux vaut se méfier de son apparente toute-puissance.

Pour cela il s'agit de mieux la connaître et de la mettre en. »

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