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DESCARTES: articles 4, 5 et 6 des Passions de l'âme

Publié le 27/02/2008

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descartes
Nous devons croire que toute la chaleur et tous les mouvements qui sont en nous, en tant qu'ils ne déclenchent point de la pensée, n'appartiennent qu'au corps. Au moyen de quoi nous éviterons une erreur très considérable en laquelle plusieurs sont tombés, en sorte que j'estime qu'elle est la première cause qui a empêché qu'on n'ait pu bien expliquer jusques ici les passions et les autres choses qui appartiennent à l'âme. Elle consiste en ce que, voyant que tous les corps morts sont privés de chaleur et ensuite de mouvement, on s'est imaginé que c'était l'absence de l'âme qui faisait cesser ces mouvements et cette chaleur. Et ainsi on a cru sans raison que notre chaleur naturelle et tous les mouvements de nos corps dépendent de l'âme, au lieu qu'on devait penser au contraire que l'âme ne s'absente, lorsqu'on meurt, qu'à cause que cette chaleur cesse, et que les organes qui servent à mouvoir le corps se corrompent. Afin donc que nous évitions cette erreur, considérons que la mort n'arrive jamais par la faute de l'âme, mais seulement parce que quelqu'une des principales parties du corps se corrompt ; et jugeons que le corps d'un homme vivant diffère autant de celui d'un homme mort que fait une montre, ou autre automate (c'est-à-dire autre machine qui se meut de soi-même), lorsqu'elle est montée et qu'elle a en soi le principe corporel des mouvements pour lesquels elle est instituée, avec tout ce qui est requis pour son action, et la même montre, ou autre machine, lorsqu'elle est rompue et que le principe de son mouvement cesse d'agir.DESCARTESDans les articles 4, 5 et 6 des Passions de l'âme, Descartes s'interroge sur l'attribution de la chaleur et des mouvements qui sont en nous à partir d'un dualisme de substance entre le corps et l'âme. Si le corps et l'âme sont deux réalités qui existent par elles-mêmes séparément, elles sont en fait unies l'une à l'autre comme nous pouvons l'éprouver dans l'expérience quotidienne que nous faisons de notre être. Or nous ressentons en nous de la chaleur et des mouvements. Le problème que se pose alors Descartes est le suivant : à quelle substance le corps ou l'âme faut-il attribuer l'origine de la chaleur et du mouvement que je ressens en moi ? Sa thèse est à la première ligne : « toute la chaleur et tous les mouvements qui en sont nous (…) n'appartiennent qu'au corps ». La stratégie argumentative se déploie alors en trois moments : tout d'abord la nécessité d'accepter cette thèse parce qu'elle nous permet d'éviter une erreur nuisible à la compréhension des passions objet de la réflexion cartésienne dans cet ouvrage; ensuite l'analyse de la genèse de l'erreur, et enfin la seconde thèse corollaire selon laquelle la mort est causée par la corruption du mécanisme corporel pensé sur le modèle analogique de la montre.  

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