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Peut-on être plus ou moins libre ?

Publié le 19/02/2004

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Faut-il dire radicalement que l'homme est, ou n'est pas, libre, cad capable d'agir et de choisir ou vouloir indépendamment de toute contrainte ? Ou bien est-il plus exact de dire qu'il peut se libérer à travers une progression, ce qui sous-entend des étapes à franchir ? Les deux positions, en fait, se contredisent-elles ?
• La question semble inviter à mesurer le degré possible de la liberté dans un individu. En cédant à une telle invitation, on risque de rédiger une copie peu problématisée : il y a de la liberté dans l'homme, mais ce dernier rencontre quotidiennement des obstacles (lois, règlements...) — ce qui aboutirait à une conclusion en apparence accordée à la question : si la liberté n'est jamais complète, c'est qu'elle existe plus ou moins, au gré des circonstances. • En fait, mieux vaut dépasser rapidement une telle approche pour s'interroger sur la validité d'une gradation de la liberté : son concept est-il compatible avec une appréciation en « plus ou moins « ? • Mais s'intéresser au seul concept, n'est-ce pas courir un risque d'idéalisme ? Autrement dit : comment tenir compte aussi d'un point de vue politique (la lutte pour la libération), dont la réalité est indéniable ? Il s'agit en quelque sorte, non de synthétiser, mais d'accorder, notamment d'un point de vue historique, la conception de Hegel et des remarques de Marx. • Ce sujet est donc particulièrement riche, mais également délicat à traiter, si l'on entend être à peu près complet.

« .../... Sur ce terrain, les positions peuvent être tranchées selon qu'on affirme le mécanisme d'un déterminisme psycho-sociologique, ou selon qu'on affirme le pouvoir de l'individu de dépasser ce déterminisme.

Les premiers nieront laliberté, expliquant que les motifs ou raisons de l'action, ce qui nous a fait choisir tel moyen ou telle fin, jouentcomme les causes qui provoquent le comportement.

Le but recherché et le motif sont déterminés par l'être individuelet par sa situation ; en droit ils seraient même prévisibles.

Dans ces conditions, la conscience que l'individu a d'êtrelibre dans ses décisions et actions est une illusion.

"Les hommes se croient libres pour la seule raison qu'ils sontconscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés." Spinoza. Lire : Spinoza, Éthique, livre III, scolie de la proposition II. Les seconds affirmeront que l'homme est doué d'un libre arbitre qui le rend capable de décider sans raison, ou plutôtindépendamment de toute raison prévalente.

Capacité de se donner par soi-même la raison de son choix, le librearbitre fait de l'homme la cause première de ses actes.

On pourrait trouver chez Sartre une illustration de cette affirmation.

L'homme, étant conscience, est par là-même doué du pouvoir denier les conditions qui pourraient le déterminer.

C'est son jugement sur cesconditions qui est le motif de son acte.

Ainsi, si je prends mon parapluie, cen'est pas à cause de la pluie, c'est que je juge néfaste d'être mouillé, et cecien fonction du projet de préserver mon bien-être, par exemple.

De telle sortequ'aucune condition ne peut, à elle seule, expliquer, ou pire excuser, monacte.

Et la conscience étant la caractéristique même de l'homme, il est"condamné à être libre", dans l'angoisse de sa solitude. Lire : Sartre, L'Être et le Néant, quatrième partie, chapitre premier. Conclure : selon que l'on pense que l'homme, par sa nature même, appartient à l'univers et est soumis à son déterminisme strict, ou que l'on pense qu'il sedéfinit, ontologiquement, par la conscience, on est amené à affirmer, soit sanon-liberté, soit sa liberté.

Dans les deux cas on parle de la nature ou de lacondition de l'homme. Chercher à critiquer ces conceptions à partir de la situation concrètedes hommes .

Il faut sans doute reconnaître que la conscience place l'homme dans une condition qui n'est pas celle des choses.

Tandis que leschoses sont pleinement ce qu'elles sont, soumises aux lois de l'univers, laconscience inaugure en l'homme cette distanciation vis-à-vis de lui-même qui lui permet de s'interroger, de juger ses propres actes, de connaître les conditionnements qui l'enferment, et ainsid'acquérir une certaine maîtrise sur lui-même.

Par ailleurs, est-il conforme à l'expérience vécue d'affirmer le pouvoirabsolu de la conscience de nier ses conditionnements ?On proposera une conception de l'homme comme conscience dans une nature, physique, psychologique, sociale, quifait peser ses conditionnements.

En conséquence, il n'est pas question de nier sa liberté, mais de l'envisager commele résultat d'un effort de libération.

Les philosophies antiques et classiques peuvent aider à penser le problème.

Si laliberté consiste à agir par soi-même selon l'éclairage de la raison, et non sous le coup de la simple affectivité, ce quiserait une attitude passive ou passion, l'homme se trouve devant l'obligation morale de régler son action sur ce quela raison lui dicte comme bon.

Cela suppose qu'il parvienne à maîtriser ses passions.

Par quels moyens parvenir àcette maîtrise ? Que ce soit par la maîtrise du jugement, comme y invite la sagesse stoïcienne, que ce soit par lavolonté, comme le préconise Descartes, ou par un progrès de la connaissance selon Spinoza, cette maîtrise est àacquérir par un travail sur soi-même, suppose un temps de progression et donc une gradation dans l'effort delibération.

Présenter l'une de ces conceptions pour développer l'idée . Lire : Descartes, Le Traité des Passions de l'Âne, articles 41 à 50. On peut aussi s'inspirer des travaux de Freud qui montrent que l'homme est d'autant moins libre qu'il est agi par soninconscient et que la prise de conscience a un effet libérateur. Conclure : on peut donc dire que l'homme peut être plus ou moins libre en fonction de sa progressive maîtrise de lui-même. Penser une synthèse .

Ne peut-on pas dire que l'homme est libre, en ce sens qu'il possède la capacité de devenir plus libre par rapport à ce qui, à l'intérieur de lui-même, entrave l'exercice de cette liberté.

Autrement dit, l'hommeserait incapable de se libérer, s'il n'avait la liberté comme capacité ou puissance de devenir plus libre.. »

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