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Le désir est-il essentiel pour comprendre ce qu'est l'homme ?

Publié le 11/02/2004

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L'essence d'une chose, c'est sa nature, ce qui définit son être. Une qualité essentielle s'oppose alors à une qualité accidentelle, c'est-à-dire non constitutive de l'être de la chose. Spinoza à formulé admirablement l'enjeu du problème en en renversant les données. Il note tout d'abord que chaque entité vivante tend par nature à persévérer dans son être propre, et qu'elle est mûe, par conséquent, par un effort interne de conservation et de reproduction. Il appelle volonté cet effort conscient lorsqu'il se rapporte à l'esprit seul, et appétit (conatus, que l'on peut traduire par désir), l'essence même de l'homme en tant qu'il vise, tant par le corps que par l'esprit, la conservation de ce qu'il est. Le désir est ainsi le lien indissoluble de l'homme à la vie, que ce lien soit conscient ou inconscient. Le conatus est cette force singulière par laquelle nous persévérons dans notre nature propre, c'est-à-dire unique, et essentiellement distincte de toutes les autres. Une telle considération a des implications qui changent radicalement la place et le statut de l'homme dans l'univers. Il devient désormais impossible de parler d'une nature humaine immuable et éternelle dont on pourrait faire la science. L'homme n'est pas un être dépendant par sa nature du monde qu'il habite, le terme d'homme" devient un terme générique qui n'a d'autre valeur que nominale, puisque chaque individu est conduit par la logique de son essence propre, conatus ou désir, qui le pousse à l'affirmation dans une durée illimitée de son être singulier.

« Rien ne va au néant.

Le nihilisme est absurde : « Nulle chose ne peut être détruite, sinon par une causeextérieure » (Éthique, III, P.

4).L'essence d'une chose est une manifestation limitée de l'essence de la Cause de soi, qui est puissance infinie :« Tant que nous considérons seulement la chose elle-même, et non les causes extérieures, nous ne pouvonsrien trouver en elle qui puisse la détruire » (ibid.).De là découle la proposition 6, justement célèbre: « De par son être, chaque chose s'efforce de persévérerdans son être » L'être est désir d'être. « Cet effort, rapporté à l'esprit seul, s'appelle volonté ; mais quand il se rapporte à la fois à l'esprit et aucorps, il s'appelle tendance (appetitus) ; la tendance n'est donc rien d'autre que l'essence même de l'homme ;de cette essence découlent nécessairement les actes qui servent à sa conservation; et ainsi l'homme estdéterminé à les faire.

De plus, entre la tendance et le désir (cupiditas) il n'y a nulle différence, sinon que ledésir se rapporte généralement aux hommes dans la mesure où ils sont conscients de leurs tendances et c'estpourquoi on peut donner la définition suivante : Le désir est la tendance accompagnée de la conscience decette même tendance.

Ainsi il est établi que nous faisons effort en vue de quelque chose, la voulons, tendonsvers elle, la désirons, non pas parce que nous jugeons qu'elle est bonne : au contraire, nous jugeons qu'unechose est bonne parce que nous faisons effort pour l'avoir, la voulons, tendons vers elle et la désirons.

»(Éthique, III, P.

9, Sc.).

Ainsi le désir, reconnu par toute la philosophie comme le dynamisme immanent à lanature, exprime directement l'essence de l'être fini, ou puissance finie. SPINOZA : le désir est l'essence de l'homme Pour Spinoza, « le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est conçue comme déterminée, par unequelconque affection d'elle-même, à faire quelque chose ».

Le désir est le terme générique englobant tous « lesefforts, impulsions, appétits et volitions de l'homme ».

Il constitue l'essence de l'homme parce qu'il est le mouvementmême par lequel ce dernier s'efforce de persévérer dans son être.

Chacun désire ce qu'il juge utile à la conservationde son être et susceptible d'en accroître la perfection, c'est-à-dire ce qui lui semble bon, ce qu'il aime.

Enrevanche, il désirera éviter ou détruire ce qui lui paraît faire obstacle au maintien de son être ou entraîner sonamoindrissement.

Ainsi « chacun désire ou tient en aversion nécessairement par les lois de sa nature ce qu'il jugeêtre bon ou mauvais ».

Le désir est donc une disposition naturelle, et tout désir est en soi légitime.

Cependant ceque l'homme désire parce qu'il le juge comme lui étant utile n'est pas nécessairement ce qui lui est vraiment utile.C'est que communément « chacun juge selon son propre sentiment ce qui est bon, ce qui est mauvais », non selonsa droite raison.

Or le sentiment, en tant que passion de l'âme, est une « idée inadéquate », c'est-à-dire mutilée etconfuse, et qui est donc cause d'erreur et de fausseté.

C'est pourquoi les hommes, en croyant observer leur intérêt,désirent souvent comme utile ce qui leur est en fait nuisible. « L'appétit n'est rien d'autre que l'essence même de l'homme.

» Spinoza, Éthique, 1677 (posth.) L'appétit est l'un des affects primitifs de l'homme ; conçu comme désir d'autoconservation (effort de l'homme pour «persévérer dans son être »), il est constitutif de son essence. « Il n'y a qu'un seul principe moteur : la faculté désirante.

» Aristote, De l'âme, Ive s.

av.

J.-C. « Il faut savoir qu'il y a dans chacun de nous deux principes qui nous gouvernent et nous dirigent [...] : l'un est ledésir inné du plaisir, l'autre l'idée acquise qu'il faut rechercher le bien.

» Platon, Phèdre, ive s.

av.

J.-C.. »

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