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Y a-t-il un désir d'obéir ?

Publié le 09/01/2006

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Le désir était souvent connoté péjorativement dans l'antiquité, il n'y a qu'à songer au fait que lorsque Platon distingue trois parties dans l'âme humain (tripartition de l'âme), il l'oppose au logismos, c'est à dire au raisonnement, et au thumos, au courage.  Pourtant, pour Aristote, « Il n'y a qu'un seul principe moteur : la faculté désirante. » Cette définition est toujours d'actualité puisqu'elle est en adéquation avec des définitions contemporaines telles que celle de Paul Ricoeur « Le désir est l'épreuve présente du besoin comme manque et élan, prolongé par la représentation de la chose absente et l'anticipation du plaisir. »[5] Le désir, insatiable, n'apporte jamais de satisfaction à long terme et condamne l'homme désirant à une insatisfaction quasi permanente. En ce sens, et conformément à ce que pensaient les stoïciens, l'apaisement de l'esprit humain ne peut être obtenu que par l'absence de désirs, ce qu'ils nommaient l' « ataraxie ». Le désir est une nécessité vitale qui donne un sens à l'activité humaine et qui donne à l'individu le courage de poursuivre son existence. Même s'il est vecteur de souffrance, le désir est le véritable moteur de l'activité humaine. Sans désir, l'homme serait réduit à un inactivité permanent et à un malheur plus important encore que celui généré par le désir : l'ennui. Quant-à l'obéissance, il s'agit du fait d'agir en se soumettant aux injonctions de quelqu'un ou de quelque chose, mais le terme obéissance est également synonyme de respect, d'observance de règles. Y a t-il en chacun de nous un désir d'obéir, ce désir n'existe-t-il que chez certains ou bien aucun d'entre-nous ne l'éprouve-t-il réellement ?

« Obéir à ses désirs « est un terme que l'on entend fréquemment et qui trouve son origine dans le pouvoir qu'on les désirs sur la volonté humaine. En revanche, l'idée d'éprouver un « désir d'obéir « semble paradoxale. Aujourd'hui, on entend souvent parler d'un désir de liberté, d'autonomie ou d'indépendance et non d'obéissance. Pourtant, il semblerait que la plupart d'entre nous éprouvions l'étrange désir d'obéir, qu'il s'agisse d'obéir aux injonctions de la mode, des médias, de groupes divers etc., ce que semble d'ailleurs confirmer Hermann Hesse lorsqu'il écrit : « Obéir, c'est comme boire et manger : rien ne vaut ça quand on en manque depuis longtemps. «[1] Mais qu'est-ce que le désir ? « Le désir est l'appétit de l'agréable «, écrit Aristote[2]. Le substantif désir vient du latin desiderare (lat. desiderare, regretter l'absence d'un astre sidus)  qui signifiait regretter. Il garde, entre autres, le sens de regret aujourd'hui, bien qu'il ne s'agisse que l'une des acceptions de ce terme. En effet, désir a acquis de nombreux sens avec le temps, il peut certes s'agir de regret, mais aussi de volonté, de souhait ou encore d'appétit sexuel. Platon[3] identifie, d'une manière plus générale, l'objet du désir : « Ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir ... «. Leibniz[4] en donne une définition englobant les diverses acceptions actuelles du terme : « L'inquiétude ... qu'un homme ressent en lui-même par l'absence d'une chose qui lui donnerait du plaisir si elle était présente, c'est ce qu'on nomme désir. « Le désir était souvent connoté péjorativement dans l'antiquité, il n'y a qu'à songer au fait que lorsque Platon distingue trois parties dans l'âme humain (tripartition de l'âme), il l'oppose au logismos, c'est à dire au raisonnement, et au thumos, au courage.  Pourtant, pour Aristote, « Il n'y a qu'un seul principe moteur : la faculté désirante. « Cette définition est toujours d'actualité puisqu'elle est en adéquation avec des définitions contemporaines telles que celle de Paul Ricoeur « Le désir est l'épreuve présente du besoin comme manque et élan, prolongé par la représentation de la chose absente et l'anticipation du plaisir. «[5] Le désir, insatiable, n'apporte jamais de satisfaction à long terme et condamne l'homme désirant à une insatisfaction quasi permanente. En ce sens, et conformément à ce que pensaient les stoïciens, l'apaisement de l'esprit humain ne peut être obtenu que par l'absence de désirs, ce qu'ils nommaient l' « ataraxie «. Le désir est une nécessité vitale qui donne un sens à l'activité humaine et qui donne à l'individu le courage de poursuivre son existence. Même s'il est vecteur de souffrance, le désir est le véritable moteur de l'activité humaine. Sans désir, l'homme serait réduit à un inactivité permanent et à un malheur plus important encore que celui généré par le désir : l'ennui. Quant-à l'obéissance, il s'agit du fait d'agir en se soumettant aux injonctions de quelqu'un ou de quelque chose, mais le terme obéissance est également synonyme de respect, d'observance de règles. Y a t-il en chacun de nous un désir d'obéir, ce désir n'existe-t-il que chez certains ou bien aucun d'entre-nous ne l'éprouve-t-il réellement ? Pourquoi désirerions-nous obéir ?

« Par désir, nous entendons la tension d'un individu vers un objet qu'il se représente comme une source possible desatisfaction ou de plaisir.

Le désir est donc lie à la représentation d'une chose comme bonne pour nous-mêmes et laperpétuation de notre vie, de sorte que nous nous efforçons de l'obtenir.

Obéir est l'activité d'un individu qui fait correspondre son action à la volonté d'une ou plusieurs autres personnes,qui ont par conséquent sur lui un pouvoir d'autorité.

L'obéissance peut être volontaire (je peux choisir de fairecorrespondre mon action aux prescriptions impérieuses d'autrui, par exemple lorsque c'est la condition de marémunération) ou entièrement subie.

Nous pouvons dire qu'a première vue, l'expression « Y-a-t-il un désir d'obéir ? » est entièrement contradictoire.

Eneffet, nous avons dit que l'objet du désir était toujours un objet valorisé ou considéré comme source de plaisir, or, ilne semble pas que nous puissions dire la même chose de l'obéissance, qui est plutôt un état que nous subissons parnécessité ou que nous n'avons pas plus tôt éprouvé que nous souhaitons nous en libérer.

Cependant, l'obéissancene correspond-elle pas à un choix dans certaines conditions de la vie humaine ? Et si ce désir existe bel et bien,peut-on en identifier les causes ? Enfin, si nous sommes réellement a même d'identifier certains comportementshumains qui semblent résulter d'un désir d'obéir, ne serait-il pas inexact de leur attribuer une semblable cause ? Eneffet, le désira d'obéir que nous prenons pour la cause de leur action n'est peut-être en vérité que la conséquenced'un autre désir, qui peut-être quant a lui considéré comme la cause réelle, efficience, de notre action.

La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer s'il est possible de faire du désir d'obéir une causepremière du comportement humain ? I.

Le désir d'obéir : une contradiction dans les termes Le désir : la tension d'un individu vers un objet qui lui manque a. Nous commencerons par répondre négativement à la question qui nous est posée.

En effet, il semble que le désir estnécessairement associé à l'idée de manque, d'un quelque chose de nécessaire qui fait défaut au sujet, de sorte qu'ilest impossible de dire que l'obéissance manque a proprement parler a l'individu.

C'est en effet l'expérience dumanque que nous trouvons, quelle que soit la stase temporelle que nous considérons.

Regardons par exemple lepassé : Platon montre que le désir renvoie à une expérience passée, qu'il réclame la résurrection d'un bonheurdisparu.

En ce sens, tout désir peut s'interpréter comme la quête d'un paradis inaccessible, et c'est à la lumière decette théorie que peuvent se comprendre nombre de nos désirs, que ce soit celui du jardin d'Eden (« L'homme estun ange déchu qui se souvient des cieux » écrivait Lamartine) ou du « vert paradis des amours enfantines » évoquépar Baudelaire.

Freud montre notamment que le désir trouve sa racine dans les émotions et les plaisirs de notreenfance révolue, dont nous désirons, inconsciemment, le retour.

Mais dans la mesure où le désir est tout entiertendu vers le renouvellement d'un bonheur disparu, il ne peut qu'être associé à la souffrance, puisque par définition,ce qui est révolu ne revient pas (la réitération n'est jamais une expérience similaire à la première fois, ne serait-ceparce qu'elle n'est pas vécue comme première fois).

Le désir est donc lié à la souffrance de la perte et à la celle del'impossible résurrection du passé.

Nous dirons donc à la lumière de cette analyse que l'obéissance ne peut incarnerun objet possible du désir, puisque nous ne désirons jamais que les choses bonnes et heureuses qui nous fontdéfaut, et dont l'absence même nous est une souffrance actuelle.

L'obéissance n'est pas constitutivement un objetde cette nature.

L'obéissance : un état contraire a la nature de l'objet du désir b. En effet, considérons avec un peu d'attention ce que signifie l'obéissance.

Obéir, c'est conformer son action a uneprescription qui n'émane pas de nous-mêmes.

J'obéis lorsque la maxime, la nature et la fin de mon agir m'est imposéede l'extérieur.

Or il semble qu'un tel état ne peut jamais être autre chose qu'une contrainte pour l'individu, unesituation contraire aux aspirations légitimes et naturelles de qui que ce soit.

Lorsque j'obéis, j'abdique ma liberté, jerenonce à ma propre capacité de faire et de penser par moi-même pour me mettre dans un état de suggestion quicontredit mon aspiration à vouloir par moi-même, agir par moi-même.

Pensons par exemple a la forme d'organisationétatique ou l'obéissance est la plus grande, la plus recommandée par le pouvoir politique : le totalitarisme.

Il existeplusieurs degrés d'arbitraire, selon le degré d'indépendance du pouvoir dont il est question : le pouvoir du. »

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