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Le désir peut-il être désintéressé ?

Publié le 04/02/2004

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Cette dénonciation de la sexualité (« le grand secret »), en particulier dans le chapitre férocement misogyne des Parerga « sur les femmes et Freud pourra trouver chez Schopenhauer non seulement la subversion du moi et le primat de la sexualité, mais même l'ébauche d'une théorie du refoulement. En perpétuant l'espèce dans l'individu, la sexualité signifie au moi sa propre mort. Les moralistes ont bien vu que la peur de la mort était aveugle, déraisonnable, mais elle ne peut être comprise et surmontée que rapportée au noyau de notre être, au vouloir-vivre indestructible. Là encore, l'illusion est de chercher un principe d'immortalité dans l'indépendance d'une âme raisonnable. Le désir sexuel est faussement désintéressé et libre, l'individu est en proie à des forces plus profondes, dont la volonté, l'intérêt est la survie de l'espèce. Au-delà du caractère en vérité irrationnel du désir, il faut peut être aussi sur l'orientation de ce désir, sur l'usage que peut en faire l'homme et le moyen de le dépasser.     3) La trajectoire du désir de l'intérêt au désintérêt.     Dans les dialogues de Platon, la pensée est rythmée par l'alternance d'examens laborieux, moments de dénuement où elle tourne en rond, et d'inventions inspirées, quand se découvre tout à coup par où et comment chercher. L'un commande l'autre : la flamme ne jaillit que si l'on a péniblement frotté le briquet en tous sens ; la compréhension ne surgit que si l'on a d'abord exploré toutes les directions et fait appel à toutes les méthodes (Lettre VII). Ce mouvement est celui, décrit dans Le Banquet, des morts et des renaissances d'Éros, tantôt manquant de l'essentiel, et tantôt plein de ressources.

« de cette essence découlent nécessairement les actes qui servent à sa conservation; et ainsi l'homme estdéterminé à les faire.

De plus, entre la tendance et le désir (cupiditas) il n'y a nulle différence, sinon que ledésir se rapporte généralement aux hommes dans la mesure où ils sont conscients de leurs tendances et c'estpourquoi on peut donner la définition suivante : Le désir est la tendance accompagnée de la conscience decette même tendance.

Ainsi il est établi que nous faisons effort en vue de quelque chose, la voulons, tendonsvers elle, la désirons, non pas parce que nous jugeons qu'elle est bonne : au contraire, nous jugeons qu'unechose est bonne parce que nous faisons effort pour l'avoir, la voulons, tendons vers elle et la désirons.

»(Éthique, III, P.

9, Sc.).

Ainsi le désir, reconnu par toute la philosophie comme le dynamisme immanent à lanature, exprime directement l'essence de l'être fini, ou puissance finie. 2) Le faux désintéressement du désir amoureux. Pour Schopenhauer dans le Monde comme volonté et comme représentation , tout amour, toute passion amoureuse cachent sous leurs manifestations, des plus vulgaires aux plussublimes, le même vouloir-vivre, le même « génie de l'espèce ».

Cettedénonciation de la sexualité (« le grand secret »), en particulier dans lechapitre férocement misogyne des Parerga « sur les femmes et Freud pourra trouver chez Schopenhauer non seulement la subversion du moi et le primatde la sexualité, mais même l'ébauche d'une théorie du refoulement.

Enperpétuant l'espèce dans l'individu, la sexualité signifie au moi sa propre mort.Les moralistes ont bien vu que la peur de la mort était aveugle,déraisonnable, mais elle ne peut être comprise et surmontée que rapportée aunoyau de notre être, au vouloir-vivre indestructible.

Là encore, l'illusion estde chercher un principe d'immortalité dans l'indépendance d'une âmeraisonnable.

Le désir sexuel est faussement désintéressé et libre, l'individu esten proie à des forces plus profondes, dont la volonté, l'intérêt est la survie del'espèce.

Au-delà du caractère en vérité irrationnel du désir, il faut peut êtreaussi sur l'orientation de ce désir, sur l'usage que peut en faire l'homme et lemoyen de le dépasser. 3) La trajectoire du désir de l'intérêt au désintérêt. Dans les dialogues de Platon, la pensée est rythmée par l'alternanced'examens laborieux, moments de dénuement où elle tourne en rond, etd'inventions inspirées, quand se découvre tout à coup par où et commentchercher.

L'un commande l'autre : la flamme ne jaillit que si l'on a péniblement frotté le briquet en tous sens ; lacompréhension ne surgit que si l'on a d'abord exploré toutes les directions et fait appel à toutes les méthodes(Lettre VII ).

Ce mouvement est celui, décrit dans Le Banquet , des morts et des renaissances d'Éros, tantôt manquant de l'essentiel, et tantôt plein de ressources.

L'illumination n'a pourtant pas le dernier mot, elle doit êtremise à l'épreuve, de même que le travail de la définition n'est jamais purement logique dans la mesure où il esttoujours orienté par le désir de savoir.

Le désir qui relie la pensée à ce qui est en vérité n'a rien d'irrationnel : il estl'espèce de désir propre à la partie rationnelle de l'âme, sa « philosophie » (ce sens restera toujours pour Platon lesens premier du terme).

L'amour, au terme d'une ascension qui le mène de la beauté des corps à celle des âmes etde leurs occupations, puis aux connaissances, n'atteint sa vérité qu'en devenant philosophe et en engendrant desdiscours qui ne sont beaux que parce qu'ils sont vrais.

Il existe un désir qui peut s'extrapoler de sa conditionterrestre pour aller vers le domaine des Idées.

Il existe un désir qui ne ressort pas du domaine purement érotique ouanimal mais du domaine de la connaissance et de la spiritualité. L'exemple de la sublimation du désir. Pour Freud l'art est l'accomplissement imaginaire du désir, on retrouve ceci au cœur de l'analyse freudienne de lafonction de l'art.

Freud distingue en effet deux composants dans le plaisir esthétique : un plaisir proprement libidinalqui provient du contenu même de l'œuvre, pour autant que celle-ci nous permet, par identification au personnage,d'accomplir « notre » désir en accomplissant « son » destin ; mais aussi, et pour ainsi dire au préalable, plaisirprocuré par la forme ou la position de l'œuvre qui s'offre à la perception non pas comme un objet réel, mais commeune sorte de jouet, d'objet intermédiaire à propos duquel sont autorisées des conduites et des pensées dont il estadmis que le sujet n'aura pas à rendre compte.

Cette fonction de détournement par rapport à la réalité et à lacensure, l'intitule « prime de séduction » (Freud, 1908) : en situation esthétique comme dans le sommeil, unepartie de l'énergie de contre-investissement, employée à refouler la libido, est libérée et restituée, sous formed'énergie libre, à l'inconscient, qui va pouvoir produire les figures du rêve ou de l'art ; ici comme là, c'est le rejet detout critère réaliste qui permet à l'énergie de se décharger de façon régressive, sous la forme de scèneshallucinatoires.

On comprend bien ici le trajet de la satisfaction d'un désir intéressé au plaisir désintéressé par lebiais de l'art. Conclusion. Le désir peut être désintéressé dans la mesure où il est dépassé dans sa dimension primaire, animal pour êtresublimé dans un désir de connaissance ou dans l'expression artistique, mais en son fond le désir est intéressé car il. »

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