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Désirer est-ce forcément s'exposer à souffrir ?

Publié le 25/02/2004

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Chez la plante  qui , par un effort poursuivi à travers des formes de plus en plus nobles, aboutit enfin à la graine, « qui est un point de départ à son tour : et cela répété jusqu'à l'infini ». Chez les bêtes aussi. Mais plus la conscience s'élève et plus la misère va croissant, plus la souffrance est grande. De toutes les formes de vie, c'est la vie humaine qui est la plus douloureuse et celle-ci « oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui ». souffrance quand le désir n'est pas satisfait, ennui quand la volonté vient à manquer d'objet ou quand une prompte satisfaction vient lui enlever tout motif de désirer. L'homme est-il arrêté par quelque obstacle dressé entre lui et son but immédiat ? voilà la souffrance. Atteint-il son but ? C'est la satisfaction. Soit, mais pour combien de temps ?

« les formes de vie, c'est la vie humaine qui est la plus douloureuse et celle-ci « oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui ».

souffrance quand le désir n'est pas satisfait, ennui quand la volonté vient à manquer d'objet ou quand une prompte satisfaction vient lui enlevertout motif de désirer.

L'homme est-il arrêté par quelque obstacle dressé entre lui et son but immédiat ?voilà la souffrance.

Atteint-il son but ? C'est la satisfaction.

Soit, mais pour combien de temps ? Ladouleur ne s'interrompt pas pour autant. L'homme ne peut, en fait, que vivre que dans un état perpétuel de douleur.

Celle-ci accompagnechaque moment de son existence et les efforts incessants qu'il fait pour la chasser sont vains.

Ils n'ontd'autres effets que de la faire changer de figure. 2) De cette analyse du désir, Schopenhauer tire la conséquence : il n'y a pas de bonheur durable, mais seulement un effort continu, sans vrai but, sans vrai repos.

La vie la plus heureuse est lamoins douloureuse, cad celle où « le désir et sa satisfaction se succèdent à des intervalles qui ne sont ni trop longs, ni trop courts ».

comment expliquer, dès lors, que la plupart des hommes s'accrochent à la vie ? Qu'est-ce qui leur fait endurer toutes ces souffrances ? L'amour de la vie ?L'espoir d'une vie meilleure ? Ou tout simplement la peur de la mort, qui est toujours là, « quelque part caché », prête à se manifester à tout instant ? La vie n'est-elle pas, au fond, une fuite continuelle devant cette même mort que nous désirons parfois,qui nous attire irrésistiblement ? Ne voyons-nous pas, en effet, des hommes à l'abri du besoin et dessoucis qui, à chaque heure qui passe, se disent : autant de gagné ! A chaque heure, cad, « à chaque réduction de cette vie qu'il tenait tant à prolonger ». INTÉRÊT DU TEXTE. L'intérêt de ce texte réside dans l'affirmation que toute la souffrance que l'homme assume sur lui, est, au fond, le résultat de cet effort incessant qui n'est autre que la « volonté de vivre ». L'absurde est donc cette nécessité par laquelle se manifeste le « Vouloir », car elle est sans nécessité, incompréhensible.

C'est ce Vouloir qui est à l'origine des innombrables besoins de l'homme.

Si l'hommesouffre, c'est donc avec justice, pourrait-on dire, tant qu'il est identique à cette volonté.

Y a-t-il desmoyens de se libérer du Vouloir omniprésent ? Au livre IV du « Monde », Schopenhauer nous indique la voie.

Ce sont les fameuses trois étapes de la régénérescence spirituelle par détachement progressif du « vouloir-vivre » : l'art contemplatif, la morale de la pitié, et enfin l'oubli total du vouloir, atteint le « nirvâna ».

il s'agit, dans cet itinéraire spirituel vers le nirvâna ou extinction du désir, plus précisément d'un arrachement au« vouloir-vivre », de se détacher progressivement de son individualité qui est la source de toutessouffrances. Dans cet itinéraire, la joie de l'artiste ou celle de la contemplation désintéressée de l'oeuvre d'art est toute négative.

Le plaisir n'est pas de jouir d'une oeuvre mais e ne plus souffrir, grâce à elle,de sa propre volonté.

De même, la morale de la pitié invite à une communion avec autrui qui permet detranscender sa volonté individuelle.

Enfin le « nirvâna » est le détachement suprême, le moment suprême où la volonté se retourne contre elle-même et contre le vouloir-vivre dont elle émane, étatd'abnégation volontaire, d'arrêt absolu de tout « vouloir ».

Arrêt qui suppose le renoncement à toutes les jouissances, à l'extinction de la vie du corps.

L'homme qui réussit à nier ce « Vouloir » qui est négatif, atteint le ravissement et une jouissance libérée de la tyrannie des désirs : « Rien ne peut plus le torturer, rien ne peut plus l'émouvoir, car toutes ces mille chaînes de la volonté qui nous attachentau monde : convoitise, crainte, jalousie, colère...

n'ont aucune prise sur lui.

Il a rompu tous ces liens.Le sourire aux lèvres, il contemple paisiblement la farce du monde qui jadis a pu l'émouvoir ou l'affliger,mais qui à cette heure le laisse indifférent ; il voit tout cela comme les pièces d'un échiquier quand lapartie est finie, ou comme il contemple, le matin, les travestissements épars, dont les formes l'ontintrigué et agité toute la nuit de carnaval. » Il y a bien, dans cette possibilité affirmée de se libérer de sa volonté, de se retourner même contre elle, uncertain optimisme chez Schopenhauer .

Mais dans cette vision de la libération, on retrouve les vertus chrétiennes d'ascèse et de sacrifice.

Nietzsche ne manquera pas de voir, dans l'esthétique et la morale de Schopenhauer , l'expression du ressentiment qui caractérise déjà le judéo-christianisme.

Ressentiment contre les forces actives, contre la vie.

Le triomphe donc des forces réactives. Quant à nous, nous pouvons nous demander si le meilleur moyen pour échapper à la souffrance, c'estvraiment d'installer la mort dans la vie.

N'oublions pas que la douleur est l'aiguillon de l'activité.

Sans elle, lavie viendrait à s'éteindre.

Si une complète satisfaction est impossible, le bonheur ne saurait résider, pourautant dans l'absence totale de douleur.

Au lieu de nous réfugier dans le néant, comme le proposeSchopenhauer , vivons le présent, temps de l'action et du bonheur.

Le présent est ce qui se présente à nous, l'offrande de la vie.

Un instant peut comporter l'éternité, au point qu'on puisse pour revivre cet instantdire oui à la vie, vouloir la vivre encore telle qu'on l'a vécue, la vivre de nombreuses fois, en acceptant mêmede revivre sa part de souffrance.. »

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