Devoir de Philosophie

La désobéissance à la loi peut-elle être un devoir ?

Publié le 09/02/2004

Extrait du document

Obéir aux lois de la cité, s'y soumettre absolument. Socrate, injustement condamné à mort, refusera de s'enfuir par respect pour la loi. Cette soumission absolue à la légalité - quelles que soient les circonstances - interroge les citoyens que nous sommes.c. La justice est une illusionLe respect inconditionnel des lois affirme la nature sacrée des institutions et la valeur intangible de l'ordre établi. Nous pouvons considérer, au contraire, que les institutions sont faillibles et relatives : dans ce cas, Socrate aurait dû s'enfuir. Mais Socrate a gardé cette illusion d'une « justice « et « qu'il avait encore quelque chose de commun avec les Athéniens « (Max Stirner, L'Unique et sa propriété).

II. La loi et le devoir de désobéissance.

L'injustice plutôt que le désordre« Mieux vaut une injustice qu'un désordre «, écrivait Goethe. Mais, lorsque la loi politique fait abstraction de la morale individuelle, n'y a-t-il pas un droit de la conscience morale à la révolte ?

■ Mots clés •    désobéissance : indiscipline, insoumission, rébellion, résistance, révolte. Autant de synonymes qui montrent des degrés dans la désobéissance. Désobéir, c'est refuser de faire quelque chose. •    loi : –    Prescription, règle sociale, dont le respect est obligatoire. C'est la loi au sens juridique : la loi positive. Elle émane du pouvoir politique et régit une société donnée. •    devoir : ce qui doit être ou doit être fait ; c'est une obligation morale : « Tu dois, donc tu peux «, dit Kant.

La loi est ce à quoi nous devons obéir : elle énonce le droit et reconnaît aux citoyens un certain nombre de droits. Peut-on se révolter contre la loi, c'est-à-dire contre le droit qui règle l'activité des citoyens au sein de la société ? Allons même plus loin : la loi est ce qui est légal, est-elle ce qui est juste ? Y a-t-il un devoir de refuser d'appliquer le droit ? La désobéissance à la loi peut-elle être un devoir ?

« l'État tout entier, autant qu'il est en ton pouvoir ? Crois-tu qu'un État puisse encore subsister et n'être pasrenversé, quand les jugements rendus n'y ont aucune force et que les particuliers les annulent et les détruisent ? »La désobéissance des lois serait alors criminelle envers la société. Cette thèse est repris par Diderot dans Supplément au voyage de Bougainville .

Le philosophe française discute du bien-fondé des lois dans les sociétés européennes.

Il évoque ainsi les lois en œuvre à Tahiti qui ne sont pas sistrictes qu'en Europe et sont fondées sur des lois naturelles pour Diderot.

Ce texte est construit sur un dialogue ;l'un des personnages demande reprenant le constat de l'infortune des lois : « Que ferons-nous donc ? Reviendrons-nous à la nature ? Nous soumettrons-nous aux lois ? ».

Or, Diderot lui répond ceci : « Nous parlerons contre les loisinsensées jusqu'à ce qu'on les réforme et en attendant nous nous y soumettrons.

Celui qui de son autorité privéeenfreint une loi mauvaise, autorise tout autre à enfreindre les bonnes.

» Instaurer un devoir de désobéissance, c'estpermettre à tout le monde de désobéir aux bonnes lois. II Faut-il pour autant respecter des lois qui sont cruelles ? 1.

Les lois sont relatives Tout système juridique est en effet relatif à une société.

On peut donc déplorer le caractère changeant des lois, etla relativité de la justice institutionnelle : "Plaisante justice qu'une rivière borne! Vérité en deçà des Pyrénées, erreurau-delà" constate Pascal.

Pour le philosophe, il n'y a que la coutume qui puisse fonder le principe d'équité.

La valeurd'une loi ne pourrait alors se concevoir comme un principe universel, elle serait toujours liée aux mœurs dessociétés.

Ainsi une loi considérée comme mauvaise dans un pays, par exemple la peine de mort, est considéréecomme juste dans autres pays( pensez aux États-Unis). De plus il est incontestable que le concept de justice qui sous-tend la loi a évolué.

Par exemple, la justice telle quePlaton la prône dans La république, préconise que chaque catégorie sociale reste à sa place et dans les fonctionsqui lui reviennent en fonction de sa nature( en vue de l'ordre public) nous paraît aujourd'hui injuste et inégalitaire. Comme le rappelait Pascal, la justice institutionnelle, le droit sont relatifs, les lois sont changeantes : « Plaisancejustice qu'une rivière borne ! Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.

» Pour lui, l'équité telle qu'elle estpratiquée dans le droit est liée aux mœurs et non pas à un principe universel. De même Platon affirme dans Le politique qu'aucune loi ne sera un jour « capable d'embrasser avec exactitude ce qui, pour tous à la fois est le meilleur et le plus juste et de prescrire à tous ce qui vaut le mieux.

» Kant soutientcette thèse.

Pour lui, le droit est toujours imparfait : « Dans un bois aussi courbe que celui dont est fait l'homme, onne peut rien tailler de tout à fait droit »( Idée d'une histoire universelle ) 2.

Elles peuvent être injustes De cette relativité des lois, on peut tirer la proposition selon laquelle une loi peut ne pas être juste.

Il n'y aurait plusalors aucun absolu qui sous-tendrait la conduite des lois.

Or, il est possible que ces lois soient injustes voire mêmecruelles.

L'exemple le plus flagrant est bien sûr celui des lois de l'état nazi.

En effet, les lois préconisaient unediscrimination envers les juifs et les « anormaux ».

Les lois ont institué une opération qui visait à tuer les handicapéset l'extermination massive des juifs.

Le régime institué par les politiques de l'époque était un régime répressif et iln'est pas sûr que la seule parole prononcée par les opposants pouvait avoir un véritable pouvoir.

Enfin, une loipuisqu'elle se veut générale comme nous l'avons vu dans la première partie, ne statue pas sur des situationsparticulières et ne peut prendre en compte les différences entre ces dernières.

Si la loi prescrit qu'il faut rendre undépôt, est juste dans la plupart des cas, l'est-elle encore lorsque l'on se trouve à un homme qui a manifestementdes intentions criminelles et qui réclame l'arme qu'il nous a confiée ? 3.

Il faut pouvoir ne pas suivre les lois quand elles sont mauvaises Si les résistants pendant la seconde guerre mondiale n'avaient pas enfreints les lois en vigueur, beaucoup plus dejuifs auraient péri.

Il faut donc bien qu'une règle supérieure nous dise comment nous conduire.

Il faut donc un devoirqui nous permette d'enfreindre les lois. Saint-Thomas dans la Somme Théologique , soutient que la seule manière d'être juste est de transgresser la loi.

Pour Herbert Marcuse, la véritable justice réside dans la résistance au loi.

« On témoigne que le devoir de résister est lemoteur du développement historique de la liberté, le droit et le devoir de la désobéissance civile étant exercécomme force potentiellement légitime et libératrice.

Sans ce droit de résistance, nous en serions aujourd'hui encoreau niveau de la barbarie primitive.

»( Conférence : Le problème de la violence dans l'opposition) III Il faut une véritable éthique pour pouvoir distinguer les mauvaises lois et les bonnes 1.

Le devoir vient de notre conscience Le devoir se définit nous l'avons dit comme ce qu'on a à faire, ce à quoi on est obligé par quelque chose d'extérieur.Or, puisque on parle ici de désobéissance à la loi, le devoir ne peut être imposé par la loi.

On peut alors penser audevoir kantienne qui provient de la raison elle-même.

En effet, sa loi morale est indépendante aux influencessensibles et doit son origine à la seule raison.

Elle s'énonce comme suit : « agis de telle manière que la maxime de. »

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