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Le devenir historique dépend-il du libre choix de l'homme ?

Publié le 10/07/2004

Extrait du document

- Les différentes acceptions du terme « liberté «.

INDICATIONS DE LECTURE

* Études philosophiques (Éditions Sociales). Texte de Engels, p. 155.

* Anti-Dühring de Engels (Éditions Sociales), p. 324 notamment. « Les hommes enfin maîtres de leur propre socialisation, deviennent ainsi, par là même, maîtres de la nature, maîtres d'eux-mêmes, libres. «

* Leçons sur la philosophie de l'histoire de Hegel (Vrin). Lire attentivement en particulier l'Introduction notamment page 98 : « Les grands hommes sont ceux qui, dans leur temps, ont le plus de lucidité et savent le mieux ce qu'il faut faire. «

* Les Aventures de la dialectique de Merleau-Ponty (Gallimard) .

La nature de l'homme est de ne pas avoir de nature. L'homme s'est produit lui-même. Il est l'artisan de son histoire. Mais, l'histoire, c'est aussi les violences, les guerres, au point de se demander si les hommes font consciemment leur histoire. Celui-ci ne s'accomplit-elle pas dans une inconscience tragique ?

« On peut cependant modifier la réflexion et considérer le problème sous un angle un peu différent, en parlant de lathèse déterministe.

Elle soutient que l'histoire, et par conséquent le devenir historique, est entièrement conditionnépar la loi de cause à effet.

Spinoza, en particulier, nous montre que tous les phénomènes du monde, aussi bien naturels qu'historiques, s'enchaînent nécessairement les uns aux autres, quetous sont l'effet d'une autre cause antérieure, elle-même effet d'une autrecause, en remontant ainsi jusqu'à la cause première.

Spinoza nous montreainsi que, même lorsque nous croyons choisir librement, nous agissons sousl'effet d'une loi de cause à effet.

Il prend l'exemple d'une pierre qui tombe ennous montrant que, si elle avait conscience de tomber, elle croirait l'avoirchoisi librement, alors qu'elle ne faisait que subir la loi de la pesanteur.

Pourles déterministes, donc, le devenir historique est totalement orienté par la loide cause à effet, que même si l'homme croit avoir librement sur ses actions, iln'en est pas l'auteur; les conséquences de ce courant de pensée sontcependant différentes de celles du fatalisme, car Spinoza croit à la possibilitéd'une liberté pour l'homme, à partir du moment où il se rend compte, où ilprend conscience d'agir sous l'effet des lois.

Il possède alors un moyend'activité qui est de « vivre volontairement sous la conduite de la raison ». Nées de l'ignorance, les passions ne peuvent être vaincues que par laconnaissance.

Prenons un exemple : un homme est raciste parce que sonimagination, à une certaine occasion, a lié ensemble l'appartenance à unecertaine race et la méchanceté.

Cette association imaginaire, dont il ignore lecaractère illusoire, s'est faite spontanément en lui à la suite d'une expériencedésagréable, et ressurgit à toute occasion. Mais la raison lui montre que cette association est une généralisation abusive, opérée par sa seule imagination ;que la cause réelle de l'outrage n'était pas la race de l'individu, mais son caractère.

Du coup, sa haine à l'égard de larace en question disparaît ; même si son imagination continue de faire l'association, il n'en est plus la proie ; sonsouvenir désagréable ne se transformera plus en haine.

Si la raison ne supprime pas totalement la passion, elle en neutralise au moins les conséquences.

Son irritation nese dirige plus sur des causes imaginaires. Si l'on considère par exemple le développement des sciences au cours de l'histoire, la pensée de Spinoza se précise.La science et, par suite, les techniques, utilisent les lois naturelles pour surmonter les lois naturelles.

Par exemple, sil'on réfléchit sur le moyen de construire une voûte en pierres, on s'aperçoit que les pierres sont placées d'une tellemanière qu'elles s'empêchent de tomber mutuellement,_ en interagissant les unes sur les autres.

Mais cela n'estrendu possible qu'avec la loi de la pesanteur, et c'est donc en « tombant » qu'elles se retiennent toutes.

Cetexemple montre que les déterministes envisagent un moyen d'action sur le devenir historique, mais qui n'estcependant pas un libre choix.Mais cette théorie n'est cependant pas entièrement satisfaisante, car on ne peut prouver le déterminisme.

Et,d'autre part, ne peut-on envisager le devenir historique comme dépendant du choix de l'homme, et par conséquent,de l'existence de la liberté humaine (car le fond du problème est celui de la liberté) ? Or, comme le disait Descartes,la liberté est une expérience que l'on vit et non une chose que l'on doit prouver.

Kant a d'ailleurs montré qu'on nepouvait pas prouver son existence.

Par une antinomie de la raison, il nous montre qu'on peut soutenir aussi bien lathèse que l'antithèse de l'existence de la liberté; il n'y a pas possibilité de trancher ce problème.

Les thèses fatalisteet déterministe ne sont donc pas entièrement satisfaisantes. Si une action humaine est blâmable, répréhensible, si nous sommes en mesure de condamner certainscomportements ou conduites, c'est que l'homme est libre.

Si la liberté, au contraire, n'est qu'une illusion, la morale,à savoir la distinction du bien et du mal, devient impossible.

On peut considérer chaque individu de deux points devue.

Du point de vue du caractère empirique, c'est-à-dire de nos déterminations, mobiles et penchants sensibles,chacune de nos actions peut être imputée, quant à sa cause, à un événement antérieur qui, enchaîné à d'autres,nous a conduit à agir de telle sorte plutôt qu'autrement.

De ce point de vue empirique et sensible, nous ne sommespas libres, comme un bref examen de raison peut nous le montrer après coup.

Mais ce n'est pas pour autant quenous sommes irresponsables : nous portons le poids de nos propres actions, comme chaque auteur porte sonoeuvre.

Du point de vue moral, c'est-à-dire du caractère intelligible de l'auteur, chaque action est regardée commeinconditionnée par rapport à l'état antérieur.

Par chacune de nos actions, nous commençons absolument, c'est-à-dire sans antécédents, une série nouvelle de conséquences, dont nous sommes les libres instigateurs.. »

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