Devoir de Philosophie

Devoir et intersubjectivité ?

Publié le 12/02/2004

Extrait du document

Si l'on entend par espace public l'ensemble des relations au coeur desquelles s'accomplit, de façon vivante, une parole politique (et non les lieux publics), on aura sans doute compris que l'État démocratique moderne souffre de le voir colonisé par les médias et les autres instances de confiscation de la parole (ou d'imprégnation de modèles figés). Les citoyens se détournent de l'espace public parce qu'ils ne peuvent plus y être entendus, à défaut de le vivifier eux-mêmes. Malgré tout, ils disposent, par le langage, d'une puissance immanente de lien (il existe un lien incontournable entre des hommes qui ne sont pas des monades séparées), d'une puissance d'intersubjectivité, qu'il convient de faire valoir (on parle et on vit ensemble). La neutralisation de l'espace public dans la dispersion et la fluidité, l'espace du journal ou de la télévision, de la place publique, voués à la seule coprésence et au côtoiement, les barrières mises à la proximité, l'opposition du quotidien et du spectaculaire, suspendent un échange appropriable par les citoyens (L'Espace public, 1962). Sur le modèle du langage, de l'intersubjectivité, la parole peut être à nouveau vivifiée dans un espace public décolonisé. Il en découlerait que l'attention à autrui y trouverait de nouvelles exigences exercées contre la désaffection par les citoyens des affaires publiques, que les hommes politiques se verraient soumis à des contrôles (obligés de convaincre, et non de persuader, toucher ou se faire voir/donner à voir dans les médias). En définitive, la philosophie politique se charge à nouveau de l'horizon du droit : la question n'est plus de savoir ce qu'est la vie bonne, ni comment transformer le monde, mais de savoir à quelles conditions une norme peut passer pour valide, aux yeux de tous ? Habermas veut ainsi rétablir le point de vue du « nous », de l'unité sociale, à partir d'un accord normatif et non d'un impératif coercitif. Il dénomme cet accord « communication », parce qu'il repose sur et engendre du « commun » (Théorie de l'agir communicationnel, 1981).2.

Liens utiles