Devoir de Philosophie

Le devoir moral se distingue-t-il toujours de l'obligation juridique ?

Publié le 27/01/2004

Extrait du document

b) Au demeurant, Durkheim nous montre dans le même texte, l'Education morale, que la conscience du devoir, et son obéissance qui dicte des impératifs n'est que l'indice d'une profonde assimilation des impératifs sociaux, d'une moralisation si réussie qu'elle se passe d'autre chose. Donc, l'obéissance au devoir est une obéissance aux lois sociales. L'impératif catégorique est donc un fait social total. D'où l'importance de l'éducation, de coutumes comme autant de cadres à la vie sociale. C'est en effet à travers l'éducation principalement que sont assimilés ces codes et règles de conduite ; se transmettant de génération en génération. Ainsi la distinction entre droit et moral est inopérante : ces deux lois sont des manifestations à des degrés divers de l'émanation de lois sociales.
c) La définition de lois, que ce soit du point de vue de la morale ou du droit est nécessaire à la société et c'est bien ce que Durkheim donne de la définition de la société dans le Dictionnaire philosophique de Lalande. En effet, la grande différence entre les sociétés animales et les sociétés humaines est que, dans les premières, « l'individu est gouverné exclusivement du dedans, par les instincts... tandis que les sociétés humaines présentent un phénomène nouveau, d'une nature spéciale, qui consiste en ce que certaines manières d'agir sont imposées ou du moins proposées du dehors à l'individu et se surajoutent à sa nature propre « ; et tel est le caractère des « institutions «, au sens large du mot. On peut dire que la moralité est l'obéissance aux règles profondes de la société. Et le droit une manière de conserver le lien social hic et nunc c'est-à-dire avec les aléas de la vie sociale.
Ainsi la question nous invite à discuter et à préciser la distinction obligation juridique et obligation morale. Les deux types d'obligation sont-ils si aisément séparables en pratique qu'ils le sont à première vue en théorie? L'obligation juridique n'a-t-elle pas toujours besoin du devoir moral pour fonctionner? Et peut-être encore plus surprenant, le devoir moral n'a-t-il pas besoin du secours du juridique?

« intériorisée ? II – Intériorisation et conscience morale a) En effet, par une étude du concept de moralité, on peut voir que l'obéissance au devoir est non pas uneexigence de la raison, mais généalogique, la loi morale c'est « la société qui parle à travers moi » comme le préciseDurkheim dans l' Education morale .

Le devoir est l'ensemble des attendus, des règles de la société intériorisée. « Quand notre conscience parle, c'est la société qui nous parle.

» Les commandements moraux, l'obéissance audevoir, sont imposés aux individus par la vie sociale de telle sorte qu'ils assimilent, les intègrent jusqu'à avoir l'illusionde les trouver en soi c'est pourquoi la distinction entre le devoir moral et l'obligation juridique n'est pas satisfaisante.Dans les deux cas, les deux types de loi sont données en vue du bien et de l'utilité publique : en vue de laconservation du lien social.

C'est ce que l'on peut observer dans le cas de l'interdit de l'inceste ou encore dans lerespect de la propriété d'autrui.b) Au demeurant, Durkheim nous montre dans le même texte, l'Education morale , que la conscience du devoir, et son obéissance qui dicte des impératifs n'est que l'indice d'une profonde assimilation des impératifs sociaux, d'unemoralisation si réussie qu'elle se passe d'autre chose.

Donc, l'obéissance au devoir est une obéissance aux loissociales.

L'impératif catégorique est donc un fait social total.

D'où l'importance de l'éducation, de coutumes commeautant de cadres à la vie sociale.

C'est en effet à travers l'éducation principalement que sont assimilés ces codes etrègles de conduite ; se transmettant de génération en génération.

Ainsi la distinction entre droit et moral estinopérante : ces deux lois sont des manifestations à des degrés divers de l'émanation de lois sociales.c) La définition de lois, que ce soit du point de vue de la morale ou du droit est nécessaire à la société et c'est bience que Durkheim donne de la définition de la société dans le Dictionnaire philosophique de Lalande .

En effet, la grande différence entre les sociétés animales et les sociétés humaines est que, dans les premières, « l'individu estgouverné exclusivement du dedans, par les instincts… tandis que les sociétés humaines présentent un phénomènenouveau, d'une nature spéciale, qui consiste en ce que certaines manières d'agir sont imposées ou du moinsproposées du dehors à l'individu et se surajoutent à sa nature propre » ; et tel est le caractère des « institutions »,au sens large du mot.

On peut dire que la moralité est l'obéissance aux règles profondes de la société.

Et le droitune manière de conserver le lien social hic et nunc c'est-à-dire avec les aléas de la vie sociale.

Or c'est bien dans ce cadre que je peux développer des relations avec autrui.

Donc la moralité et le droit sont deux règles de mêmeutilité.

Et dans la mesure où la société se définit comme le cadre permettant la vie et la poursuite de ses propresbuts tant qu'ils n'entrent pas en conflit avec l'ordre social, alors on peut dire que la moralité est compatible avecl'utilité.

Transition : Ainsi la distinction entre devoir moral et obligation juridique n'est pas si tranchée que cela dans la mesure où lesdeux types de lois font référence à une loi sociale plus moins intégrée du point de vue de l'habitude et del'éducation.

Cependant, la distinction de l'intériorité et de l'extériorité demeure par rapport au législateur : dans lecas du devoir moral j'écoute ma conscience et je suis seul à fixer ma propre loi ; l'obligation juridique quant à elleest fixée de manière extérieure, par un législateur extérieur.

Et il est symptomatique de voir cette relation dans lecas de la désobéissance civile.

III – La désobéissance comme conflit entre devoir moral et obligation juridique a) En effet, la distinction entre devoir moral et obligation juridique est particulièrement perceptible dans ce que l'onappelle la désobéissance civile.

L'un des cas les plus exemplaire que l'on peut développer est celui d'Antigone dans lapièce éponyme de Sophocle .

Antigone doit enterrer son frère Polynice, mort alors qu'il se battait contre son propre frère ; mais Créon a ordonné qu'il n'en soit pas ainsi.

Dans ce cas, il a manifestement une distinction entre le devoirmoral, celui d'enterrer son frère et l'obligation juridique qui prescrit le contraire.

Il n'en reste pas moins qu'Antigonesera condamnée par Créon bien que son geste soit parfaitement moral.

Autrement dit, s'il y a une distinction quipeut exister entre le devoir moral et l'obligation juridique, on peut dire qu'elle repose dans le fait que le devoir moralest une norme, un critère de jugement de l'obligation juridique.

La morale juge le droit en tant qu'elle lui fournit uncritère du juste et de l'injuste.

Et dans c'est dans ce cas que se pose la question : pourquoi obéir à des lois ?b) En effet, certaines lois apparaissent injustes ou non justifiée ; ou encore posent un problème moral et dans cecas, il paraît possible voire légitime de ne pas les suivre de ne pas leur obéir ; et ainsi de faire un acte civique.

Ils'agit de faire preuve de responsabilité et d'écouter la voix de sa conscience morale au-delà du simple principed'obéissance à l'ordre juridique.

Cela a notamment été le cas de Thoreau n'ayant pas voulu payé l'impôt qui devaitservir à la guerre au Mexique pour le maintien de l'esclavage.

Si l'on prend cet exemple, c'est que Thoreau est l'un des principaux théoriciens de la désobéissance civile.

En effet, comme il le théorise dans la Désobéissance civile , il est parfois de son devoir ne pas obéir à une loi, au risque sinon « de devenir un agent de l'injustice exercée à l'égardd'autrui.

» Il s'agit explicitement d'un problème de conscience morale et c'est en ce sens qu'« il faut violer la loi » ;violer la loi pour être libre et ne pas être un serf de l'Etat ; esclave de l'Etat d'autant plus servile qu'il le seraitvolontairement par son choix de ne pas protester.c) Pour autant, la désobéissance civile ne peut se comprendre que dans le cadre d'une démocratie.

Comme leremarque John Rawls dans sa Théorie de la justice : « cette théorie est conçue seulement pour le cas particulier d'une société presque juste, bien ordonnée dans sa plus grande partie, mais où néanmoins se produisent un certainnombre de violation graves de la justice.

» La désobéissance civil peut être définie comme « un acte public, nonviolent, décidé en conscience, mais politique contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener à un. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles