Devoir de Philosophie

Le devoir s'oppose-t-il à la liberté ?

Publié le 01/03/2004

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De quel droit le punir ? Est-ce légitime ? Pour comprendre la réponse de Rousseau, il faut comprendre le mécanisme même qui pousse u individu à désobéir. En désobéissant à la loi, je désobéis à moi-même, à une partie de ma volonté commune. Cela n'est possible que parce qu'il y a une différence entre « homme « et « citoyen « : « En effet chaque individu peut avoir une volonté particulière contraire ou dissemblable à la volonté générale qu'il a comme citoyen. « Contrevenir aux lois, c'est faire prédominer sa « volonté particulière «, son intérêt propre sur l' «intérêt général « qu'on continue d'avoir comme «citoyen «. Par exemple, il y a fort à parier que, comme « citoyen «, j'ai voulu et continue de vouloir une loi interdisant le vol ou protégeant la propriété. Il se peut que dans le même temps je désire m'approprier le bien de mon voisin. Si je vole, je ferai prévaloir mon intérêt égoïste sur l' « intérêt général « qui est aussi le mien, donc je voudrais à la fois que la loi me protège, et à la fois la violer quand cela m'arrange. Le raisonnement du contrevenant fait « [qu'] il jouirait des droits du citoyen sans vouloir remplir les devoirs du sujet.
Le devoir comme interdit s'impose à nous. En tant qu'il n'émane pas de notre volonté et qu'il nous contraint à agir d'une manière déterminée, le devoir restreint notre liberté. MAIS, moralement et juridiquement, chacun a le devoir de ne pas menacer la liberté d'autrui. Je peux librement accomplir mon devoir. Le devoir est donc ce qui garantit la liberté plutôt que ce qui la brime.

« penchant nous semble toujours être l'expression la plus exacte de nous-mêmes, le devoir nous apparaîtcomme une contrainte imposée de l'extérieur, que nous avons cependant intériorisée.

Suivre ses penchantsc'est suivre sa propre nature, c'est très exactement faire ce que l'on veut, puisque nous sommes la source denos penchants.À l'épanouissement des penchants s'oppose la contrainte des lois morales.

Dans ces situations où devoir etbonheur s'opposent, la loi morale est limitative de la liberté, puisqu'elle tend à nous empêcher de faire ce quenous voulons.

S'affranchir de la pression de toute loi pour ne suivre que l'anarchie des penchants et desdésirs, c'est le vrai bonheur, qui coïncide avec la vraie liberté.L'homme libre se veut amoral : refusant de se soumettre à la contrainte du devoir, mais aussi refusant de voiren lui-même l'origine de la loi morale, il ne reconnaît comme s'appliquant à lui que la loi du bonheur maximum.La plus grande liberté, semble-t-il, est finalement la licence du tyran qui assouvit toutes ses passions contretous les autres, s'assurant l'impunité totale que lui offre aux yeux de la justice et de la morale, selon Platon,l'anneau de Gygès qui rendait invisible.

[Le devoir est la condition de possibilité de la liberté.

Respecter son devoir, c'est se respecter soi-même et respecter autrui.

Le devoir est nécessaire à la survie de l'humanité.] J'accomplis librement mon devoirC'est une tentative au plus haut point condamnable que de vouloir tirer de ce qui se fait les lois de ce que jedois faire ou de vouloir les y réduire», dit Kant dans Critique de la raison pure.

La pression sociale ne sauraiten aucun cas me dicter mon devoir.

Je trouve celui-ci plutôt à l'intérieur de moi-même, librement, commeimpératif catégorique, comme loi universelle de la raison.Kant a souligné l'importance de l'autonomie morale : je suis soumis àune loi dont je suis moi-même le législateur et tous les hommes, sujetsraisonnables, se trouvent soumis à la même loi.

«Agis toujours de tellesorte que tu considères ta volonté raisonnable comme instituant unelégislation universelle.» La société idéale apparaît alors comme unerépublique d'hommes libres dont l'harmonie résulte de ce que chacunpose pour lui-même ainsi que pour les autres des règles universellementvalables.

Dans cette société démocratique le subordonné obéira auchef sans renier l'autonomie de la conscience parce que ce que sonchef lui commande est ce que sa propre raison (qui est la raisonuniverselle) lui dicte.

Lui-même s'il était chef donnerait doncexactement les mêmes ordres.

Ceci éclaire l'idée chère à Rousseau devolonté générale.

La volonté générale n'est plus ici le capricecontingent d'une majorité électorale, mais l'expression pure et simpledes exigences de la raison universelle.

Dès lors le chef n'est plus dedroit divin et s'il est un tyran qui trahit les exigences de la raison, lepeuple a le droit, mieux le devoir, de lui demander de renoncer à sonposte. Le devoir n'émane que de moi"Il y a au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu", ditRousseau.

Le devoir n'est donc pas une obligation extérieure, maisémane de ma propre conscience qui me dicte ce qui est bien et ce qui est juste.

Si je décide moi-même ceque je dois faire, ce qui est le propre de tout individu autonome et responsable, alors je suis libre.« L'impulsion du seul appétit, dit Rousseau, est esclavage, et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite estliberté.

» Le même raisonnement qui fait qu'obéir à la loi morale n'est obéir qu'à soi-même fait qu'obéir à la loicivile est être libre.

La liberté politique, en effet, ne consiste pas à faire tout ce que l'on veut, selon quoi, àl'époque des Grecs, seul le roi des Perses était libre, mais à être citoyen d'une république, c'est-à-dire avoir ledroit de poser les lois, et le devoir d'y obéir. Le devoir garantit la libertéLe devoir est une obligation sociale réciproque qui garantit la liberté et le bien-être de chacun.

Le devoir neserait injuste et contraignant que si certains y étaient soumis et d'autres non.

Or, dans une sociétédémocratique, le devoir, c'est aussi celui que les autres ont de respecter ma liberté.

Loin de s'y opposer, ledevoir est ce qui conditionne ma liberté.. »

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