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Les difficultés de l'autonomie ?

Publié le 07/02/2004

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il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait. » L'homme n'est ni ceci ni cela. Son existence n'est d'abord soutenue par rien. C'est précisément parce que l'homme n'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peut qu'être liberté. La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce queue est, ne saurait être libre. Un arbre ne peut jamais être que l'arbre qu'il est. Un objet n'a pas à être : un coupe-papier, par exemple, est. Tout objet matériel est. L'homme n'est pas. Il n'est pas d'avance ceci ou cela, ce qu'il va devenir n'est pas décidé d'avance.

« sinon que l'homme a une plus grande dignité que la pierre ou la table ? Car nous voulons dire que l'homme existed'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se projeterdans l'avenir L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d'être une mousse, une pourriture ouun chou-fleur » La liberté est donc, pour Sartre, un absolu qui ne se choisit pas.

L'homme ne choisit pas d'être libre, il l'est, il nepeut que l'être.

Il l'est tout entier et toujours.

Il ne saurait être tantôt libre, tantôt esclave.

Ce que Sartre exprimesous cette formule : « L'homme est condamné à être libre.

»Si l'homme est celui qui se fait, ce projet réalise pas dans l'intimité douillette d'un ego refermé sur lui-même, mais nepeut se réaliser que dans son rapport au monde et à autrui.

L'homme est « en situation ».

C'est-à-dire qu'il est «conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature de son travail », conditionné jusqu'à ses sentiments et sespensées.

Mais si l'homme ne peut pas choisir sa classe sociale, il peut se choisir lui-même dans sa « manière d'être».

Sartre lui-même reconnaît en 1940 qu'il est « le produit monstrueux du capitalisme, du parlementarisme, de lacentralisation et du fonctionnalisme », mais c'est à partir de cette situation familiale qui l'a constitué qu'il entreprendde se « personnaliser ».

D'où la formule : « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisonsnous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La situation n'est pas quelque chose qui limite la liberté elle est ce à partir d'où commence la liberté.

C'est la raisonpour laquelle Sartre a pu écrire en 1944 dans « Les Lettres française » (fondé par Aragon et Paulhan): « Jamaisnous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande.

» Qu'est-ce à dire, sinon qu'à ce moment-là, puisquenous étions traqués, «chacun de nos gestes avait le poids de l'engagement » ? La liberté est donc le choixpermanent qui oblige chacun, à chaque instant, quel que soit l'obstacle ou la situation, à se faire être.Ainsi, pour Sartre, si l'existence précède l'essence et si Dieu n'existe pas, l'homme est alors responsable de ce qu'ilfait, de ce qu'il est : « Nous n'avons ni derrière nous, ni devant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, desjustifications ou des excuses.

Nous sommes seuls, sans excuses.

C'est ce que j'exprimerai en disant que 1 hommeest condamné à être libre.

Condamné parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parcequ'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.

» Mais par là, Sartre signifie aussi que l'homme est « responsable de tous les hommes » :« Quand nous disons que l'homme se choisit, nous entendons que chacun d'entre nous se choisit, mais par là nousvoulons dire aussi qu'en se choisissant, il choisit tous les hommes.

»Autrement dit, chacun de nous, par ses choix, ses actes, pose les normes du vrai et du bien et engage ainsil'humanité tout entière.

Certes, beaucoup d'hommes ne se sentent pas responsables, croyant en agissant n'engagerqu'eux-mêmes, et « lorsqu'on leur dit: mais si tout le monde faisait comme ça ? ils haussent les épaules etrépondent: tout le monde ne fait pas comme ça ».

Mais, en fait, ils se masquent leur angoisse, la fuient.

Ils sont demauvaise foi, car en vérité, on doit toujours se demander: « Qu'arriverait-il si tout le monde en faisant autant ? »Dire que « l'homme est condamné à être libre », cela signifie bien que l'homme n'est pas niais qu'il se fait, et qu'ense faisant il assume la responsabilité de l'espèce humaine, cela signifie aussi qu'il n'y a pas de valeur ni de morale quisoient données a priori.

En chaque cas, nous devons décider seuls, sans points d'appui, sans guides et cependantpour tous.Contrairement à la chose qui est ce qui est, l'homme, en tant que « pour-soi», n'est jamais tout à fait soi.

Il est et iln'est pas ce qu'il est.

En avouant, par exemple, que je suis un menteur, j'adhère à ce que je suis mais en mêmetemps je prends mes distances à l'égard de ce que je suis.

La conscience est donc bien négativité infinie, pouvoir dedépassement de ce qui est.

Mais la liberté se confond-elle avec la spontanéité de la conscience ? Un enfant est-illibre ? La liberté ne se développe-t-elle pas avec l'expérience et la connaissance ? Sartre semble sous-estimer lerôle de la raison et de la connaissance dans la liberté.. »

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