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Dire que la connaissance a une histoire, est-ce renoncer à l'idée de vérité objective ?

Publié le 31/01/2004

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histoire
On peut admettre, depuis Kant, que ces phénomènes sont la version que le monde présente pour nous, en fonction de nos capacités d'observation (si techniques soient-elles), mais qu'ils ne correspondent pas à la réalité (à ce que Kant nommait les « noumènes »). Si la science prétendait établir une vérité absolue ou définitive, elle prétendrait du même coup atteindre la réalité nouménale. Ce qui lui est impossible, et ce qui signifierait son achèvement, sa mort. [II. Une histoire des erreurs]S'il y a bien une histoire des sciences, cela signifie évidemment que la vérité n'est jamais atteinte ou découverte du premier coup. Mais cela signifie aussi que les vérités élaborées par la science se modifient et secorrigent historiquement en fonction de nouvelles données expérimentales (ou de la construction de nouveaux systèmes formels).La géométrie euclidienne, par exemple, a pendant des siècles été admise comme la seule possible. Jusqu'à l'apparition des géométries non euclidiennes, qui provoqua bien des interrogations chez les mathématiciens et les logiciens : fallait-il admettre que ces nouveaux systèmes étaient de simples curiosités logiques sans applications (ils étaient en effet cohérents, mais ne paraissaient d'aucune utilité, à court terme, pour la physique ou les autres disciplines mathématisées) ? Fallait-il au contraire les considérer comme « annulant» la validité d'Euclide, en quelque sorte « dépassé » ? On comprend qu'en fait - et c'est ce qu'avait indiqué Lobatchevski, en intitulant son système « géométrie généralisée » - les non-euclidiens élaborent un espace géométrique plus « vaste » ou plus « général » que le système euclidien.
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« formelle ne concerne en conséquence que les disciplines qui ne prétendent pas traiter du monde : lesmathématiques et la logique elle-même.D'autre part, la vérité dite matérielle ou empirique est celle que l'on rencontre dans les sciences qui s'occupent desphénomènes naturels.

C'est dire que les énoncés, outre qu'ils doivent être logiquement acceptables, ont aussi pourtâche de rendre compte des phénomènes, par un langage qui, au lieu d'être purement symbolique ou vide, estpourvu de référents les plus précis possibles.Mais ces référents ne visent pas ce que l'on pourrait nommer la réalité en elle-même ; ils ont pour fonction detransposer dans le langage scientifique les phénomènes observés ou expérimentés.

On peut admettre, depuis Kant,que ces phénomènes sont la version que le monde présente pour nous, en fonction de nos capacités d'observation(si techniques soient-elles), mais qu'ils ne correspondent pas à la réalité (à ce que Kant nommait les « noumènes »).Si la science prétendait établir une vérité absolue ou définitive, elle prétendrait du même coup atteindre la réaliténouménale.

Ce qui lui est impossible, et ce qui signifierait son achèvement, sa mort. [II.

Une histoire des erreurs] S'il y a bien une histoire des sciences, cela signifie évidemment que la vérité n'est jamais atteinte ou découverte dupremier coup.

Mais cela signifie aussi que les vérités élaborées par la science se modifient et secorrigent historiquement en fonction de nouvelles données expérimentales (ou de la construction de nouveauxsystèmes formels).La géométrie euclidienne, par exemple, a pendant des siècles été admise comme la seule possible.

Jusqu'àl'apparition des géométries non euclidiennes, qui provoqua bien des interrogations chez les mathématiciens et leslogiciens : fallait-il admettre que ces nouveaux systèmes étaient de simples curiosités logiques sans applications (ilsétaient en effet cohérents, mais ne paraissaient d'aucune utilité, à court terme, pour la physique ou les autresdisciplines mathématisées) ? Fallait-il au contraire les considérer comme « annulant» la validité d'Euclide, en quelquesorte « dépassé » ? On comprend qu'en fait – et c'est ce qu'avait indiqué Lobatchevski, en intitulant son système «géométrie généralisée » – les non-euclidiens élaborent un espace géométrique plus « vaste » ou plus « général »que le système euclidien.

En d'autres termes, ce dernier reste parfaitement valide dans un espace correspondant,en gros, à notre perception, mais au-delà ou en-deçà, on doit faire appel aux systèmes non euclidiens.

Ce quidisparaît ainsi, c'est la croyance qui affirmait l'unicité et l'universalité de la première géométrie, que l'on peut alorsqualifier de «locale ».

Et l'on doit admettre la pluralité des systèmes, c'est-à-dire des vérités et des axiomatiques. Dans les sciences de la nature, l'histoire est faite, d'une part, de corrections d'erreurs antérieures, mais de l'autre(et c'est sans doute l'aspect le plus intéressant) d'une évolution que Bachelard qualifie de « dialectique », dans lamesure notamment où chaque nouvelle théorie ne nie que partiellement celle qui la précède.

Ainsi, la relativitén'annule pas les lois de Newton : elles demeurent vraies, parce que vérifiées, à une certaine échelle ; ce qu'elleannule, c'est la croyance à leur unicité et à leur universalité.L'évolution des lois et des théories dépend de celle de nos moyens techniques d'observation, en même temps que decelle des systèmes mathématiques qui permettent l'élaboration des théories.

Le perfectionnement de la lunetteastronomique joue un rôle d'importance dans la mise au point de l'astronomie de Galilée, or il dépend lui-même d'unehistoire de la verrerie et de la précision dans le montage des pièces métalliques, elle-même dépendante de l'histoirede l'outillage.

S'il est vrai, comme l'affirme encore Bachelard, que tout instrument est une théorie matérialisée, il l'esttout autant que toute théorie est liée aux instruments qui peuvent l'aider à se développer : la façon dont lessciences sont à la recherche de la vérité est en rapport avec des histoires qui ne sont pas uniquement celles dessciences. [III.

Approximations et vérification] L'histoire des sciences est ainsi faite d'une succession de vérités de plus en plus précises et fondées, dont chacunevient corriger ce que la précédente avait d'approximatif ou de trop ambitieux.

La vérité, puisqu'elle n'est jamaisdonnée initialement, ne peut être que construite en fonction des moyens (techniques et intellectuels) dont disposechaque époque.

Il n'empêche que la science cherche toujours la vérité, même s'il lui arrive, en cours de route, d'entrouver plusieurs : elle est animée par la recherche d'une vérité « absolue », alors même que son histoire luienseigne que cette dernière risque bien de n'être jamais atteinte.

Mais le projet scientifique est ainsi fait qu'il luifaut admettre qu'au-delà des vérités établies, il doit en exister d'autres, et c'est ce qui justifie qu'il soit maintenu.On peut néanmoins se demander si, dans ce contexte, l'usage du terme « vérité » est complètement légitime.

Eneffet, ce terme est généralement compris comme évoquant l'absolu et le définitif, qualités que ne peuvent présenterles « vérités scientifiques » (les lois de Newton sont définitives, mais non absolues, celles d'Einstein ne le sont pasdavantage).

On comprend alors que Popper préfère considérer que le caractère principal d'une théorieauthentiquement scientifique réside, non pas dans sa vérité, mais dans ce qu'il nomme sa « falsifiabilité » ouréfutabilité : le fait qu'elle puisse être contredite par une expérience, dans le champ qu'elle concerne.

Falsifiable,toute théorie authentique est donc appelée à être éventuellement contredite (soit en totalité, soit dans saprétention à l'absolu) : la falsifiabilité ne garantit aucune vérité définitive, et l'on peut avoir avec Popper uneconception dynamique et critique de la science, dont la méthode apparaît faite d'hypothèses suivies de contrôles.Une théorie ne doit donc pas être reconnue comme « vraie » ; mieux vaut la considérer comme simplement «confirmée », tout en sachant de surcroît que cette confirmation risque d'être temporaire. Pour mieux le comprendre, prenons un exemple.

Au XVII° siècle, un maître puisatier de Florence constate qu'il estimpossible de faire monter l'eau du puits au moyen d'une pompe aspirante à une hauteur supérieure à 10,33 m au-dessus de la surface de l'eau.

Galilée, instruit par Torricelli de cette observation, pose l'hypothèse que cettehauteur d'eau est inversement proportionnelle à la densité de ce liquide qu'est l'eau.

Torricelli se propose de vérifier. »

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