Discours de Milan, 1er novembre 1936 : Mussolini s'adresse aux Chemises Noires

« d'amener l'Angleterre à ne pas réarmer et à trouver un accord avec l'Allemagne (qui veut modifier son statutterritorial en Europe) et l'Italie (dont les ambitions sont méditerranéennes).

En réalité, l'axe Rome-Berlin est encorechancelant, car Mussolini n'est pas résigné à abandonner l'Autriche (il le sera un an plus tard).

Peut-être vise-t-ilseulement en novembre 1936 à peser sur l'Angleterre et la France pour les amener à composer sur les questionsméditerranéennes? Le « tournant » de novembre 1936 Les Anglais d l'heure du choix.

Le texte dit : « cette verticale Berlin-Rome [...] est plutôt un axe autour duquelpeuvent évoluer tous les États européens »...

Et la dernière partie du texte proposé à Papeete est encore plusexplicite : « Je m'adresse, dit Mussolini, aussi aux Anglais qui peut-être en ce moment m'écoutent à la radio ».

Ainsile discours de Milan propose aux Anglais l'alternative suivante : ou bien ils acceptent la constitution d'un empireitalien (Libye, Ethiopie et sans doute d'autres territoires : Tunisie? Albanie? Grèce?) ou bien ce sera la guerre avecles Anglais (« Plus tôt ils le comprendront, mieux cela vaudra »).

Il ne faut pas oublier que les succès de Franco enEspagne placent alors Mussolini en position de force sur le théâtre méditerranéen (les Italiens ont débarqué auxBaléares).Le refus britannique rejette l'Italie vers l'Allemagne.

Au sujet de l'Autriche, Mussolini évolue lentement : en novembre1937, il se déclare « las de monter la garde devant l'indépendance autrichienne », mais il déclare à Goering qu'il « neveut pas de surprise ».

Cependant l'Italie adhère au pacte anti-Komintern (novembre 1937), signé un an plus tôtentre l'Allemagne et le Japon.

Peu à peu, l'Italie germanise sa politique extérieure : acceptation de l'Anschluss (mars1938); signature du Pacte d'Acier (mars 1939) alliance militaire qui lie en fait Mussolini à Hitler, puisqu'il devra entrerautomatiquement en guerre, si l'Allemagne est impliquée dans un conflit. L'idéologie fasciste à travers ce texte On y retrouve trois thèmes de la propagande fasciste.

Nationalisme et culte de la force.

Le fascisme rejette lasécurité collective qui ne peut que condamner les entreprises de conquête et défendre le statu quo territorial.

Ildénie à d'autres de décider de la sécurité de l'Italie (« un peuple viril réalise dans ses frontières sa propre sécurité»).Portée civilisatrice de l'impérialisme colonial.

En Ethiopie « à 4 000 km de la mère-patrie » les troupes italiennes fontœuvre de civilisation (en détruisant sans doute les villages avec leurs avions et leurs chars), comme jadis les légionsromaines ont civilisé à la pointe du glaive le pourtour de la Méditerranée.Croisade antibolchevique (« nous sommes nés sous ce signe ») En 92o, les grèves ouvrières et les occupationsd'usines ont pu faire croire que la révolution était imminente, comme en 1917 à Petrograd.

Les troupes de chocfascistes ont brisé les grèves et Mussolini est apparu comme un rempart, un contre-feu antibolchevique.

C'est cequi lui a valu l'appui de la bourgeoisie et sa nomination comme 1er ministre. Conclusion — Revenir sur la portée historique du discours de Milan : 1936 est bien « l'année décisive en Europe ».

Les alliancess'ébauchent, l'avant-guerre commence.— Ouvrir une perspective : les démocraties pouvaient-elles jouer la carte Mussolini et détruire ainsi l'axe Rome-Berlin? N'était-il pas trop tard? La logique politique ne poussait-elle pas les dictatures à s'entendre?. »