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Dissertation Français : Peut-on tout montrer ?

Publié le 18/09/2010

Extrait du document

 

 

 Présentes à chaque coin de rue, dans les journaux, dans notre vie de tous les jours, dans le Monde entier. Elles abordent des sujets divers allant de la nudité aux guerres en passant par les catastrophes naturelles, elles sont polysémiques, nous désarment et créent émotions.

Elles provoquent des réactions divergentes en créant sensations et chocs. Elles dérangent, interpellent, informent,…

Les journalistes travaillent dur pour dénicher la perle rare, celle qui est le plus en adéquation avec la réalité des faits.

Je ne vais pas vous parler des mots mais de l’image.

 

 En effet, l’image est omniprésente dans notre société et est centrale dans la communication entre les hommes. Or le pouvoir de représentation de la photo est sujet à de nombreuses controverses : Peut-on tout montrer ? Quelles sont les limites ?

 

 Il est important de se poser la question à l’heure où une catastrophe naturelle à déjà eut lieu ces derniers jours à Haïti.

 

 Tout d’abord, chacun a droit au respect de son image et de sa vie privée.

Le fait de montrer des victimes d’épurations ethniques ou de catastrophes naturelles ne plait pas à tout le monde.

Citons l’exemple du séisme à Haïti qui a fait ces derniers jours cent mille morts. Nous avons alors tous été choqués, interpellés, révoltés face aux images diffusées par de nombreuses chaînes télévisées et de grands journaux. Des gros plans d’images de corps en décomposition sous les décombres. Certaines personnes ne voient pas l’intérêt de diffuser de telles photographies, trop choquantes : ‘L’apparence de ses victimes n’est pas conforme à la dignité humaine’.

 

 Ensuite il est également intéressant de se poser la question du rôle de la publicité dans notre société. Agirait-elle comme une propagande pour son propre intérêt ? La publicité et certains médias utilisent l’image pour faire passer un message.

L’image n’est alors plus objective mais reconstruite, retouché et transformé en fonction de certains codes, dans le but de nous inciter à la surconsommation.

En effet il est difficile de savoir lorsque une image est truquée ou non. Il est donc essentiel de déterminer le degré acceptable de manipulation ou de mensonge.

Certaines images de publicité devraient être contrôlées.

Une politique de développement de l’éducation devrait être installée au sein des écoles afin de protéger les jeunes.

Citons l’exemple de Benneton qui utilise Toscani comme instrument publicitaire dans son propre intérêt : devenir la marque la plus célèbre en publiant ses photos. Reconnu mondialement pour briser les tabous par le choc de l’image, Toscani suscite des débats passionnés, ce qui fait l’affaire de Benneton.

Cette approche du problème resterait incomplète si nous négligions d’examiner un autre de ses aspects essentiels.

 

 Par ailleurs, chaque personne a droit à son image et à sa vie privée mais «Comment rendre compte d’un évènement ou exprimer une humanité s’il faut simultanément obtenir de tous les individus représentés une autorisation sur l’utilisation de leur image ?« nous témoigne Christian Pirker.

Le devoir et le droit d’un journal n’est-il pas d’informer le monde sur ce qu’il se passe aujourd’hui, quotidiennement ?

Dans notre monde actuel dominé par l’image, il est évident que le journaliste va préférer utiliser des images porteuses de sens, plus attractives, plutôt que des mots, pour capter l’attention.

L’image stimule l’appel à la réalité, elle possède une certaine objectivité propre à elle-même. C’est la meilleur façon de représenter un fait arrivé dans l’histoire.

Cependant, il ne faut pas tomber dans le voyeurisme. Le journaliste doit avoir une certaine déontologie c’est-à-dire respecter les règles qui régissent son travail.

Une image brutale n’a pas pour but de déshumaniser la personne mais de témoigner de la situation à laquelle elle est confrontée. Le but est de faire réagir et de déclencher notre solidarité internationale, de faire quelque chose pour l’humanité dans les limites du possible.

Sans images la mobilisation pour venir en aide aux victimes à Haïti aurait sans doute été moins importante. Auriez vous fait un geste pour Médecins Sans Frontières ou pour une autre organisation sans elles ?

L’image nous rapproche, tous ensemble et nous pousse à comprendre l’ampleur de la situation. C’est le lien avec l’humanité. Ne pas les montrer reviendrait à participer à l’oubli de ces victimes, alors mortes pour rien.

Les personnes qui en refusent la diffusion se réfugient dans l’ignorance, c’est sans doute plus facile mais lâche et égoïste.

 

 Enfin, le domaine artistique suscite également de nombreuses controverses.

Considérons par exemple le cas de l’exposition de Xavier Canonne abordant le sujet de la nudité chez la femme. Peut-on diffuser l’image de femmes nues sous prétexte qu’elles sont le processus d’une recherche artistique ?

Beaucoup de personnes voient ces œuvres comme du voyeurisme, de la pornographie.

On diffuse des images de guerres, de crimes contre l’humanité, de catastrophes,…alors pourquoi ne pas montrer la beauté féminine sous tous ses angles ?

Chaque photographie nous livre un sens que nous interprétons en fonction de la pensée dominante de notre époque. Il ne faut pas interdire ces images mais être conscient de l’impact qu’elles peuvent avoir. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas les placer n’importe où. Dans d’autres cultures, d’autres régions, cela n’est pas tolérable ni toléré. Les lois et les sensibilités varient constamment selon les cultures, les pays et les époques. Les photographes jouent avec cela et testent les limites de la représentation et nous interrogent sur notre manière d’aborder, de concevoir le monde.

Remarquons également que dans les pays qui n’acceptent ni ne diffusent des images de femmes nues comme certains pays orientaux, la liberté d’expression n’est pas autorisée et le régime en place contrôle la diffusion des images. Alors l’image importante ou non dans un pays ?

Nous fait-elle avancer vers un monde plus libre ?

 

 Finalement, le fait de montrer le Monde dans lequel nous vivons nous fera davantage réfléchir sur celui-ci. Les controverses aux sujet de l’image nous apprennent sur le passé, elles peuvent également nous éclairer sur notre présent et notre manière de considérer aujourd’hui des photographies, contestées à une époque.

Nous ne referons plus les mêmes erreurs en voyant les conséquences et éviterons qu’une catastrophe ne s’ajoute à une autre.

Il faut cependant éviter l’overdose et la banalisation d’images sensationnalistes, trouver le juste milieu entre l’information et le racolage.

Il y aura alors peut-être un changement de mentalité chez ces professionnels, journalistes et publicitaires.

Une remise en question de la publicité s’avère nécessaire, la remettre à sa juste place dans notre société de consommation me paraît urgent.

 

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