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Distinguer deux notions : observation et expérience ?

Publié le 13/02/2004

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elle reconstruit le réel après avoir reconstruit ses schémas. » Bachelard, Le Nouvel Esprit scientifique, 1934.Observer n'est pas voir. L'observateur en effet ne se borne pas à contempler passivement la nature, les sens en alerte, prêt à saisir le fait qui pourra faire l'objet d'une nouvelle théorie. L'observation scientifique exige au contraire la participation de l'esprit, qui ne s'instruit qu'auprès des objets qu'il a préalablement construits. « Il y a des thermomètres à ce point sensibles qu'il faut lire le degré, au dixième près, dès qu'on les découvre; car la seule haleine et même l'approche de notre corps les fait bondir d'un dixième ou deux. » Alain, Propos du 7 octobre « La raison ne voit que ce qu'elle produit elle-même d'après ses propres plans et [...] elle doit obliger la nature à répondre à ses questions et ne pas se laisser conduire pour ainsi dire en laisse par elle; car autrement, faites au hasard et sans aucun plan tracé d'avance, nos observations ne se rattacheraient point à une loi nécessaire, chose que la raison demande et dont elle a besoin. » Kant, Critique de la raison pure (Préface 2e éd.), 1787.

« Le progrès le plus fécond a été réalisé par la radioscopie (ou la radiographie) qui permet de saisir le phénomènevivant profond, mais encore implique des interprétations et ne donne que les aspects mécaniques de la vie. 3° Si on essaie de remédier à ces insuffisances par des moyens d'expérience, on tombe à de nouvelles difficultés.(Faire remarquer que des procédés qui ailleurs aboutiraient à une véritable expérimentation peuvent n'être ici qu'unepréparation à l'observation : par ex.

établir une fistule gastrique qui permettra d'observer les phénomènes dedigestion, sans y intervenir).

A) La dissection donne des faits qui ne sont pas toujours applicables au vivant(exemple célèbre des artères, vides de sang après la mort).

B) Les vivisections peuvent provoquer des réactions quichangent le caractère du l'ait (ou peuvent donner au fait une importance trompeuse : par ex.

la section du nerffacial est mortelle chez certains animaux).

C) Si l'on emploie des réactifs pour mettre en relief tels détails (par ex.en histologie, emploi de colorants), il se peut que le réactif établisse une descrimination entre deux éléments d'égaleimportance.

(On a dit que l'histoire des théories de la cellule se confond avec celle de l'emploi des colorants enhistologie).Et à toutes ces difficultés, il faut ajouter que l'observation, si bien armée soit-elle, s'arrête nécessairement à ladonnée complexe, et ne peut aborder les problèmes de structure ou d'évolution (ex.

: constitution du protoplasma;passage entre deux formes successives).

Cette analyse sera-t-elle donnée par les expériences ? III.

L'analyse totale du phénomène devrait le ramener à des éléments simples, directement saisissables et maniablescomme le phénomène physique.

Donc : A) le type parfait ou ultime serait l'expérience « in vitro », qui peuteffectivement se réaliser (ex.

: déplacement de l'oxygène par t'oxyde de carbone dans l'hémoglobine; recherche despropriétés chimiques des substances organiques; parthénogenèse expérimentale); dans le même sens, expériencesimitatives, qui veulent obtenir des résultats analogues à ceux de la vie par des moyens de laboratoire (ex.

:digestions artificielles).

Mais on ne suit ainsi qu'un aspect du phénomène.

B) Le genre d'expériences le plus aisémentréalisable est celui des expériences « par destruction » (déterminer la fonction d'un organe par le trouble qu'enapporte la suppression) : ce qui ne tombe pas sous la difficulté précédente, mais ne permet pas de conclusionsdécisives, par suite des faits de solidarité organique.

C) Même conclusion s'il s'agit d'actions positives (par ex.greffes) : l'action est toujours dans un sens défini par la nature du sujet.

On retrouve dans tous les cas la mêmedifficulté essentielle.

L'effort d'analyse est masqué par les réactions d'ensemble de l'organisme.

D) A quoi il fautencore ajouter le fait des accoutumances (ou le fait inverse des anaphylaxies) : la même action, répétée, ne produitpas les mêmes réactions. IV.

Cette difficulté essentielle résultant de l'individualité entraîne encore cette conséquence que des expériencessur un type bien défini d'organes ou de phénomènes ne sont pas nécessairement valables si l'on passe d'une espèceà une autre, ou même d'un individu à un autre (ce qui est aliment pour l'un peut être poison pour un autre) : d'oùnécessité d'expériences répétées à travers la série animale, et scrupules d'application à l'homme. Conclusion. — Les difficultés de l'expérience en biologie n'inviteront pas à conclure à son inutilité; on peut pousser très loin l'analyse élémentaire des formes et des phénomènes, établir des séries et relations mécaniques ou physico-chimiques.

Mais on n'épuise pas le fait, à cause du caractère irréductible de la synthèse, sans compter que lorsqu'ils'agit des animaux supérieurs et surtout de l'homme, des scrupules nouveaux peuvent gêner le savant devantcertaines expériences, même lorsqu'elles paraîtraient décisives.Tout cela expliquera que dans les recherches délicates, on trouve moins le « modèle parfait » dont parlait Cl.Bernard : analyse et mise en ordre linéaire des faits, que l'exposé de convergences vers une même conclusion. « L'observation scientifique est toujours une observation polémique; elle confirme ou infirme une thèse antérieure,un schéma préalable, un plan d'observation; [...] elle reconstruit le réel après avoir reconstruit ses schémas.

»Bachelard, Le Nouvel Esprit scientifique, 1934.Observer n'est pas voir.

L'observateur en effet ne se borne pas à contempler passivement la nature, les sens enalerte, prêt à saisir le fait qui pourra faire l'objet d'une nouvelle théorie.

L'observation scientifique exige au contrairela participation de l'esprit, qui ne s'instruit qu'auprès des objets qu'il a préalablement construits. « Il y a des thermomètres à ce point sensibles qu'il faut lire le degré, au dixième près, dès qu'on les découvre; carla seule haleine et même l'approche de notre corps les fait bondir d'un dixième ou deux.

» Alain, Propos du 7 octobre « La raison ne voit que ce qu'elle produit elle-même d'après ses propres plans et [...] elle doit obliger la nature à. »

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